Les agriculteurs entament mardi leur deuxième jour de blocage d'axes stratégiques autour de Paris. Tout autour de la capitale, la circulation est perturbée avec des portions d'autoroutes fermées, selon le site Sytadin. Paris elle-même n'est pas bloquée, ni le marché vital de Rungis (Val-de-Marne) et les aéroports parisiens.
Un convoi de quelque 200 tracteurs a repris la route mardi matin, en direction du marché d'intérêt national (MIN) de Rungis, le plus grand du monde, qu'il compte investir dans l'après-midi, à l'appel de la Coordination rurale (CR), a constaté un photographe de l'AFP.
Selon une source policière, «un peu moins de 10 000 agriculteurs étaient mobilisés sur le terrain dans toute la France» lundi en fin d'après-midi, «avec près de 5000 engins».
A une trentaine de kilomètres à l'est de la capitale, à Jossigny (Seine-et-Marne), l'A4 est bloquée. Camions frigorifiques, groupes électrogènes, citernes d'eau et toilette de chantier: le groupe de manifestants s'est donné les moyens de tenir son installation pendant au moins trois jours. Une vingtaine d'entre eux a prévu de passer la nuit dans un semi-remorque au plancher recouvert de paille.
A l'ouest, l'autoroute A13, qui relie la Normandie à Paris, est fermée dans les deux sens à environ 60 km vers la gare de péage de Buchelay, dans les Yvelines. Les agriculteurs se sont organisés pour tenir jusqu'à jeudi, avec tours de garde et renforts prévus mardi.
L'A6, au sud de Paris, et l'A1, au nord, sont aussi coupées, dans ce dernier cas à quelques encablures de l'aéroport Paris-CDG. Même mot d'ordre: les agriculteurs dormiront sur place «le temps qu'il faudra», dit le vice-président de la FNSEA, Luc Smessaert.
Le gouvernement laisse faire et encadre les manifestants, mais veut empêcher que les tracteurs n'entrent dans «Paris et les grandes villes», le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin demandant de la «modération» à ses troupes.
De «nouvelles mesures seront prises dès demain» en faveur des agriculteurs, a annoncé la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot à l'issue du Conseil des ministres.
Le chef du gouvernement, Gabriel Attal, a reçu dans la soirée le président du premier syndicat agricole français FNSEA, Arnaud Rousseau, et son homologue du syndicat allié Jeunes agriculteurs (JA) Arnaud Gaillot. Ils n'ont pas pris la parole à l'issue et n'étaient pas joignables par l'AFP.
Non convié, le syndicat minoritaire Confédération paysanne, de gauche, appelle les autres organisations à porter principalement «deux mesures»: «l'arrêt des accords de libre-échange et la suspension immédiate de toutes les négociations» et «l'interdiction formelle de l'achat des produits agricoles en dessous de leur prix de revient».
Les organisations écologistes s'inquiètent d'un éventuel retour en arrière sur les normes environnementales, les syndicats majoritaires tentant de pousser leur avantage. Ils demandent notamment de revenir sur des restrictions d'usage des pesticides.
Le reste de la France aussi connaît des barrages et manifestations. A Lyon, un blocage a débuté «doucement», «le gros des troupes arrivera demain (mardi)», selon Michel Joux, patron de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.
Dans le Lot, des agriculteurs ont pénétré dans un supermarché Leclerc à Capdenac pour y prélever des produits importés. Selon la préfecture, ils ont emporté l'équivalent de 25 chariots. Des denrées ont été remises aux Restos du coeur, a affirmé Julien Vielcazal, président des JA du Lot, à une correspondante de l'AFP.
Le marché de gros de Rungis, poumon alimentaire de la capitale, est protégé par des blindés de la gendarmerie, destination annoncée d'une trentaine de tracteurs qui ont pris la route lundi matin depuis Agen, à l'appel du syndicat Coordination rurale. Ceux-ci n'arriveront pas avant mardi soir ou mercredi. (ats)