Une distribution d'aide dans un nouveau centre de distribution tenu par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), organisme créé de toutes pièces avec le soutien d'Israël et des Etats-Unis, a tourné au chaos à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, lorsque des milliers de Palestiniens se sont rués sur les lieux.
Des scènes de chaos ont été rapportées par des journalistes de l'AFP. «Je me tenais dans la file avec des centaines de citoyens, et soudain un grand nombre de personnes ont commencé à pousser et entrer de façon totalement aléatoire», a déclaré à l'AFP Ayman Abou Zaïd, un déplacé.
«Quarante-sept personnes ont été blessées», la plupart «ont été victimes de tirs israéliens», a affirmé mercredi le chef du bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'homme pour les territoires palestiniens, Ajith Sunghay. Et d'ajouter:
L'armée israélienne a démenti avoir ouvert le feu sur la foule. «Nous vérifions les informations de l'Onu. A l'heure où nous parlons, nous n'avons aucune information à ce sujet», a déclaré le colonel Olivier Rafowicz, porte-parole de l'armée israélienne.
Des soldats israéliens «ont effectué des tirs de sommation en l'air, dans la zone à l'extérieur» du centre géré par la société GHF, «en aucun cas vers les gens», a-t-il précisé. «Le Hamas fait tout pour empêcher l'aide humanitaire», a ajouté l'officier.
Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait reconnu «une perte de contrôle momentanée» et l'armée israélienne avait dit avoir procédé à «des tirs d'avertissement» à l'extérieur des installations de la GHF. Une source militaire israélienne avait néanmoins estimé que la distribution avait été «un succès».
La GHF, une fondation établie aux Etats-Unis avec une filiale non opérationnelle enregistrée à Genève, a affirmé avoir distribué l'équivalent de plus de 460 000 repas, très loin de ce qu'il faudrait. L'ONU a refusé de participer à un mécanisme qui n'honore pas les principes humanitaires.
Ce nouveau modèle de distribution d'aide à Gaza est une «perte de ressources et une distraction par rapport aux atrocités», a déclaré mercredi le Suisse Philippe Lazzarini, responsable de l'Unrwa.
Philippe Lazzarini a dénoncé les «images choquantes» de la distribution d'aide de ce mardi. «C'était chaotique, indigne et dangereux», a-t-il ajouté. Pour le Neuchâtelois, «le temps presse pour éviter la famine, donc les humanitaires doivent être autorisés à accomplir leur travail salvateur maintenant».
Soumis à de fortes pressions internationales, Israël a partiellement levé la semaine dernière le blocus total qu'il imposait à la bande de Gaza depuis le 2 mars, officiellement pour contraindre le mouvement islamiste palestinien a relâcher les otages qu'il détient encore.
Depuis lors, plusieurs centaines de camions d'aide ont été autorisés par Israël à entrer dans le territoire. Mais l'Onu dénonce les «obstacles ahurissants» imposés selon lui par Israël et entravant le travail des agences de l'Onu, Israël accusant en retour les Nations unies de refuser «de faire (leur) travail».
(ats/asi)