«Il avait une carrure sportive. Cette personne avait deux couteaux dans les mains et j'ai été effectivement poursuivi pendant quelques minutes», dira à la presse un professeur de philosophie qui a fait face à l'assaillant. Vendredi matin, un enseignant a été tué par arme blanche, dans le lycée Gambetta à Arras, dans le Pas-de-Calais.
Dans la foulée, l'homme blessera gravement deux autres employés de la fonction publique et aurait crié «Allahu Akbar» en faisant irruption dans l'établissement.
#Arras Martin Doussau, professeur de philo au lycée Gambetta, a été confronté à l’agresseur. Voici son témoignage : pic.twitter.com/2VcrW9tNtA
— Florian 🇪🇺 (@BrassartFlo) October 13, 2023
Sur les coups de 11 heures, les forces de l'ordre interpelleront un suspect, avant de le placer en garde à vue. Un homme plus jeune, portant le même nom que l'assaillant et qui était présent dans les environs du lycée, sera lui aussi arrêté devant un autre bâtiment. Des recherches sont en cours pour confirmer qu'ils sont bien de la même famille.
Très vite, diverses informations sont apparues à son sujet dans la presse française: «Fiché S pour radicalisation», surveillé de près par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et contrôlé par la police pas plus tard que jeudi, «sans aucune infraction à lui reprocher». Quelques minutes plus tard, on apprend qu'il se nomme Mohammed Mogouchkov, qu'il est âgé de 20 ans et d'origine tchétchène.
Bien que radicalisé, selon des sources officielles, ses dernières conversations téléphoniques ne laissaient aucunement présager un éventuel passage à l'acte. Le témoignage de différents enseignants du lycée Gambetta permettra, en début d'après-midi, d'apprendre que Mohammed Mogouchkov est un ancien élève.
Le suspect fréquentait assidûment un club de boxe d'Arras et venait de s'inscrire à l'université d'Artois, en langues étrangères appliquées, selon des informations du Point. Le magazine français révèle également, profil Facebook à l'appui, que Mohammed s'est marié en 2021. Arrivé en France à l'âge de cinq ans, avec un passeport de la Fédération de Russie en poche, l'individu «est issu d'une famille ingouche», une région appartenant à la république du Caucase.
Selon Le Parisien, la dernière demande d'examen de sa demande d'asile date du 5 mars 2021. Une demande qui sera rejetée quinze jours plus tard par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides. En revanche, toujours selon le média de la capitale, qui cite une source du renseignement intérieur:
Une protection que l'on obtient lorsque l'on entre sur le territoire français avant l'âge de 13 ans.
Cette famille russe, composée d’un couple et de cinq enfants, si l'on en croit plusieurs médias français, devait être expulsée en 2014. Le 18 février, aux aurores, ils seront réveillés, à leur domicile à Rennes, par des agents de la police des frontières. Un arrêt d'expulsion venait d'être notifié. Selon les journalistes Jérémie Pham-Lê et Jean-Michel Décugis du Parisien:
Mais les groupes locaux de défense des sans-papiers parviendront à stopper le processus, à la dernière minute.
En 2018, le père sera finalement expulsé, laissant la mère seule avec cinq enfants. Une source, citée notamment par Le Point, explique que c'est à ce moment-là que plusieurs d'entre eux entreront dans une période de replis et de radicalisation, en proie «à une fascination pour Daesh». L'un des frères, baptisé Mosvar, sera interpellé le 23 juillet 2019 «pour son implication dans un projet d’attentat contre l’Elysée». Selon les archives datant de 2019, les autorités parlaient de «quatre hommes de 17 à 39 ans mis en examen pour terrorisme». Ce n'est qu'en avril de cette année que l'aîné a été condamné à cinq ans de prison pour «association de malfaiteurs terroriste».
Lui aussi fut scolarisé, un temps, au lycée Gambetta. Avant cette violente attaque de vendredi matin, Mohammed Mogouchkov, malgré la surveillance physique et téléphonique, n'avait jamais inquiété les autorités au sujet d'un éventuel projet d'attentat.
(fv)