Neuf jeunes, dont trois mineurs, ont été mis en examen pour divers motifs dont «meurtre en bande organisée» en lien avec la mort du jeune Thomas lors d'un bal dans la Drôme. Ce drame suscite des réactions violentes de l'ultradroite.
Dimanche, une quarantaine de militants de cette mouvance se sont rassemblés au centre-ville de Romans-sur-Isère en petits groupes et ont été dispersés par les forces de l'ordre, selon la préfecture. La veille au soir, une centaine de militants d'ultradroite venus de différentes villes du pays avaient déjà défilé cagoulés dans la ville.
"Thomas" in Crepol in SE France was murdered by North Africans who gatecrashed a party & said "we are here to stab white people".
— David Atherton (@DaveAtherton20) November 26, 2023
Last night young French people went onto the streets to demonstrate. They chant "Justice for Thomas! Islam out of Europe". pic.twitter.com/ehG0MlvxiJ
Ils avaient l'intention d'en «découdre» avec les jeunes du quartier sensible de La Monnaie. Les forces de l'ordre les ont repoussés. Ces affrontements ont fait plusieurs blessés, dont cinq CRS souffrant de contusions et des manifestants.
Un militant venant de Mayenne pour cette manifestation interdite a par ailleurs été «sorti de sa voiture de force» par des inconnus, puis «tabassé» et son véhicule «brûlé», a déclaré dimanche le préfet de la Drôme Thierry Devimeux. Le haut fonctionnaire a condamné ces excès de violence.
Au moment de la démonstration de force de l'ultradroite samedi, dix suspects liés au drame de Crépol étaient présentés aux deux juges d'instruction en charge du dossier à Valence. Neuf ont été mis en examen pour divers motifs, dont «meurtre en bande organisée» ou «tentatives de meurtre» ou violences volontaires.
Six, dont deux mineurs, ont été placés en détention provisoire et trois sous contrôle judiciaire. L'enquête qui a conduit les gendarmes à auditionner 104 témoins n'a pas encore permis d'élucider pleinement les circonstances du drame, qui a suscité une cascade de réactions virulentes de l'extrême droite et de la droite sur le thème de l'insécurité et de l'immigration.
Mais les premiers éléments dessinent le scénario de violences survenues pour un «motif futile» et non d'une attaque préméditée visant les invités du bal en raison de leur appartenance à une «prétendue race, ethnie, nation ou religion déterminée», selon le procureur de Valence qui met en garde contre les «dénonciations sans preuve» et les «interprétations hâtives».
C'est apparemment une remarque liée «à une coupe de cheveux» qui a déclenché une altercation dans la salle des fêtes de Crépol, avant de dégénérer à l'extérieur alors que le bal se terminait et qu'un groupe hostile venait d'arriver sur les lieux à bord d'une ou deux voitures. Selon le parquet:
Le parquet ajoute que des cris et des insultes sont entendus, neuf témoins évoquent des propos hostiles «aux blancs». Le groupe hostile finit par s'enfuir.
Thomas, un lycéen de 16 ans, blessé par un coup de couteau, décède. Huit autres sont blessés, dont trois grièvement. Selon les déclarations samedi soir de Bilel Hakkar, l'avocat d'un des prévenus:
Ce dernier ajoute: «Les choses ont dépassé l'entendement de manière fortuite et imprévue, non organisée et non coordonnée».
Depuis le drame, l'ultradroite mène une campagne virulente sur les réseaux sociaux, avec notamment une liste de noms et des photos présentées comme celles des agresseurs.
Samedi matin, une mosquée de Valence a reçu un courrier islamophobe évoquant le drame de Crépol et des tags ont été découverts sur les murs de la mosquée de Cherbourg-en-Cotentin.
Dans une ambiance lourde, mais apolitique, plus de 6000 personnes avaient défilé mercredi à Romans-sur-Isère pour une grande marche blanche en mémoire de Thomas avant ses funérailles, suivies par 2000 personnes vendredi. (mat/ats)