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Le restaurant Manko à Paris, recale les clients noirs

Un célèbre club parisien recale les clients noirs: le scandale en 5 points

Le Manko, un établissement parisien renommé, est accusé de recaler des personnes noires. La scène, filmée par une Canadienne le 16 juillet, a fait le tour de la toile. Dans la tourmente, l'établissement se défend de tout profilage racial, tandis que le vigile estime n'avoir fait que suivre les ordres.
26.07.2022, 16:4027.10.2022, 19:06
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L'avenue Montaigne, ses magasins de luxe, sa population huppée, ses grandes tables... La réputation du quartier niché dans le 8e arrondissement, à deux pas des Champs-Elysées, et qui fait le bonheur des fashionistas, n'est pas à refaire. Pourtant, depuis quelques jours, un restaurant renommé du coin est dans le collimateur des réseaux sociaux, et maintenant dans celui de la justice.

Le Manko est dans la tourmente depuis la publication de la vidéo TikTok.
Le Manko est dans la tourmente depuis la publication de la vidéo TikTok.

En effet, la diffusion d'une vidéo TikTok, dans laquelle des femmes noires se voient refuser l'entrée, fait enfler une polémique sur la toile. Vigile renvoyé, managers aux abois, on fait le point sur le MankoGate.

Comment a débuté la polémique ?

Une vidéo accusant de racisme le Manko, un restaurant parisien branché situé à l'avenue Montaigne, fait le buzz sur TikTok depuis une dizaine de jours.

La scène prend place le 16 juillet. Trois femmes de couleur se font refouler du très chic établissement parisien le Manko par la sécurité. Motif invoqué: une tenue non adaptée au standing du lieu. Dans la vidéo qui a trouvé un écho retentissant dans les médias français, on peut voir les trois malheureuses battre le pavé devant le club, alors qu'elles viennent de se faire recaler.

Le hic, comme on peut le voir sur les images, c'est que ces trois Canadiennes, spécialement venues de Montréal pour visiter la capitale, s'étaient mises sur leur 31 pour l'occasion, et étaient parées de robes, pantalons, chemises, talons, le tout saupoudré de paillettes. Pas vraiment la tenue du parfait campeur.

Les Canadiennes ont filmé la scène sur TikTok 👇

Vidéo: watson
Les demoiselles n'avaient pas opté pour des jeans, mais les portes du club sont restées fermées pour elles.
Les demoiselles n'avaient pas opté pour des jeans, mais les portes du club sont restées fermées pour elles. (capture d'écran)
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(capture d'écran)

Que s'est-il donc passé? Pour l'auteure de la vidéo, qui a filmé son trio accablé, il s'agit d'un cas clair de discrimination en fonction de l'origine. Dans sa vidéo, elle note que les personnes blanches ne sont pas questionnées sur leur tenue. «C'est ma première expérience de racisme, ça existe vraiment», déplore la Canadienne sur son compte TikTok. «On ne porte pas de jeans pourtant! J'ai une réservation, c'est une blague», peut-on encore percevoir dans le brouhaha.

Témoignages et enquête ouverte

Depuis, les témoignages ne cessent d'affluer. Bryan explique pour sa part avoir été recalé par les videurs sous prétexte qu'il portait un jogging. Pourtant muni d'un double Graal - un pantalon classique et une réservation en bonne et due forme - , il convoque un manager pour tenter d'éclaircir la situation. Mais il ne recevra qu'un vague haussement d'épaules en guise de réponse.

«Dehors, devant le restau, il y n'avait que des personnes de ma couleur de peau. Il y avait même des filles bien habillées en tenues de soirée», souffle, abasourdi, le jeune homme, qui note qu'une «personne non racisée est même rentrée en claquettes».

Peiné par l'expérience, Bryan n'en veut pas au vigile. Mais il souhaite que l'établissement change sa façon de faire.

«Ce n'est pas à l'agent de sécurité de porter tout le poids sur les épaules»

Sur Twitter, les déclarations incriminantes et les appels au boycott font florès.

Lundi, une enquête a été ouverte pour «discrimination fondée sur l'origine, l'ethnie ou la nationalité», nous informe le site de BFMTV.

Le vigile mis à pied

Le Manko estime pour sa part qu'il s'agit d'un acte isolé, perpétré par un employé engagé par un intermédiaire, et qui ne refléterait en rien ses valeurs, ni sa ligne managériale. Saisissant son compte Instagram, l'établissement s'est fendu d'un message d'excuses le 22 juillet:

«Le comportement isolé de ce prestataire ne correspond (donc) en rien à nos valeurs. Nous avons exigé auprès de ce sous-traitant la mise à pied de la personne responsable de cet acte, immédiatement et de façon permanente.»
Le Manko sur son compte Instagram

«Nous sommes un restaurant dont l'essence même est la diversité de ses collaborateurs, c'est ce qui fait notre force», a encore ajouté le club parisien pour prouver sa bonne foi.

Des ordres venant d'en haut?

Pour Damien, le vigile licencié, la situation est sérieuse: il reçoit des menaces de mort sur les réseaux. Face au badbuzz, il a donné sa version des faits lundi sur BFMTV.

Dans son témoignage, il pointe du doigt ses supérieurs et énonce clairement n'avoir fait que suivre la politique de l'établissement, laquelle, selon ses mots, consiste à filtrer la clientèle en fonction des origines. Et le restau-bar n'en serait pas à sa première accusation de racisme:

«(Donc) ils ont dit, maintenant, on va être plus intelligents. Tous les gens africains, tu vas refuser au moindre prétexte. Par exemple, s'ils n'ont pas de chemise, tu vas dire: "ça, c'est un Tshirt".»
Damien, l'ex-vigile du Manko

Comment réagit la hiérarchie?

«Je pense qu'on est dans l'accident»
Tony Gomez, Président du Manko

Tony Gomez, le Président du Manko, réfute toute accusation liant l'établissement à un quelconque profilage racial. «Quand j'ai appris ça, j'étais en furie», commente-t-il devant les caméras de BFMTV. Et d'évoquer les images de ses clientes remerciées à l'entrée: «J'ai dit, mais c'est quoi ces histoires? Elles sont belles comme le jour, elles sont élégantes, elles sont pétillantes, elles sont tout ce que j'aime», cherche à tempérer le gérant.

Pas sûr qu'une telle ligne de défense, au temps de réseaux sociaux et des réactions en chaîne, permette à la brasserie de redorer son blason de sitôt.

En voiture, il vous est forcément déjà arrivé une de ces situations
Video: watson
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