Le semi-remorque peine à gravir la pente. Son chargement est lourd: un char de combat israélien Merkava de plus de 60 tonnes. Peu avant la frontière avec la bande de Gaza, un poste de contrôle apparaît. Un soldat de garde se tord les mains lorsque le long véhicule percute une barrière métallique et l'emporte sur quelques mètres avant de la renverser. Le semi-remorque passe le barrage routier sans que le chauffeur ne se préoccupe de cette petite mésaventure.
Mercredi, des chars et des fantassins sont entrés dans Gaza. Les forces israéliennes se concentrent sur le corridor de Netzarim, qui divise la bande côtière en une moitié nord et une moitié sud. Les troupes d'invasion y étaient déjà stationnées avant la récente trêve. Entre-temps, des avancées auraient également eu lieu au sud. Mais une visite des lieux mercredi après-midi ne révèle aucune trace de celles-ci.
Il y a beaucoup de trafic du côté israélien de la clôture frontalière: outre les Merkavas, les soldats israéliens acheminent aussi des obusiers blindés américains M-109 et des chars de grenadiers lourds Namer vers leurs positions.
Des camions-citernes remplis de diesel et des camions chargés de munitions d'artillerie sont également en route. On entend constamment les réacteurs des avions de combat, mais il est rare qu'il y ait du bruit de l'autre côté de la frontière. Lorsque c'est le cas, des champignons de fumée noire s'élèvent peu après dans le ciel.
Alors que de nombreux Palestiniens de Gaza sont à nouveau en fuite, la vie des Israéliens près de la frontière reprend son cours normal. Dans une station-service, des soldats et des civils font la queue devant un snack-bar. Deux pilotes de motocross s'entraînent sur un terrain à proximité, bien que Gaza ne soit qu'à environ trois kilomètres à vol d'oiseau. Des agriculteurs vaquent également à leurs occupations dans les champs et les plantations, comme si l'enfer n'avait pas à nouveau éclaté chez leurs voisins palestiniens.
Pendant la première phase de la trêve, les terroristes palestiniens ont attisé la haine de nombreux Israéliens envers le Hamas et ses alliés avec les scènes macabres de libération d'otages et de remise de personnes enlevées et assassinées. Pourtant, la société israélienne est profondément divisée: alors que de nombreux ultrareligieux applaudissent la rupture de la trêve, une grande partie de la population craint que le Hamas n'assassine désormais les otages restants.
Près de 60 personnes sont encore entre les mains du Hamas. La moitié d'entre elles serait déjà morte. En coulisses, des interlocuteurs israéliens murmurent que Netanyahou devrait d'abord répondre aux exigences du Hamas pour que toutes les personnes enlevées soient enfin libérées.
Le Hamas se montre prêt à revenir à l'accord initial avec Israël et à poursuivre les négociations – c'est-à-dire à aborder la deuxième phase prévue de la trêve. Mais depuis début mars, date de la fin de la première phase, l'organisation terroriste n'a pas libéré un seul otage.
Israël reproche en outre au Hamas d'avoir rempli ses rangs fortement amoindris par de nouvelles recrues pendant les deux mois de trêve. Le Hamas disposerait à nouveau d'un effectif estimé à 25 000 hommes – en comptant les organisations alliées au groupe terroriste. On peut toutefois supposer que ces nouveaux combattants n'ont ni l'expérience ni l'équipement dont disposaient leurs camarades tombés au début de la guerre. Jusqu'à présent, les terroristes n'ont pas non plus tiré de roquette sur Israël. Mais il est également possible que le Hamas cède et se déclare prêt à libérer d'autres otages.
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou s'oppose toutefois à une nouvelle trêve. Il a fait savoir que les négociations ne pourraient désormais avoir lieu que pendant la guerre. Et son ministre de la Défense, Israël Katz, a menacé les habitants de Gaza d'une «destruction totale» si tous les otages ne sont pas libérés et si le Hamas n'est pas chassé du pouvoir.
La situation est désormais différente de celle de la première offensive terrestre après les pogroms du 7 octobre 2023. Avec Donald Trump, Israël doit moins tenir compte de son principal allié. Contrairement à Joe Biden, le président américain a menacé que les «portes de l'enfer» s'ouvriraient pour Gaza si les terroristes ne cédaient pas.
Cette rhétorique a dorénavant été adoptée par le gouvernement israélien. Comme pour souligner ses menaces, Israël a suspendu l'approvisionnement de Gaza en nourriture. Une fois de plus, ce sont les civils de Gaza qui en font les frais. Leur sort ne préoccupe ni le Hamas ni Israël. Si les terroristes ne renoncent pas, des temps encore plus durs attendent Gaza.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci