Deux jours après sa formation par Emmanuel Macron, le nouveau gouvernement français doit déjà affronter des polémiques visant deux ministres. De la plus grave à la plus légère, et de la plus intime à la plus publique: l'un des deux ministres est accusé de viols par deux femmes; l'autre, véritable surprise de cette nouvelle distribution ministérielle, est visé par des critiques sur sa ligne idéologique, a priori en rupture avec son prédécesseur. On récapitule.
Damien Abad, venu des Républicains, dont il était le leader des députés à l'Assemblée nationale, est le nouveau ministre en charge des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Il est accusé par deux femmes de viols qu'il aurait commis en 2010 et 2011. C'est un papier de Mediapart paru samedi 21 mai au soir, jour de la présentation du nouveau gouvernement, qui a porté ces allégations.
Le principal intéressé nie les faits. La première ministre Elisabeth Borne, quant à elle, dit ne pas avoir été au courant de ce signalement avant de lire l'article en question, mais assure qu'il n'y aura «aucune impunité pour personne». Mentionnons que des affaires #MeToo ont déjà secoué le camp de la majorité dans le cadre de la campagne pour les législatives, qui auront lieu dans trois semaines.
Le nouveau ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, Pap Ndiaye, n'est pas forcément connu pour se situer dans la ligne présidentielle. A supposer qu'il y en ait une. Car si Emmanuel Macron affirme défendre une vision républicaine et universaliste de la société française, celui qu'il a choisi pour administrer l'un des piliers de la République, à savoir l'école, ne partage pas, par exemple, les critiques de la gauche dite républicaine à l'égard d'une partie de la gauche radicale, au motif d'une complicité avec l'islamisme:
Pap Ndiaye? Un «anti-Blanquer», d'après la formule du journal Les Echos, en référence au précédent ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, connu pour ses positions intransigeantes sur l'islamisme et la cohésion de la France. Lui, en effet, reconnaît l'existence de l'islamo-gauchisme et du wokisme à l'université et en a fait un combat personnel. Les commentaires étonnées à l'encontre de son successeur ont ainsi fusé, notamment sur Twitter, de la simple interrogation à la condamnation, en passant par le sarcasme cinglant:
Pap Ndiaye : « comment le PR peut-il confier les rênes de l’EducNat, successivement à des gens si différents (…) ca nous dit quelque chose de l’absence de logiciel idéologique d’Emmanuel Macron » s’interroge @Enthoven_R #papndiaye pic.twitter.com/mLrH1UGhBT
— Jean-Rémi Baudot (@jrbaudot) May 22, 2022
Macron me déçoit. Pap Ndiaye à l’Education Nationale c’est bien, mais il aurait dû nommer Assa Traoré à l’Intérieur et Houria Bouteldja à la Culture.
— Elisabeth Lévy (@ELevyCauseur) May 20, 2022
📹 Ce choix de mettre à la tête de l’Education nationale un homme qui défend l’indigénisme, le racialisme, le wokisme, est terrifiant pour les parents que nous sommes. Nous devons combattre cette politique de déconstruction de la France ! #PapNdiaye pic.twitter.com/S5w7Bxdfan
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) May 21, 2022
Bilan partiel et provisoire, aux termes de 48 heures seulement: un membre de l'équipe déjà sur la sellette à cause de crimes sexuels dont on l'accuse, et un autre déjà conspué avant d'avoir ouvert la bouche ou retroussé ses manches. On retiendra, fait important, que le premier est présumé innocent. Quant au second, ce qui comptera sera son action en tant que ministre. Rendez-vous dans quelques mois.