Annoncé brusquement quelques jours plus tôt, ce déplacement du chef de la diplomatie, Antony Blinken, est intervenu au moment où les élus républicains au Congrès exigent un accord sur l'immigration avec le gouvernement du président Joe Biden, en échange de leur soutien à une nouvelle enveloppe d'aide pour l'Ukraine.
Accompagné du secrétaire à la sécurité nationale, Alejandro Mayorkas, et de la conseillère pour la sécurité nationale à la Maison-Blanche, Liz Sherwood Randall, Antony Blinken s'est entretenu pendant deux heures avec le président mexicain Andrés Manuel López Obrador.
«Nous sommes parvenus à d'importants accords au bénéfice de nos peuples et de nos nations. Aujourd'hui plus que jamais, la politique de bon voisinage est nécessaire», a ensuite écrit López Obrador sur le réseau social X, sans plus de détails. Tout juste a-t-il indiqué que les discussions avaient eu trait à «des questions de coopération économique, de sécurité et de migrations».
Le pedimos al presidente Biden reunirnos con los secretarios Antony Blinken, Alejandro Mayorkas y la asesora presidencial de Seguridad Nacional, Elizabeth Sherwood-Randall, para tratar de manera directa asuntos de cooperación económica, seguridad y migración. Se lograron… pic.twitter.com/QhiaDlAQGT
— Andrés Manuel (@lopezobrador_) December 28, 2023
Selon un responsable du gouvernement américain, les dirigeants mexicains ont décrit à la délégation américaine les nouvelles mesures prises par leur pays, notamment la répression des passeurs qui envoient les migrants vers la frontière des Etats-Unis en train ou en autobus.
«Nous avons été vraiment impressionnés par certaines des nouvelles actions qu'entreprend le Mexique et nous avons vu ces derniers jours une réduction assez significative des passages de la frontière», a déclaré ce responsable dans l'avion d'Antony Blinken, pendant le voyage de retour vers Washington. Les Mexicains «étaient préparés à partager un plan avec nous», a ajouté ce responsable sous le couvert de l'anonymat.
Toutefois, les Etats-Unis «ne tirent jamais de conclusions basées sur des fluctuations au jour le jour» du nombre de migrants, a poursuivi le responsable américain, précisant que les contacts se poursuivront étroitement en 2024, année où le président américain Joe Biden joue sa réélection et où des élections fédérales sont également prévues au Mexique.
Ces dernières semaines, quelque 10 000 personnes par jour ont tenté de traverser illégalement la frontière sud des Etats-Unis, soit près du double des chiffres enregistrés avant la pandémie de Covid-19, débordant les autorités américaines. Et une caravane de milliers de migrants a quitté le sud du Mexique dimanche pour tenter de rejoindre les Etats-Unis.
La plus grande partie des migrants fuient des pays d'Amérique centrale ravagés par la pauvreté, la violence et les catastrophes naturelles ou la crise politique, économique et sociale au Venezuela.
López Obrador, qui s'est entretenu au téléphone avec Joe Biden le 21 décembre, s'est engagé à renforcer les mesures de contention des migrants dans le sud du pays, à la frontière avec le Guatemala. «Nous allons continuer à le faire et nous voulons nous mettre d'accord, parce que, étant donné qu'il y a aussi des élections aux Etats-Unis, le sujet va animer les esprits», a-t-il déclaré avant sa rencontre avec Antony Blinken.
L'ancien président Donald Trump, qui se prépare à affronter Joe Biden dans les urnes, a récemment redoublé ses attaques contre les migrants, les accusant d'«empoisonner le sang» des Etats-Unis.
Dans ce contexte politique tendu, les démocrates tentent de trouver un accord sur l'immigration avec les républicains au Congrès afin de faire approuver en parallèle des dépenses de 61 milliards de dollars pour aider Kiev dans sa guerre avec Moscou.
Dans les négociations, l'administration Biden a notamment proposé de financer 1300 postes de plus au sein de la police aux frontières.
Mais «l'un des défis, c'est que tout le monde veut une solution tout de suite à un problème mondial qui existe depuis longtemps», estime Andrew Rudman, chercheur spécialiste du Mexique au cercle de réflexion Wilson Center de Washington. Or, «il n'y a pas de baguette magique».
(mbr/ats)