Le distributeur Decathlon, enseigne de la galaxie Mulliez, est accusé par le média Disclose, et l'émission de France 2 Cash Investigation, d'avoir pour sous-traitant en Chine une entreprise liée au travail des Ouïghours, ce dont il se défend, et de s'approvisionner en coton provenant du Xinjiang, a appris l'AFP jeudi.
Le leader français des articles de sport est accusé par ces deux médias de s'approvisionner en textiles auprès du groupe Qingdao Jifa Group, qui «s'appuie sur un réseau de travail forcé en Chine», écrit Disclose dans un article publié jeudi matin.
Dans le documentaire de Cash Investigation diffusé jeudi soir, une cadre locale indique que du coton entreposé dans une entreprise produisant pour l'enseigne de la galaxie Mulliez peut provenir du Xinjiang, région où les Ouïghours, musulmans, constituent le principal groupe ethnique.
Si l'enseigne a confirmé s’approvisionner auprès de Qingdao Jifa, elle a souligné «condamner avec fermeté toute forme de travail forcé». Et d'ajouter:
La même source indique «que 100% du coton utilisé par Decathlon dans la fabrication de ses produits provient de sources engagées dans des pratiques plus responsables, garantissant l’absence de toute forme de travail forcé, et incluant du coton biologique et recyclé.» Le Xinjiang a, dans le passé, été frappé par des attentats sanglants attribués par les autorités à des islamistes et des séparatistes et la Chine a lancé, au nom de l'antiterrorisme, une vaste campagne sécuritaire dans ce territoire. Selon des affirmations d'ONG et d'études occidentales, que l'AFP n'est pas en mesure de vérifier, des Ouïghours seraient victimes de travail forcé.
Toujours selon Cash Investigation, des produits issus de la collaboration entre Decathlon et la NBA, la ligue américaine de basket, sont également concernés.
Aux Etats-Unis, une loi votée par le Congrès en décembre 2021 interdit toute importation de produits provenant du Xinjiang, à moins que les entreprises de la région puissent prouver que leur production n'intègre pas de travail forcé. Cash Investigation s'intéresse en outre au statut juridique de l'empire de la famille Mulliez, fort de nombreuses enseignes comme Leroy Merlin, Kiabi, Flunch, Boulanger et Auchan, toutes contrôlées par les membres de l'Association familiale Mulliez (AFM), sans que celle-ci ne revendique le statut de groupe intégré.
Alors qu'Auchan a annoncé fin 2024 un vaste plan social menaçant 2400 emplois en France, d'autres enseignes comme Decathlon sont en meilleure situation financière et les représentants du personnel ont appelé à reclasser les salariés dans ces enseignes. Dans ce contexte, l'enseigne avait choqué ses représentants du personnel en distribuant fin 2024 un milliard d'euros de dividendes à ses actionnaires. (afp)