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France: des pédophiles achètent des viols d'enfants sur Internet

Augmentation d'achat de viols d'enfants sur Internet
Image: shutterstock

De plus en plus de pédophiles achètent des viols d'enfants sur Internet

Depuis trois ans, la demande de vidéos pédocriminelles augmente fortement en France. Les enquêteurs s'inquiètent et surveillent le phénomène de près.
26.06.2022, 12:02
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Le nombre de dossiers traités par la police française concernant les commandes de vidéos pédocriminelles est en forte augmentation, rapporte BFM TV. Ils sont passés de 6 à 27 en trois ans, et les autorités craignent une hausse continue.

Le phénomène est connu depuis des années, mais la pandémie et le confinement ont accéléré les demandes et les pratiques. Le concept est sordide: il s'agit de commander en ligne, depuis l'Hexagone, une vidéo de viol en direct réalisée sur un enfant étranger.

Des vidéos de viol sur demande

Le média français explique la pratique: les pédophiles font eux-mêmes la demande de production de vidéos, réalisées en différé ou en direct. Ils peuvent indiquer les pratiques sexuelles qu'ils souhaitent regarder et les violences auxquelles l'enfant doit être soumis. Un enquêteur s'exprime dans l'article:

«Il devient donc réalisateur d'une vidéo de viol»

Fin février, Laure Beccuau, procureure de Paris, précisait dans Le Figaro:

«Le délinquant passe commande du type de mineurs et d’actes qu’il souhaite et reçoit, à date, soit un contenu filmé soit un lien de connexion qui lui permet de suivre les sévices en direct et même de pouvoir commander le type d’actes commis»

Les pédocriminels se rendent sur le darkweb ou sur des sites illégaux pour faire leurs «commandes». Les jeunes victimes vivent principalement dans des pays pauvres, comme les Philippines, l'Europe de l'Est – en Roumanie par exemple – ou encore en Amérique du Sud.

Selon BFM TV, le prix d'une vidéo de viol est estimé entre 30 et 70 euros: une grosse somme dans les pays des victimes, mais relativement dérisoire en France.

Le phénomène est en augmentation

Le premier dossier en France a été monté en 2011, mais le phénomène est apparu entre 2005 et 2006. Le nombre de cas augmente, toutefois, depuis trois ans: six dossiers ont été traités par l'Office central de la répression contre les violences aux personnes (OCRVP) en 2020, dix dossiers en 2021 et 27 dossiers depuis le début de l'année 2022.

«C'est un phénomène en hausse, notamment à cause de la crise du Covid-19, qui a obligé les consommateurs et les pédocriminels à changer leurs habitudes. Le tourisme sexuel était impossible pendant cette période et ils ont dû se tourner vers la technologie»
Frédéric Courtot, chef adjoint de l'OCRVPBfmtv

Selon les informations de BFMTV, entre 250 à 300 pédocriminels français se livraient à cette pratique. Laure Beccuau déclare:

«Nous évaluons que, à la fin de cette année, nous aurons ouvert une centaine d’enquêtes»

Comment sont traqués les auteurs?

Les échanges se font en visio-conférence en direct, et ne sont donc pas forcément enregistrés. Il est donc difficile de repérer les auteurs de ces crimes.

Les enquêteurs ont, toutefois, un outil à leur disposition: les signalements Tracfin, un service de renseignement français chargé de la lutte contre la fraude fiscale ou le financement du terrorisme. Ils peuvent ainsi repérer les virements de «petits montants», 30, 50 ou 70 euros de la France vers les Philippines par exemple. Dès qu'ils voient une récurrence dans un virement, ils interviennent.

Nathalie Bucquet, avocate d'Innocence en Danger, une association qui défend les enfants victimes de violences, s'exprime sur la chaîne:

«On a des enquêteurs qui se déplacent dans ces pays en espérant pouvoir identifier les victimes. Mais une fois que c'est fait, il y a la barrière de la langue, la difficulté sur notre système français d'indemnisation. C'est donc difficile de réellement identifier ces enfants.»

Ludivine Piron, de l'ONG l'ECPAT (End child prostitution, child pornography and trafficking of children for sexual purposes), commentait en décembre à FranceInfo:

«Notre rôle est de ramener les enfants au cœur de ces dossiers, qu'ils ne soient pas seulement des numéros, mais qu'on arrive à prononcer leur nom, que l'on sache ce qu'ils ont vécu, ce que cela implique. Il est de notre devoir de rappeler que, derrière des images, des enfants sont réellement agressés sexuellement ou violés»

Quelle condamnation est prévue?

Actuellement, le parquet de Paris est saisi de 20 enquêtes sur des faits de ce type, et cela pourrait aboutir, l'an prochain, à un premier procès d'assises en France. En 2020, un homme avait été condamné à cinq ans de prison pour avoir visionné en direct sur Internet des agressions sexuelles sur des fillettes aux Philippines. Il avait alors été jugé pour détention et diffusion d'images pédopornographiques et complicité d'agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans.

La jurisprudence a récemment évolué sur le sujet. Désormais, les personnes arrêtées pour avoir visionné ces vidéos peuvent être poursuivies pour «complicité de viols». Elles risquent alors autant que le violeur, c'est-à-dire 20 ans de réclusion.

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