Gavages forcés, simulations de noyade, sévices physiques et sexuels... Le récit de Majid Khan est à la limite du soutenable. C’est la première fois qu'un détenu raconte publiquement les sévices subis pendant sa détention par les services secrets américains.
C'est un récit inédit, qui n'avait jamais été rendu public. Il jette une lumière crue sur les méthodes utilisées dans les sites clandestins de la CIA, aussi appelés «black sites» (les sites noirs).
Quelles sont les circonstances de ce témoignage?
Jeudi 28 octobre, le détenu Majid Khan a lu le compte-rendu de 39 pages décrivant ses conditions de détention dans le réseau de prisons étrangères de la CIA, entre 2003 et 2006.
Comment? Lors d'une audience de détermination de peine, devant un jury militaire.
Où? Au tribunal de la base de Guantánamo, à Cuba.
Majid Khan, 41 ans, est un ancien diplômé du lycée de la banlieue de Baltimore.
Au début des années 2000, le Pakistanais est devenu messager d'Al-Qaïda. Il a admis avoir planifié un certain nombre d'autres crimes avec Khalid Shaikh Mohammed, le cerveau présumé des attentats du 11 septembre. Les complots auxquels il a participé n'auraient jamais été exécutés.
Il a été capturé en 2003. Khan a ensuite coopéré avec ses ravisseurs en leur donnant des informations, dans l'espoir d'être libéré.
Ames sensibles, s'abstenir. La description des moyens de torture pratiqués sur les sites noirs, rapportée par le New York Times, est choquante. Khan a notamment été:
Et cette longue liste des mauvais traitements infligés au prisonnier n'est pas exhaustive.
Le traitement de Majid Khan a été en partie décrit dans un rapport de la Commission sénatoriale du renseignement. Publié en 2014, ce texte accuse la CIA d'infliger des douleurs et des souffrances aux prisonniers d'Al-Qaïda bien au-delà des limites légales.
L'agence de renseignement a refusé, jeudi, de commenter les descriptions faites lors de l'audience. Elle a, toutefois, précisé que le programme de détention et d'interrogatoire de la CIA a pris fin en 2009.
Selon la radio américaine NPR, Khan est le premier des détenus d'importance pour les Etats-Unis à être reconnu coupable et condamné par les tribunaux militaires de Guantánamo.
Le prisonnier pourrait être condamné à une peine comprise entre 25 et 40 ans de prison, mais il devrait purger une peine bien inférieure, compte tenu de sa coopération étendue avec les autorités américaines.
Durant l'audience, Majid Khan a présenté ses excuses et a affirmé qu'il en assumait l'entière responsabilité. Il a également déclaré qu'il avait pardonné à ses ravisseurs et à ses tortionnaires: