L'eurodéputée grecque Eva Kaili, auditionnée depuis vendredi dans une enquête de la justice belge sur des soupçons de corruption en lien avec le Qatar, s'est vue retirer samedi ses délégations et tâches de vice-présidente du Parlement européen.
Eva Kaili avait été interpellée vendredi par la police belge. La présidente du Parlement Roberta Metsola a annoncé sa destitution par la voix d'un porte-parole.
Eva Kaili voit ses «délégations suspendues» mais garde son titre de vice-présidente «qui ne peut lui être retiré qu'à l'issue d'un vote», a précisé à l'Agence France-presse (AFP) une porte-parole du Parlement. Eva Kaili a le titre de vice-président comme treize autres élus du Parlement européen. Roberta Metsola lui avait notamment délégué le rôle de la représenter dans la région Moyen-Orient.
Cinq personnes dont Eva Kaili ont été arrêtées vendredi à Bruxelles à l'issue d'au moins seize perquisitions dans une enquête sur des soupçons de versements d'argent «conséquents» par un pays du Golfe pour influencer les décisions des eurodéputés.
Dès vendredi soir, Eva Kaili avait été exclue du Parti socialiste grec (Pasok-Kinal), qui souhaiterait aussi la voir céder son siège au Parlement européen. Le groupe Socialistes et démocrates (S&D) de l'assemblée européenne a annoncé sa suspension «avec effet immédiat».
Eva Kaili s'était rendue début novembre au Qatar où elle avait salué en présence du ministre qatari du Travail les réformes de l'émirat dans ce secteur. «Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail», avait aussi affirmé la Grecque le 22 novembre à la tribune du Parlement européen.
Ces propos, qui avaient alors suscité des remous dans les rangs de la gauche, sont revenus à l'esprit de nombreux eurodéputés à l'annonce de l'arrestation d'Eva Kaili.
Des socialistes français ont dénoncé «un scandale gravissime», tandis que les écologistes Michèle Rivasi et David Cormand ont pointé du doigt «une complaisance coupable» de certains socio-démocrates (S&D) lors du débat sur le Qatar à la dernière session plénière.
La prochaine session, qui démarre lundi à Strasbourg, s'annonce agitée. L'eurodéputée française Manon Aubry (gauche radicale) a exigé un nouveau débat sur le même sujet, en fustigeant samedi «le lobbying agressif du Qatar». (sas/ats)