«Des heures sombres nous attendent.» C'est le constat que fait Elisa Wells, cofondatrice du site Plan C – destiné à aider les femmes aux Etats-Unis à accéder à la pilule abortive – dans la Tribune de Genève. Pour rappel: le 24 juin dernier, la très conservatrice Cour suprême a décidé de révoquer le droit à l'avortement, en vigueur depuis près d'un demi-siècle dans le pays.
En 2020, 54% des avortements étaient effectués par voie médicamenteuse, explique le quotidien genevois. Cette méthode consiste en l'ingestion de deux pilules dans les dix premières semaines de grossesse. Ces médicaments peuvent également être commandés sur internet et livrés à domicile. Désormais, avec les interdictions appliquées ou prévues, la demande devrait exploser.
Deux camps s'affrontent, comme le précise la Tribune de Genève. Ceux qui souhaitent interdire l'envoi par courrier de tels médicaments, comme l'Etat de Louisiane par exemple. Et les défenseurs des pilules, qui bénéficient des protections de l'Etat fédéral. Celui-ci autorise en effet depuis 20 ans l’utilisation du principal médicament abortif (Mifepristone) ainsi que sa livraison à domicile.
A l'heure actuelle, rien dans les lois d’interdictions actuelles prises par les Etats fédérés ne punit les femmes qui recourent à un avortement, chirurgical ou médicamenteux. Pour l’instant, seuls les praticiens – et dans certains cas d’autres personnes qui aident les candidates à une interruption volontaire de grossesse (IVG) – sont concernés par des sanctions financières et des peines de prison.
La réception du traitement à domicile n'est également pas sanctionnée. Toutefois, le regain d’intérêt autour de l’IVG médicamenteuse laisse planer le spectre de mesures de surveillance des patientes (contrôle du courrier, des recherches sur le web et des données cellulaires à des fins de géolocalisation). Expliqué par la Tribune de Genève, certaines associations recommandent aux patientes d'utiliser des modes de navigation privés ou d'aller chercher et d’ingérer les pilules en dehors de leur Etat si celui-ci interdit l’avortement. (ag)