Si le souhait d’Elisabeth Badinter de ne voir aucun élu du Rassemblement national (RN) assister mercredi à l’hommage national à son mari Robert Badinter, décédé vendredi dernier, est d’une certaine manière dans l’ordre des choses, celui d’en exclure les élus de La France insoumise, sans étonner totalement, est une gifle pour la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon.
Le RN est l’hériter du Front national de Jean-Marie Le Pen. En 1981, le chef du parti d’extrême droite, s’était résolument opposé à l’abolition de la peine de mort, qu’avait fait voter Robert Badinter. A plusieurs reprises ensuite, il s’était prononcé en faveur de son rétablissement. Vendredi, à l’annonce du décès de l’ancien ministre de la Justice à l’âge de 95 ans, Marine Le Pen, gênée par l’héritage paternel, avait salué en Robert Badinter «une figure marquante du paysage intellectuel et juridique», une formule a minima.
Mais c’est surtout le passé antisémite de Jean-Marie Le Pen, ses jeux de mots sur les fours crématoires, dont Marine Le Pen n’est bien sûr pas l’auteur, mais dont son parti porte la trace, qu’Elisabeth Badinter n’a pas souhaité convoquer à l’hommage rendu à son mari, juif comme elle, dont le père est mort en déportation.
Quant à La France insoumise, c’est la deuxième fois en quelques jours que ce parti n’est pas le bienvenu à un hommage national. La première, c’était pour la cérémonie du 7 février en mémoire des quarante-deux Français tués dans le massacre du Hamas du 7 octobre.
LFI et Jean-Luc Mélenchon «paient» sans doute là leurs déclarations à la limite du soutien au Hamas dans les jours qui ont suivi le massacre. Le leader de La France insoumise s’est en outre signalé, ces dernières années, par des propos flirtant avec l’antisémitisme, ainsi que par des positions favorables aux islamistes et par conséquent contraires à l’universel laïque défendu par Elisabeth Badinter. Ni un tweet, ni une tribune écrite dans l’hebdomadaire L’Obs par le chef LFI après la mort de l'ancien garde des sceaux, n’auront fait illusion.
Marine Le Pen, ne souhaitant «polémiquer», a dit se plier au souhait de la famille Badinter. Jean-Luc Mélenchon a dit «regretter» cette décision.