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Peine de mort: ce détenu servira de cobaye

Kenneth Eugene Smith
Kenneth Eugene Smith a été condamné à mort pour meurtre.Image: Twitter

Ce détenu va servir de cobaye à une nouvelle méthode d'exécution

Kenneth Eugene Smith a été condamné à mort pour meurtre. Il a choisi sa méthode d'exécution, qui n'a encore jamais été testée et était originellement utilisée pour euthanasier les animaux domestiques.
25.09.2023, 05:5425.09.2023, 12:45
Raphael Bühlmann
Raphael Bühlmann
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L'histoire de Kenneth Eugene Smith est tout simplement incroyable. Ce détenu américain a d'abord été condamné à la prison à vie pour un meurtre et a finalement atterri dans le couloir de la mort. Après 30 ans derrière les barreaux, les fonctionnaires responsables ont toutefois bâclé une première exécution.

Kenneth Eugene Smith va désormais être exécuté avec une méthode qu'il a certes choisie, mais qui n'a encore jamais été testée. Il veut être asphyxié par l'hypoxie à l'azote.

Qui est Kenneth Eugene Smith?

Kenneth Eugene Smith est un meurtrier condamné. Il a commis un meurtre sur commande en 1988 avec l'aide d'un complice. Le commanditaire était Charles Sennett, pasteur de la Westside Church of Christ à Sheffield, Alabama. Il voulait se débarrasser de sa femme.

Le pasteur avait des dettes, une liaison extraconjugale et avait souscrit une assurance vie sur sa femme. Son plan était de faire d'une pierre deux coups: se débarrasser de ses dettes et de son épouse. Par le biais d'un intermédiaire, le pasteur a finalement engagé Kenneth Eugene Smith et un ami de ce dernier pour 1000 dollars chacun. Ils ont tendu une embuscade à la femme, l'ont brutalement assommée et l'ont tuée de dix coups de couteau.

Kenneth Eugene Smith a été jugé en 1989 et en 1996. Les deux fois, il a été reconnu coupable de meurtre. Le jury l'a condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle. Cependant, un juge a finalement annulé la décision du jury et l'a condamné à mort. Pour rappel, l'Alabama n'a interdit aux juges de passer outre le jury qu'en 2017.

Une nouvelle méthode d'exécution

Condamné en 1989, Kenneth Eugene Smith devait être exécuté le 17 novembre 2022, après plus de 30 ans passés derrière les barreaux. L'exécution devait être faite par injection létale, mais n'a finalement pas eu lieu.

Selon un témoignage du meurtrier, celui-ci est resté allongé sur un brancard pendant quatre heures, les agents tentant de lui injecter le poison par voie intraveineuse. Cela n'a pas fonctionné. Il a été piqué à plusieurs reprises avec des aiguilles. Ses avocats ont accusé les autorités d'avoir torturé Kenneth Eugene Smith pendant des heures lors de la tentative d'exécution et de l'avoir soumis aux graves souffrances psychologiques d'un simulacre d'exécution.

Kenneth Eugene Smith a porté plainte contre la méthode d'exécution et a demandé à être exécuté par hypoxie à l'azote. La Cour suprême a accepté cette demande en mai de cette année.

Depuis 2018, les condamnés à mort peuvent être exécutés par hypoxie à l'azote en Alabama. La personne condamnée respire de l'azote pur. En théorie, elle devrait perdre connaissance après quelques respirations et mourir au bout de quelques minutes par manque d'oxygène.

Cette méthode n'a pas encore été utilisée, ni en Alabama, ni au Mississippi, ni en Oklahoma, où elle est autorisée.

Ce que dit l'opposition

Exécuter des personnes par hypoxie à l'azote n'a pas encore été testé. Les partisans de la méthode affirment qu'elle est indolore. Les opposants s'y opposent fondamentalement, arguant que l'expérimentation d'une méthode jamais utilisée auparavant est une idée horrible.

Bernard Harcourt est professeur de droit à l'université de Columbia et a une grande expérience en tant qu'avocat de condamnés à mort en Alabama. Il critique vivement la méthode d'exécution prévue et affirme qu'il est impossible de dire si la mort par hypoxie à l'azote est indolore, a-t-il déclaré au New York Times.

De plus, les exécutions n'ont pas lieu dans des hôpitaux dotés d'un personnel médical professionnel, mais dans des prisons, souvent au milieu de la nuit. Le bourreau typique n'est pas un médecin, mais exerce simplement une activité secondaire. Les charges psychiques et émotionnelles, y compris pour les employés de prison, sont énormes.

Quels sont les risques?

Même si, en théorie, les personnes à exécuter perdaient rapidement connaissance et mourraient, dans la pratique, trop de choses pourraient mal tourner. Si le masque n'est pas correctement placé et que de l'oxygène y pénètre, la personne peut suffoquer et s'étouffer. Cela pourrait entraîner de graves lésions cérébrales et le condamné pourrait survivre.

Si l'air expiré n'est pas correctement évacué, la personne risque d'être asphyxiée par le dioxyde de carbone. Il y aurait également un risque pour les autres personnes présentes dans la pièce en raison de l'azote.

Autrefois, cette méthode de mise à mort était utilisée pour les animaux domestiques afin de les euthanasier. Mais aujourd'hui, elle n'est plus recommandée que pour les poulets et les dindes, et non pour les mammifères. Des données montreraient que ces derniers peuvent ressentir de la panique, de la douleur et de graves souffrances physiques.

En outre, les autorités de l'Alabama ne seraient pas suffisamment compétentes pour procéder à de telles exécutions en toute sécurité. Depuis 2018, des complications ont eu lieu lors de neuf exécutions aux États-Unis, dont quatre en Alabama. Depuis 1946, les condamnés auraient survécu à leur tentative d'exécution dans six cas, dont trois en Alabama, et tous après 2018.

Comment les choses pourraient-elles évoluer

Les avocats de Kenneth Eugene Smith pourraient invoquer le 8e amendement de la Constitution des États-Unis, qui stipule que les châtiments cruels et inhabituels sont interdits. Ils pourraient ainsi contester la méthode d'exécution demandée par le condamné.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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