«J'ai vécu un enfer», lance Yocheved Lifshitz devant un hôpital de Tel Aviv. Cette femme de 85 ans a été enlevée par des terroristes à son domicile du kibboutz Nir Oz le 7 octobre et emmenée à Gaza à moto. Elle a été battue et a subi des contusions, a-t-elle déclaré mardi aux journalistes.
👉 Notre direct sur l'attaque du Hamas contre Israël 👈
Yocheved Lifshitz raconte d'abord son parcours à travers les tunnels souterrains du Hamas. Puis comment elle a été accueillie par des gens qui lui ont assuré qu'ils ne lui feraient pas de mal. «Ils ont vraiment veillé à l'hygiène pour que nous ne tombions pas malades», souligne-t-elle. Elle dormait sur un matelas au sol et mangeait toujours la même nourriture. Elle était également régulièrement soignée par des médecins ainsi que par ses ravisseurs et les autres otages.
Un porte-parole du Hamas a déclaré sur Telegram que des dizaines d'otages étaient cachés dans des endroits sûrs dans un réseau souterrain sous la bande de Gaza.
Yocheved Lifshitz a été libérée par le Hamas mardi soir avec sa voisine Nurit Cooper, 79 ans. Leurs maris, également kidnappés par les terroristes, y sont toujours. Depuis que le Hamas a attaqué leur maison, plus d'un quart des habitants de Nir Oz seraient morts ou portés disparus.
Avec Yocheved Lifshitz et Nurit Cooper, quatre des 222 otages qui, selon l'armée israélienne, étaient détenus dans la bande de Gaza depuis début octobre ont été libérés. Dans l'espoir également de gagner du temps pour de nouvelles négociations visant à libérer les prisonniers et à fournir une aide humanitaire à Gaza, les États-Unis ont conseillé à Israël de suspendre son offensive terrestre dans la bande de Gaza.
Selon le Wall Street Journal, des négociations auraient également eu lieu entre les États-Unis et le Qatar. La libération de 50 binationaux a été discutée. En échange, le Hamas exige une livraison immédiate de carburant. Certains des otages sont israéliens, mais beaucoup sont originaires de dizaines d’autres pays. Il s'agissait notamment de civils, de soldats, d'enfants, de personnes âgées et d'un bébé de neuf mois, a indiqué le gouvernement israélien. Leur recherche occupe l'armée, les services communautaires, la police et l'université Reichman près de Tel-Aviv.
Ces derniers organisent une «War room» où des civils aident à retrouver les personnes kidnappées. «Nous avions environ 450 personnes qui ont travaillé ici pendant deux semaines», explique la cheffe de projet Karin Nahon à CH Media. Au total, environ 1 500 personnes ont suivi son appel dans un groupe Whatsapp.
Leurs recherches auraient déjà permis de déterminer le statut de centaines de personnes. «Nous avons pu identifier les gens, par exemple, grâce à la matière de leurs vêtements ou à leur voix», explique la responsable. Mais les histoires n’ont pas toujours une fin heureuse.
Afin de traiter les terribles images, 35 psychologues étaient sur place. Travailler dans la War room a aidé de nombreuses personnes. «C'était un refuge où les gens pouvaient se rassembler et transformer leur frustration en un travail significatif», estime Karin Nahon.
Dans la recherche des plus de 200 otages, les bénévoles se sont appuyés sur les «meilleures recrues» de l’organisation. Des data scientists, des experts en technologie et des personnes connaissant bien les réseaux sociaux ont travaillé ensemble pour développer des méthodes permettant de retrouver les personnes disparues.
Karin Nahon et son équipe transmettent l'information aux militaires, à la police ou aux services secrets. «Nous travaillons en étroite collaboration», déclare le responsable du programme Données, gouvernement et démocratie de l'Université Reichman. L'endroit est désormais à nouveau fermé, mais la recherche des personnes disparues se poursuit. «Une cinquantaine de personnes travaillent actuellement intensivement sur les quelques dossiers encore ouverts», précise Karin Nahon.
A l'avenir, la chercheuse souhaite pouvoir continuer à appliquer ce programme. «Nous avons accumulé beaucoup de connaissances spécialisées. Si une autre catastrophe comme celle-ci se produit, nous devons être prêts.»