Lorsque le sénateur texan Ted Cruz, 51 ans, veut chauffer le public dans la campagne électorale actuelle, il raconte des blagues sur le 46e président des Etats-Unis. Lors d'un meeting de campagne à Dale City (Virginie) organisé il y a quelques jours, Joe Biden, a déclaré que Cruz était tellement paumé qu'il serrait la main à des personnes imaginaires.
«Ce n'est pas normal», a réagi Cruz, au grand amusement de son auditoire. Après la victoire des républicains aux élections qui auront lieu dans deux semaines, a poursuivi le sénateur, son parti annoncera donc «Joe», nous sommes désormais en 2025 et il pourra retourner dans son Delaware natal. Cruz a ensuite tenté d'imiter Biden en se dandinant.
De telles moqueries ne sont pas nouvelles. Déjà lors de la campagne électorale de 2020, le président de l'époque Donald Trump s'était moqué de l'état de santé de Joe Biden. Plus de 81 millions d'Américaines et d'Américains ne se s'étaient pas souciés des remarques visant les capacités cognitives prétendument limitées du démocrate et ont voté pour lui.
Près de deux ans après l'entrée en fonction de Biden, les doutes sur le président ont augmenté, même parmi ses alliés. Cela est bien sûr lié aux performances de Biden et à sa capacité rhétorique à vendre les succès de son gouvernement. Un coup d'œil sur les sondages d'opinion montre qu'une nette majorité d'Américaines et d'Américains estime depuis longtemps que le président ne fait pas du bon travail.
D'autre part, Biden, qui fêtera son 80e anniversaire le 20 novembre, commet régulièrement des gaffes embarrassantes en public. Il perd le fil, semble ne pas savoir ce qu'il doit faire ou fait de surprenantes déclarations qui sont ensuite corrigées par ses conseillers.
Par exemple, fin septembre, lors d'un discours à la Maison Blanche, Biden a cherché la représentante républicaine Jackie Walorski. «Jackie, où es-tu?» a demandé Biden. Et: «Où est Jackie?»
"Jackie, where's Jackie?," Joe Biden says about Rep. Jackie Walorski who died in a car accident a few months ago. pic.twitter.com/khdiesmEsx
— Greg Price (@greg_price11) September 28, 2022
Le problème est que Walorski est morte. Elle est décédée un mois avant l'événement présidentiel suite à un accident de voiture dans son état d'origine, l'Indiana. La Maison Blanche avait alors envoyé un communiqué dans lequel Joe et Jill Biden en personne avaient présenté leurs condoléances aux proches de la députée. Walorski n'était pas une députée anonyme, mais une personne avec laquelle la Maison Blanche collaborait, par exemple dans la lutte contre la faim en Amérique.
La porte-parole de la Maison Blanche a affirmé, après le raté de Biden, que le président avait pensé à Walorski pendant ses déclarations et qu'il voulait honorer la mémoire de la députée. Mais pour le grand public, cela sonnait différemment.
Il est frappant de constater que ces incidents ne font pas seulement la Une des médias de droite. Des publications respectées comme le New York Times ou le Washington Post accordent depuis peu plus d'attention aux bavures présidentielles. Ces deux journaux ont récemment publié de longs articles sur Biden, le fabulateur. Mais contrairement à son prédécesseur républicain, le démocrate n'y est pas décrit comme un menteur de sang-froid, mais comme un «conteur» qui veut plaire à son public.
Il s'agit en fin de compte d'un jeu de mots, car les histoires que Biden raconte à l'emporte-pièce ne correspondent souvent pas à la vérité. Mais plus importantes que les anecdotes sur Biden le militant des droits civiques ou Biden le visiteur de synagogue sont les déclarations contradictoires qu'il fait sur ses positions politiques. Elles créent la confusion dans le pays et à l'étranger.
Ces dernières semaines, il a ainsi réaffirmé à plusieurs reprises que l'Amérique soutiendrait militairement la République insulaire de Taïwan en cas de guerre. Et à chaque fois, la Maison Blanche a déclaré que Washington n'aspirait pas à un changement de politique vis-à-vis de la Chine et qu'elle continuait simplement à reconnaître le gouvernement de Pékin comme le seul représentant légitime de la Chine.
La Maison Blanche réagit de manière de plus en plus irritable à la couverture médiatique des frasques de Biden. Dans le meilleur des cas, les porte-parole du président font référence à un bilan de santé datant de novembre 2021, dans lequel le médecin personnel de Biden a déclaré qu'il était en bonne santé, à l'exception de quelques problèmes liés à l'âge lors de la marche. Ou alors, ils se taisent et qualifient de politiquement motivée la couverture médiatique des ratés de Biden.
Même ses membres de parti tiennent Biden à distance dans la campagne électorale actuelle. Contrairement à ses prédécesseurs ─ Donald Trump, un républicain, et Barack Obama, un démocrate ─ Biden n'est pas constamment en déplacement pour faire campagne avec des candidats de haut niveau de son parti.
Son chef de cabinet Ron Klain affirme que cela fait partie d'une stratégie mûrement réfléchie. Lors des élections de mi-mandat de 2010 (Obama) et de 2018 (Trump), les présidents de l'époque ont essuyé des défaites cuisantes, a récemment déclaré Ronald Klain à la chaîne d'information CNN. Et cela bien qu'Obama et Trump aient parcouru le pays de long en large et qu'ils aient fait campagne devant des milliers de personnes.
C'est pourquoi la Maison Blanche a décidé d'essayer «quelque chose de nouveau». Biden s'exprime devant un public restreint et place les succès partiels de son gouvernement au centre de ses discours.
Une chose est sûre: de nombreux Américains en ont déjà assez de Biden. Selon un récent sondage d'opinion, les trois quarts de la population estiment que le président ne devrait pas se présenter pour un second mandat en 2024. Même une majorité de démocrates estime que Biden a fait son devoir et pourrait prendre sa retraite en 2025.
Joe Biden seems to legit fall asleep during this interview. He just keeps getting worse: pic.twitter.com/4quPIC9fbJ
— Clay Travis (@ClayTravis) October 22, 2022
Lui-même a jusqu'à présent évité d'annoncer une nouvelle candidature. Il a récemment déclaré à la chaîne d'information MSNBC qu'il avait l'intention de se présenter une nouvelle fois. En disant cela, il a fait une pause si longue que même son interlocuteur, le journaliste Jonathan Capehart, n'était pas sûr que Biden soit encore attentif. «Monsieur le Président?», a demandé Capehart à son interlocuteur, un peu perplexe.
(traduction par sas)