Les bateaux et les avions russes vont vivre des années difficiles
La Russie a décidé de réduire drastiquement les budgets consacrés à l’aéronautique et à la construction navale ces prochaines années. Selon le journal Kyiv Post, les crédits publics alloués à la fabrication d’avions et d’hélicoptères russes baisseront fortement en 2026: de 139,6 milliards de roubles (environ 1,4 milliard de francs) à 85,7 milliards (près de 861 millions).
En 2027, les dépenses poursuivront leur recul, passant de 109,7 milliards de roubles initialement prévus (1,1 milliard de francs) à 86,9 milliards (873 millions). Pour 2028, un léger rebond est annoncé, à 89,3 milliards de roubles (environ 897 millions de francs).
Des coupes massives
Les coupes toucheront particulièrement les subventions destinées aux compagnies aériennes russes pour moderniser leur flotte intérieure. Ces aides seront totalement supprimées en 2026. L’année prochaine, 1,3 milliard de roubles (13 millions de francs) seront encore versés, déjà bien moins que les 4,1 milliards (plus de 41 millions de francs) initialement prévus.
La prise en charge partielle des coûts de maintenance des appareils sera également réduite: de 6,1 milliards de roubles (60 millions d’euros) en 2025 à 3,6 milliards (35 millions) l’année suivante. Pour 2027 et 2028, le gouvernement prévoit toutefois de remonter la dotation à 6,6 milliards (64 millions) par an.
Les bateaux sont aussi touchés
Une exception notable subsiste: le programme du MS-21, avion moyen-courrier que Vladimir Poutine présente comme une alternative aux modèles occidentaux. Les subventions destinées au remboursement des crédits des fabricants de l’appareil et de ses composants augmenteront en 2026 de 25%, passant de 2 milliards de roubles (20 millions de francs) à 2,5 milliards (25 millions). Les années suivantes, l’aide reviendra à son niveau précédent.
La construction navale n’est pas non plus épargnée. Les fonds publics destinés au programme fédéral «Production de navires et d’équipements maritimes» passeront en 2026 de 75,5 milliards de roubles (758 millions de francs) à 32,3 milliards (324 millions). En 2027, ils atteindront 50,1 milliards (503 millions), avant de chuter en 2028 à 29,9 milliards (un peu moins de 300 millions), soit un nouveau plancher.
Quelques exceptions
Les subventions pour la construction de grands cargos passeront de 5,4 milliards de roubles (54 millions de francs) en 2025 à 1,9 milliard (19 millions) en 2026, puis à seulement 700 millions (7 millions) en 2027. Les fonds destinés à financer les prototypes de nouvelles technologies navales fondront également: 108 millions de roubles (1 million de francs) seulement, contre 2 milliards (20 millions) initialement prévus.
Certaines catégories échapperont toutefois à l’austérité: les navires de recherche pour l’industrie de la pêche et les bateaux à propulsion nucléaire, notamment les brise-glace, continueront à recevoir des financements de plusieurs milliards.
Une industrie aérienne sous pression
Ces réductions interviennent alors que le secteur aérien russe subit de plein fouet les sanctions occidentales. Dmitri Jadrov, directeur de l’agence fédérale de l’aviation Rosaviatsia, a prévenu la commission de politique économique du Conseil de la Fédération: d’ici 2030, 109 avions de ligne d’origine occidentale pourraient être retirés du service.
Il s’agit essentiellement de modèles Boeing et Airbus, devenus difficiles à entretenir depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022: les pièces détachées ne peuvent plus être exportées vers la Russie.
Pour maintenir leurs appareils en état de vol, les compagnies russes recourent à des «importations grises», c’est-à-dire à des circuits d’approvisionnement officieux ou opaques. Une autre pratique courante: démanteler certains avions pour créer un stock de pièces détachées. Ce cannibalisme technique permet de continuer temporairement à voler, mais réduit progressivement la taille des flottes et pose des questions de sécurité et fiabilité à long terme.
Adapté de l'allemand par Tanja Maeder