Le gouvernement danois est connu pour sa ligne très dure en matière d'immigration. Le parlement vient d'approuver une nouvelle loi inédite: un demandeur d'asile pourra être envoyé dans un centre d'accueil en dehors de l'Union européenne, en attendant que son dossier soit traité.
Le gouvernement social-démocrate a adopté ce texte par 70 voix contre 24, fortement soutenu par la droite et par l'extrême-droite. Son application ne sera, toutefois, possible que lorsqu'un pays acceptera de recevoir un centre d'accueil des demandeurs d'asile. La décision a scandalisé une partie de la gauche ainsi que les organisations internationales.
Copenhague a affirmé discuter avec cinq à dix pays, tout en refusant de les nommer. Les pistes évoquées dans la presse danoise vont de l'Egypte à l'Ethiopie, mais c'est surtout avec le Rwanda que les discussions semblent les plus sérieuses. Pour le moment, aucun pays n'a accepté d'accueillir le projet.
Les frais de cette délocalisation seraient financés par le royaume nordique, mais l'ensemble de la procédure serait confié au pays hôte. S'il n'obtient pas le statut de réfugié, le migrant sera prié de quitter le pays tiers.
Le ministre danois des Migrations Mattias Tesfaye s'est rendu en avril au Rwanda, qui avait un temps envisagé d'accueillir des demandeurs d'asile pour le compte d'Israël. Un protocole d'accord a été signé, sur la coopération en matière d'asile et de migration, sans toutefois mentionner l'externalisation de la procédure d'asile.
Cinq ans après l'adoption d'une loi déjà controversée permettant la saisie des biens de valeur des migrants entrant au Danemark, les autorités poursuivent leur stratégie de dissuasion, mettant en avant le manque d'emploi, la hausse de la criminalité et les différences culturelles.
Le Danemark accueille dix fois moins de réfugiés que ses voisins allemands ou suédois. D'après l'institut statistique national, 11% de la population danoise (5.8 millions d'habitants) est d'origine étrangère, dont 58% venant d'un pays «non-occidental». (ats)