International
Etats-Unis

En 1960, l'armée américaine testait des bombes atomiques dans l'espace

Les Etats-Unis ont lancé de nombreux tests atomiques dans les années 60.
L'iconique champignon après une explosion atomique. Image: Shutterstock

Quand l'armée américaine testait des bombes atomiques dans l'espace

Au début des années 1960, les Etats-Unis ont fait exploser des armes nucléaires dans la haute atmosphère terrestre, avec des effets dévastateurs.
05.01.2024, 20:5606.01.2024, 10:21
Niclas Staritz / t-online
Plus de «International»
Un article de
t-online

Le 9 juillet 1962, un phénomène semblable à une aurore boréale a illuminé le ciel au-dessus de Honolulu pendant sept minutes. Certaines caméras ont capturé ce spectacle inhabituel. Cependant, à l'époque, peu de gens savaient que la cause de ces lumières était une bombe atomique qui avait été déclenchée à 400 kilomètres au-dessus de la surface de la Terre. Et l'explosion a eu des conséquences bien plus graves qu'un simple jeu de lumières dans le ciel.

Sous le nom de code «Operation Fishbowl», l'armée américaine a testé des armes nucléaires dans l'atmosphère terrestre en 1962. «Operation Fishbowl» devait inclure trois tests principaux: «Bluegill», «Starfish» et «Urraca». Le test le plus célèbre et le plus grave de la série devait cependant être «Starfish Prime».

Echec du test «Starfish»

Le 20 juin 1962, le test initial «Starfish» a été réalisé. Comme pour tous les autres tests, la tête nucléaire devait être expédiée dans les couches atmosphériques proches de l'espace à l'aide d'une fusée Thor.

L'atoll de Johnston, un groupe d'îles dans le nord du Pacifique, a été choisi comme site de lancement. Il semblait suffisamment éloigné des zones habitées. Cependant, le test «Starfish» a échoué: la fusée Thor a explosé à une altitude de dix kilomètres. L'explosion a libéré du plutonium qui a contaminé l'île voisine de Sand Island.

L'essai «Baker» de l'opération Crossroads, le 25 juillet 1946.
L'essai «Baker» de l'opération Crossroads, le 25 juillet 1946.Image: Shutterstock

Une nouvelle tentative avec «Starfish Prime»

Les responsables de l'armée américaine ont donc décidé de répéter le test «Starfish» sous le nom de «Starfish Prime». Ils espéraient obtenir des informations sur les effets de l'impulsion électromagnétique (EMP) émise par une explosion nucléaire.

Lors d'un EMP, des champs électriques et magnétiques couplés génèrent une sorte de rayonnement. Celui-ci provoque, de manière similaire aux tempêtes solaires et aux aurores boréales, une vague de particules. Les EMP peuvent surcharger et détruire des circuits électriques. Les chercheurs espéraient obtenir des informations sur cet effet lors de la deuxième tentative. Et cette fois-ci, le test a réussi.

Avec une puissance explosive de 1 450 kilotonnes d'équivalent TNT, la bombe atomique a explosé à une altitude de 400 kilomètres. Pour comparaison, la bombe atomique qui a explosé sur Hiroshima en 1945 avait une puissance explosive d'environ 13 kilotonnes. Ainsi, «Starfish Prime» a utilisé une bombe relativement importante. Pour s'assurer que l'opération ne soit pas remarquée, la fusée a été lancée en direction du sud-ouest, au-dessus de l'océan Pacifique. Cependant, le plan a échoué.

Ionisation de la magnétosphère

L'explosion a provoqué une aurore boréale visible sur des milliers de kilomètres. Mais une autre conséquence s'est avérée beaucoup plus grave. L'EMP s'est révélé bien plus intense que prévu.

Les appareils censés mesurer le phénomène sont tombés en panne. A Hawaï, environ 300 lampadaires ont également cessé de fonctionner et plusieurs systèmes d'alarme anti-effraction. De plus, les communications entre les îles hawaïennes ont été temporairement interrompues. D'autres appareils électroniques sont devenus complètement inutilisables.

Les rayonnements X libérés lors de l'explosion ont également entraîné une ionisation de la magnétosphère terrestre, qui a pu être détectée pendant plusieurs années. Sept satellites sont devenus inutilisables après «Starfish Prime», dont le satellite de communication civile «Telstar».

Ainsi, le test a prouvé qu'une explosion de bombe atomique dans l'atmosphère peut mettre tout un pays hors de combat.

Les Etats-Unis abandonnent

Lors d'un autre test de l'armée américaine le 26 juillet 1962, une fusée a explosé sur la rampe de lancement et a contaminé l'atoll de Johnston avec du plutonium. Face à la pression publique croissante, l'armée américaine a annulé le dernier test prévu, «Urraca», au cours duquel une bombe atomique avec une puissance explosive de plus d'une mégatonne devait exploser dans l'atmosphère. Même les scientifiques ont commencé à exprimer des inquiétudes.

En raison des essais d'armes nucléaires menés par différents pays, une augmentation alarmante de la radioactivité dans l'atmosphère terrestre a été mesurée dès la fin des années 1950. Un accord a donc été conclu en 1963, le «Traité d'interdiction des essais nucléaires dans l'atmosphère, l'espace extra-atmosphérique et sous l'eau».

Seules la République populaire de Chine et la France, en tant que puissances nucléaires officielles, n'ont toujours pas adhéré à l'accord et ont continué à effectuer des tests en surface après 1963. Cependant, la radioactivité mesurée dans l'atmosphère terrestre diminue régulièrement depuis l'entrée en vigueur du traité.

Traduit de l'allemand par Tim Boekholt

Les gosses russes aiment les flingues (à blanc)
1 / 9
Les gosses russes aiment les flingues (à blanc)
Il y a l'enthousiaste...
source: ap / dmitri lovetsky
partager sur Facebookpartager sur X
Gaza après les bombes
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Voici ce que Kendji Girac a fait vivre à ses proches avant de tirer
Trois jours après la blessure par balle de la star française, Kendji Girac, le procureur a fait état des avancées de l'enquête pour «tentative d'homicide volontaire». Voici le récit de ce qu'il s'est passé cette sinistre nuit.

Jeudi après-midi, le procureur de la République de Mont-de-Marsan, Olivier Janson, est revenu en long et en large sur le tir qui a touché Kendji Girac le 22 avril dernier. Il a fait le récit d'une histoire complexe qui mêle secrets, addiction et mensonges.

L’article