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Robert Badinter est mort, son œuvre nous oblige

Former French Justice Minister Robert Badinter who initiated the abbolition of death Penalty in France, during the opening of the 4th World Congress Against the Death Penalty, at the European headquar ...
Robert Badinter en 2010 à Genève à l'occasion du 4e Congrès mondial contre la peine de mort.Image: KEYSTONE
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Avec Badinter, tenir tête

Abolir la peine de mort, ça voulait dire moins de violence, pas moins de civilisation. Aujourd'hui, il convient de résister au détricotage de l'Etat de droit.
11.02.2024, 18:5512.02.2024, 16:14
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«J’ai l’honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l’Assemblée nationale l’abolition de la peine de mort en France»
Robert Badinter, 17 septembre 1981

Ces mots sont historiques. Ils sont ceux de Robert Badinter, décédé le 9 février à l’âge de 95 ans. Ce 17 septembre 1981, celui qui est alors le ministre de la Justice du premier gouvernement socialiste de la Ve République, envoie la guillotine au musée et avec elle la peine capitale, incompatible avec notre vision de l’humanité. Mettre à mort un assassin, ce n’est pas réparer le tort commis, c’est le répéter à l'infini.

Que le combat pour l’abolition de la peine de mort ait été porté par un homme dont le père avait péri en déportation parce que juif, ajoute à la symbolique, non pas du pardon, chacun étant libre de pardonner ou non, mais de la vie qui doit à tout prix triompher des ténèbres. Le président François Mitterrand avait des choses à se reprocher, qui dataient de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre d’Algérie. En faisant de Robert Badinter son garde des sceaux, il trouva son rédempteur.

Plus qu’un être de vertu, une notion pas très intéressante en termes de libertés publiques, Robert Badinter était une colonne vertébrale. Son verbe tenait ensemble les principes qui fondent nos devoirs et nos droits. La France lui doit aussi la dépénalisation de l’homosexualité, en 1982, ou, plus exactement, la fin d'une discrimination qui pénalisait les relations entre mineurs homosexuels, alors que l'âge de la majorité sexuelle était de 15 ans pour les hétérosexuels.

La France se souvient des colères de Robert Badinter: contre les révisionnistes des chambres à gaz, contre l’effigie d’Emmanuel Macron brandie au bout d’une pique dans des marches aux flambeaux contre la réforme des retraites.

La complotite nous ramène à la peine de mort

Une colonne vertébrale, donc. Qu’est-ce qu’une colonne vertébrale? C’est un ordre, c'est un cadre. C’est une appartenance, une gouvernance, une préséance. C’est une mémoire. C’est tout le contraire du relativisme aujourd’hui à l’œuvre un peu partout: dans la géopolitique – la Russie est la victime, l’Occident est le coupable; dans les sciences – les chercheurs sont des empoisonneurs; dans la définition des individus – la biologie n’existe plus, seul compte le ressenti; dans le rapport aux institutions – les décisions de l’Etat ne valent rien, la présomption d’innocence est l’arme du patriarcat. Et ainsi de suite.

Cette complotite qui met tout par terre est une manière de rétablir la peine de mort. Elle nous y ramène. Si l’Etat saute, si les hiérarchies explosent, alors reviendra la loi du plus fort, la véritable, ce qu’Emmanuel Macron a nommé, à raison, «décivilisation», le détricotage de nos sociétés de tempérance et de tolérance. Des acquis que les petits Mao de la «déconstruction» sont en train de bousiller, ne parlons même pas des ennemis déclarés de la démocratie.

Abolir la peine de mort, dépénaliser l’homosexualité, ça voulait dire moins de violence, pas moins de civilisation

Robert Badinter est mort. Inscrite dans l’universel, son œuvre nous oblige. Elle ne peut être dissociée de celle d’Elisabeth Badinter, son épouse, une féministe qui sut tenir tête aux islamistes et leurs alliées néoféministes. Tenir tête, quelle ironie...

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