Aux États-Unis, le National Registry of Exonerations, géré par l'Université de Californie, l'Université du Michigan et la Michigan State Univeristy, documente toutes les incarcérations prononcées par erreur depuis 1989. Dans cette base de données: 3332 personnes. Ensemble, elles totalisent 28 450 années de prison effectuées pour rien.
Incarcéré de 1973 à 2021
Le 5 juillet 1972, la police de Boston trouve le corps de Peter Armata, un directeur de banque de 34 ans, dans le placard d'un appartement. Lequel appartient à Robert Anderson. Celui-ci accuse Anthony Mazza, son colocataire âgé de 25 ans au moment des faits. Bien que Robert Anderson ait conduit la voiture volée de la victime pendant plusieurs jours après le meurtre et qu'il ait pris possession d'objets appartenant à Peter Armata, seul Anthony Mazza est finalement reconnu coupable de meurtre et de vol.
Entre 1977 et 1995, Anthony Mazza dépose quatre requêtes pour que l'enquête soit rouverte. Ce n'est qu'en 2009 qu'il obtient gain de cause, avec l'aide d'un avocat, après l'apparition d'un témoignage non publié du frère de Robert Anderson, qui disculpe Anthony Mazza. Il a fallu attendre encore 12 ans pour que ce dernier soit libéré de la prison d'État de Norfolk en 2021, à l'âge de 73 ans.
Incarcéré de 1972 à 2017
L'histoire de Richard Phillips est similaire à celle d'Anthony Mazza. En 1972, l'employé de Chrysler est accusé d'avoir tué un homme. Le véritable meurtrier, Fred Mitchell, se présente au tribunal en tant que témoin principal afin de détourner l'attention de lui-même. La supercherie fonctionne. Richard Phillips est condamné à la prison à vie pour meurtre.
La vérité n'est révélée que bien plus tard. Un complice de Fred Mitchell est emprisonné aux côtés de Richard Phillips, en 1972. En 2010, devant une commission de libération conditionnelle, l'homme dit la vérité pour la première fois. Il a fallu ensuite attendre quatre ans de plus pour que l'«Innocence Clinic» de l'Université du Michigan prenne connaissance de ce témoignage et force la réouverture du dossier. En décembre 2017, Richard Phillips est libéré de prison à l'âge de 73 ans. Il reçoit 1,56 million de dollars à titre de dédommagement.
Incarcéré de 1975 à 2020
En 1975, une grave erreur policière conduit à la condamnation d'Isaiah Andrews. Verdict: prison à vie pour le meurtre de sa femme malgré un manque total de preuves à charge contre lui.
Isaiah Andrews tente à plusieurs reprises de contester le jugement. Ce n'est qu'en 2017 qu'il obtient une vérification de son ADN avec l'aide de l'Ohio Innocence Project. Lorsque l'affaire est finalement rejugée en 2020, tout va très vite. En 90 minutes à peine, l'Afro-Américain est acquitté à l'âge de 83 ans. Après un long combat, il reçoit finalement un dédommagement d'environ 2,5 millions de dollars en 2022, pour son temps passé en prison. L'affaire reste en revanche non résolue.
Incarcéré de 1973 à 2017
En octobre 1971, à Baton Rouge (Louisiane), une infirmière est enlevée dans un parking, puis violée. Lors d'une confrontation trois mois plus tard, l'infirmière reconnaît Wilbert Jones, alors âgé de 19 ans, comme étant son agresseur. Bien que la victime ait déclaré à l'époque qu'elle se souvenait de son bourreau comme étant plus grand et avec une voix plus rauque, Jones est condamné à la prison à vie en 1973.
Lors du procès, le procureur ne mentionne pas que l'infirmière est victime d'un tueur en série qui a récidivé quatre semaines après l'arrestation de Jones. Ce n'est qu'en 2017, à l'âge de 65 ans, que Jones est libéré grâce à l'Innocence Project. Il n'a toujours pas reçu de dédommagement. En Louisiane, le maximum serait de 250 000 dollars.