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George Santos: la Chambre vire «le plus grand mythomane des USA»

WASHINGTON, DC - NOVEMBER 28: MoveOn debuts a 15-foot-tall inflatable of Rep. George Santos (R-NY) ahead of a possible vote to expel Santos from Congress on Capitol Hill on November 28, 2023 in Washin ...
George Santos (ici figuré en ballon géant et gonflable par des citoyens en colère, devant le Capitole) a été définitivement exclu de la Chambre des représentants, vendredi.Getty Images North America

«Le plus grand mythomane des Etats-Unis» s'est fait virer

Il est accusé de fraude électronique, blanchiment, fausses déclarations ou encore usurpation d'identité. Avant même un coup de marteau de la justice, la Chambre des représentants a voté, vendredi, l'expulsion de l'élu républicain le plus étrange de l'Histoire récente. Sage décision ou «grave précédent»?
01.12.2023, 17:0701.12.2023, 18:18
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Le feuilleton fut si dense et à ce point gavé de rebondissements qu'on oublie parfois que George Santos ne siège que depuis le mois d'octobre 2022. Vendredi, du moins sous la cloche du Capitole, l'histoire touche à sa fin: à la majorité des deux-tiers, le représentant républicain a été expulsé de la Chambre américaine. Un vote historique (encore un).

C'est surtout l'épilogue (du moins politique) d'une longue liste de scandales qui ont diverti les foules, à défaut d'honorer la fonction. Accusé de tout un tas de choses, il a nourri les pages des journaux américains avec les versions fantasmées qu'il offrait de sa propre existence.

WASHINGTON, DC - OCTOBER 24: U.S. Rep. George Santos (R-NY) leaves a House Republican conference meeting in the Longworth House Office Building on Capitol Hill on October 24, 2023 in Washington, DC. M ...
Getty Images North America

Le premier conservateur ouvertement gay à s'asseoir à un pupitre de la Chambre a bidonné une bonne partie de son CV. Au point que les journalistes se sont demandé, les uns après les autres, qui les citoyens avait véritablement élu. Inconnu il y a encore une petite année, George Santos s'est très vite présenté comme le fils d'une survivante du 11-Septembre et petit-fils d'immigrés juifs brésiliens rescapés des camps de la mort.

Mais aussi un passionné de volley, un gendre idéal, un investisseur immobilier qui, «après les bancs d'Horace Mann, école d'élite new-yorkaise, aurait squatté ceux de l'université de New York». Comme on vous le narrait il y a quelques mois: tout est faux.

Ces dernières semaines, quand ce n'était pas pour tenter d'élire un speaker ou éviter le shutdown du pays, la Chambre des représentants se déchirait gaiement sur le cas Santos et son avenir politique. S'il a très vite annoncé qu'il ne se représenterait pas aux prochaines élections, le principal intéressé a toujours refusé de démissionner, bien décidé à rester la star du Congrès jusqu'au bout.

Jeudi, à l'ouverture des débats sur sa possible expulsion de l'hémicycle, le mélange des genres fut presque «indécent», rappelle notamment le New York Times. Entre les 23 chefs d'accusation officiels qui pèsent sur George Santos, des voix se sont levées pour juger, une nouvelle fois, son goût pour le travestissement ou sa propension à céder à la chirurgie esthétique.

Si le serial menteur a déjà échappé deux fois à l'expulsion, notamment protégé par deux speakers successifs (Kevin McCarthy et Mike Johnson), cette fois, certains de ses soutiens ont changé de camp au moment du vote. Jeudi, pourtant, bon nombre de républicains pointaient encore un «grave précédent», si la Chambre venait à se substituer à la justice et au peuple. Parmi eux, Clay Higgins, un élu de Louisiane, se demandait si «le peuple américain doit croire désormais que les opinions des membres du Congrès sont plus importantes que les votes des électeurs».

«Ce qui se passe ici, c'est comme si un village se réunissait pour célébrer le bûcher d'une sorcière présumée»
Clay Higgins, un élu républicain de Louisiane.

OnlyFans, botox, Hermès...

Il faut dire que le rapport du comité d’éthique de la Chambre est vertigineux. En vrac, George Santos aurait menti à ses donateurs, puis utilisé leurs dons pour se payer des babioles chez Hermès, payer son botox et s'abonner à des comptes cochons sur OnlyFans. Il se remboursait des prêts qu'il n'avait pas contractés, n'a jamais travaillé à Wall Street, ni fondé une association caritative pour les animaux ou encore produit une pièce à Broadway et sa nièce n'a jamais été kidnappée. L'élu new-yorkais aurait en revanche arnaqué un éleveur de chiens Amish avec un chèque sans provision.

Dans l'Histoire américaine, seuls cinq représentants et quinze sénateurs ont été démis de leur fonction. Santos est le seul à se voir éjecter sans avoir été officiellement reconnu coupable d'un crime. Manifestement assoiffé de chaos, il menace depuis quelques jours de «déposer une série de plaintes dans les heures à venir, aujourd'hui et demain», parce que les élus «avec un casier judiciaire sont nombreux ici», a-t-il clamé, sans pour autant les nommer.

Aujourd'hui privé de son premier (et dernier?) mandat politique, George Santos, 35 ans, pourra peut-être décapsuler les différentes reconversions qu'il évoquait, pas plus tard qu'hier, à une grappe de journalistes tout ouïe. Dans le pipe? Ecrire un bouquin ou «figurer un jour dans une émission de télévision comme Danse avec les stars».

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