International
Etats-Unis

Trump vs. Biden: qui a commis les crimes les plus «graves»?

Trump vs. Biden: qui a commis les crimes les plus «graves»?
Joe Biden peut-il se retrouver éjecté de la Maison-Blanche avant les élections de novembre 2024?images: getty, montage: watson

Trump vs. Biden: qui a commis les crimes les plus «graves»?

La question paraît absurde, mais c'est ce que les républicains lancent sur la table en menaçant Biden d'un impeachment. Cette nuit, la Chambre des représentants a validé une enquête sur le président américain. Une manigance politique qui, si elle a tout pour faire un flop, dépose définitivement l'élection présidentielle entre les mains de la justice.
14.12.2023, 11:5214.12.2023, 12:40
Plus de «International»

L'enquête avait été décapsulée en début d'année, mais sans la validation quasi philosophique de la Chambre basse. Un premier rapport de 78 pages, dévoilé la semaine dernière, avait d'ailleurs permis de révéler... rien du tout. Ce qui n'a pas empêché les républicains de soumettre l'affaire au vote, cette nuit, histoire de continuer à avancer à tâtons, mais, cette fois, de manière officielle.

Joe Biden peut-il se retrouver éjecté de la Maison-Blanche avant les élections de novembre 2024? Disons que, dans l'histoire de la Constitution américaine, aucun président n'a encore été destitué. Pas même Trump, pourtant épinglé deux fois durant son mandat. Les chances sont infimes, mais le problème est ailleurs.

Pour les démocrates du Congrès, cette enquête est une «partie de pêche absurde et un coup politique». Pour les conservateurs, le OK de la Chambre (enfin... des républicains majoritaires) permettra au contraire de leur offrir les pleins pouvoirs, afin de fouiller dans tous les placards de la famille Biden. Comprenez: chicaner un maximum l'adversaire de Donald Trump, alors que la campagne présidentielle s'apprête à taper dans le gras.

Le fils, Hunter, dont on rappelle que les (véritables) galères judiciaires n'ont pas fini de lui irriter la nuque, a pris la parole quelques heures plus tôt pour jurer et cracher que son «père n'a jamais été impliqué financièrement dans ses affaires». En vain. Les républicains de la Chambre en sont persuadés, le démocrate de 81 ans a commis «des crimes graves». Lesquels? Allez savoir. Une chasse au délit qui fait rire jusqu'au plateau du late show de Jimmy Kimmel: «Ils ont réussi à obtenir les voix dont ils avaient besoin, même si personne ne semble savoir exactement pourquoi ils le destitueraient».

«Franchement, vous ne pouvez pas accuser quelqu'un de s'être endormi pendant La Roue de la Fortune!»
Jimmy Kimmel

L'humoriste n'a pas tout tort, car les ténors et les extrémistes du Grand Old Party ont hésité de longs mois avant de finalement catapulter un vote dans l'hémicycle, flairant l'humiliation en cas de chou blanc. Qu'est-ce qui a bien pu changer? L'environnement et les pressions politiques. Si la plupart des députés républicains n'ont aucune envie d'aller jusqu'à la destitution de Joe Biden, ils ont doucement considéré qu'une enquête pouvait forcer le président à jouer cartes sur table. D'autant que leur poulain est ausculté chaque semaine par la justice. Alors que les accusations sont graves (pots-de-vin, corruption, abus de pouvoir...), l'échec de cette enquête risque bien de se retourner contre ses géniteurs.

Joe Biden (une fois n'est pas coutume) a décidé de répondre à cette déclaration de guerre: «Au lieu de faire quoi que ce soit pour améliorer la vie des Américains, ils se concentrent sur des attaques avec des mensonges». Pour le président, il s'agit évidemment de mettre le doigt sur ce qu'il considère comme une «obsession» et «une opération politique sans fondement qui, même les républicains du Congrès, admettent qu’elle n’est pas étayée par les faits».

«Nous sommes ici pour une seule et unique raison: Donald Trump a exigé que les Républicains mettent en accusation, alors ils vont procéder à une destitution»
Jim McGovern, démocrate du Massachusetts

Les instigateurs de cette chasse aux crimes présumés, eux, se planquent derrière un élan démocratique qu'ils n'ont pourtant aucun remords à piétiner lorsque ça les arrange. A l'image de l'ultraconservateur James R. Comer, qui clamait, cette nuit, que «nous avons le devoir d’assurer la responsabilité et la transparence que les Américains exigent et méritent».

Soit.

Désormais armés d'un pouvoir constitutionnel, les républicains de la Chambre comptent bien tout faire pour éjecter le président démocrate du Bureau ovale avant le mois de novembre 2024. Hélas, avec cette enquête fraîchement validée, ils catapultent d'abord la campagne présidentielle entre les mains de la justice.

Avec un Donald Trump embourbé dans ses procès et un Joe Biden menacé par une destitution, la politique a définitivement quitté le devant de la scène. Et les Américains se retrouvent contraints d'assister à un combat qui n'a plus grand-chose à voir avec leurs préoccupations. Sans oublier que, jusqu’à preuve du contraire, c’est bien le milliardaire républicain, toujours largement en tête de la primaire, qui risque de passer la fin de sa vie derrière les barreaux.

A quand un octogone déployé dans une salle d'audience?

Cet imitateur est venu troller Donald Trump
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
«La stratégie israélienne va poser un problème à Trump»
Gaza, Cisjordanie: spécialiste du Moyen-Orient, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), David Rigoulet-Roze décrypte les premiers gestes de Donald Trump à l'égard de son allié Israël.

Le nouveau chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a promis mercredi à Israël un «soutien inébranlable». Est-ce la confirmation du traditionnel soutien des Etats-Unis à Israël ou faut-il y voir un pas de plus?
David Rigoulet-Roze: Théoriquement, c’est susceptible d'aller encore plus loin, parce que le soutien ne s'est jamais démenti de la part de Joe Biden.

L’article