Les six personnes décédées sont des hommes afghans, âgés d'une trentaine d'années, a indiqué le procureur adjoint de Boulogne-sur-Mer, Philippe Sabatier. Les passagers étaient «presque tous des Afghans, avec quelques Soudanais, majoritairement adultes, mais avec quelques mineurs», a-t-il précisé. Ce nouveau drame dans la Manche moins de deux ans après le naufrage le plus meurtrier survenu dans la zone.
Au total, 49 rescapés ont été secourus, 36 côté français et 13 par les gardes-côtes britanniques, a-t-il indiqué. Sept blessés légers figurant parmi ceux débarqués à Calais ont été conduits à l'hôpital, les autres étant auditionnés par la police.
De «cinq à dix» autres passagers sont toujours recherchés à la mi-journée, a précisé le parquet. Côté français, les recherches se poursuivent, mobilisant trois navires, un hélicoptère et un avion. Deux navires britanniques ont aussi participé aux secours.
Une première victime avait été déclarée décédée dans la matinée après son évacuation par hélicoptère à l'hôpital de Calais, selon la préfecture maritime de la Manche et la Mer du Nord (Premar). Les cinq autres avaient été prises en charge par le canot Notre-Dame du Risban de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM).
«Mes pensées vont aux victimes», a réagi la Première ministre Elisabeth Borne sur X (ex-Twitter), saluant «l'engagement des équipes de secours mobilisées autour de la @MarineNationale». Le secrétaire d'Etat français à la Mer Hervé Berville est attendu sur place en fin d'après-midi.
L'embarcation a fait naufrage au large de Sangatte, dans le Pas-de-Calais, «autour de 2H00», selon le parquet. Signalée à l'arrêt «en fin de nuit», par un navire de commerce, elle a été localisée «en tout début de matinée» par le patrouilleur de service public Cormoran, a détaillé la Premar.
Si la mer était calme au cours de la nuit, pour la poursuite des recherches, les conditions météorologiques se sont dégradées, avec une mer agitée, a-t-elle ajouté.
Des fourgons mortuaires sont arrivés sur le port de Calais, où le Cormoran et le canot de la SNSM s'étaient amarrés dans la matinée, a constaté un journaliste de l'AFP. Un car transportant des rescapés a quitté l'enceinte, pour gagner une salle préfectorale d'accueil d'urgence.
Depuis mercredi soir, les tentatives de traversées de migrants à bord de petites embarcations s'étaient multipliées au départ du nord de la France, à la faveur du retour du beau temps. Le ministère britannique de l'Intérieur a recensé jeudi 755 arrivées, un record journalier depuis le début de l'année.
Une réunion sur les traversées en «small boats» devait se tenir samedi matin, sous l'égide du ministère britannique de l'Intérieur.
«La répression» aux frontières pour tenter de tarir ce trafic migratoire «augmente la dangerosité des traversées et pousse les gens à prendre de plus en plus de risques pour passer en Angleterre», a déploré un porte-parole de l'association Utopia56.
D'après un décompte effectué par l'AFP à partir des chiffres officiels britanniques, plus de 100 000 migrants ont ainsi traversé la Manche depuis le développement de ce phénomène, en 2018, en réponse au verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche.
En 2022, année record, 45 000 personnes ont réussi la traversée, malgré les périls encourus dans le détroit du Pas-de-Calais, un des plus fréquentés au monde. Cinq migrants sont morts en mer et quatre portés disparus cette année-là. En novembre 2021, la mort d'au moins 27 migrants, âgés de 7 à 46 ans, dans le naufrage le plus meurtrier recensé dans la zone, a marqué les esprits.
Dans le cadre de l'information judiciaire ouverte sur le naufrage de 2021, onze passeurs présumés, mais aussi sept militaires - cinq du Cross Gris Nez et deux membres d'équipage du patrouilleur «Le Flamant» - sont mis en examen.
Le drame avait fait monter la tension entre Paris et Londres, qui sont depuis convenus de renforcer leur lutte contre ce trafic migratoire, face auquel le gouvernement britannique a aussi redoublé de fermeté. (sda/ats/afp)