Assassinat, torture, purge, droits humains: en quelques heures, la polémique est devenue telle que la Macronie a dû rassurer urgemment. «Le président abordera la question comme il le fait à chaque fois avec Mohammed ben Salmane (MBS)», a assuré l'Elysée, selon les informations du Parisien, quelques heures avant le dîner d'Emmanuel Macron avec le sulfureux prince héritier d'Arabie saoudite.
Comme l'indique le journal, l'arrivée de MBS à Paris jeudi 28 juillet a suscité de vives critiques tant de la part des organisations non gouvernementales (ONG) que de la politique française. Parmi cette dernière, certains, plus que jamais scandalisés, ont regretté les valeurs «à géométrie variable» du clan de Macron face à l'homme qui, jusqu'à présent, était banni du sol occidental. Voici pourquoi.
Mohammed ben Salmane a le service des renseignements américains sur le dos. La CIA accuse le prince héritier d'avoir «validé» l'assassinat par un commando de militaires saoudiens d'un journaliste dénommé Jamal Khashoggi, le 2 octobre 2018. Selon le rapport des autorités, le rédacteur, qui publiait régulièrement des critiques à l'encontre du régime de MBS dans le Washington post entre autres, a été étouffé et démembré au sein même du consulat saoudien à Istanbul en Turquie. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Bien que Mohammed ben Salmane a toujours nié avoir participé à l'homicide du journaliste, son image est depuis quatre ans ternie. Lui qui, dès son arrivée au pouvoir le 21 juin 2017, avait pourtant été décrit par la presse internationale comme un dirigeant «jeune et moderne» tranchant, à ce titre, avec ses prédécesseurs. Depuis 2018, MBS subit une mise à l'écart de la scène internationale.
Hormis l'assassinat présumé de Khashoggi, comme le rappelle le Parisien, l'empire MBS est indubitablement «l’un des pires régimes en matière de répression politique». Depuis octobre 2018, le prince héritier est sous enquête pour une plainte déposée à Paris pour complicité d’actes de torture des opérations militaires qu'il mène au Yémen depuis mars 2015.
Plusieurs vagues d'arrestations ont par la suite été rapportées par des organisations de défense des droits de l'Homme, rapporte L'orient le jour. De son côté, le Parisien ajoute que dès l'accès au pouvoir de MBS, 48 décapitations auraient été exécutées. Des condamnations qui visaient davantage des militants des droits de l'Homme, peut-on lire dans le journal français.
Suite à l'invitation d'Emmanuel Macron à l'Elysée, plusieurs ONG, dont Amnesty international, ont déposé plainte jeudi 28 juillet contre Mohammed ben Salmane. Elles l'accusent de complicité de torture et de disparition forcée.
D'après les informations exclusives de BFM TV, Emmanuel Macron voulait initialement rendre sa rencontre avec Mohammed ben Salmane discrète. Les récents événements ayant lieu en Ukraine et les conséquences sur le gaz et le pétrole ont forcé le président français à revoir ses plans.
Car l'Arabie Saoudite est en effet le premier exportateur mondial de pétrole, et le coprésident, avec Moscou, de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). L'Elysée a affirmé que ce dîner était «nécessaire», plus particulièrement au regard de l'envolée des prix de l'énergie. (mndl)