International
géorgie

La Suissesse Sibel Arslan raconte les élections en Géorgie

Hommes en noir et caméras: cette élue suisse raconte les élections en Géorgie

Après les élections en Géorgie, le gouvernement pro-russe et l'opposition orientée vers l'Occident se disputent le résultat. La conseillère nationale bâloise Sibel Arslan s'est rendue sur place en tant qu'observatrice internationale des élections, elle raconte.
29.10.2024, 11:5329.10.2024, 13:34
Remo Hess / ch media
Plus de «International»

Chaos en Géorgie après les élections législatives: le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, de plus en plus autocratique et pro-russe, revendique la victoire avec près de 54% des voix. L'opposition pro-européenne accuse le parti au pouvoir de fraude et d'avoir «volé» les législatives. La commission électorale a annoncé un recomptage des votes mardi dans 14% des bureaux.

A leur côté se trouve la présidente pro-occidentale Salomé Zourabichvili, qui accuse la Russie d'avoir massivement interféré dans les élections et faussé le résultat. Avec les partis d'opposition, elle a appelé à des manifestations de masse et a exhorté les pays occidentaux à lui apporter leur soutien.

Des électeurs votent dans un bureau de vote à Tbilissi, en Géorgie, lors des élections parlementaires du 27 octobre 2024. PUBLICATIONxINxGERxSUIxAUTxESTxLTUxLATxNORxSWExDENxNEDxPOLxUKxONLY Copyright:  ...
Image: www.imago-images.de

En effet, les observateurs internationaux des élections de l'Organisation pour la sécurité et la coopération (OSCE) et du Conseil de l'Europe parlent de nombreuses irrégularités. Il y aurait eu des intimidations, des achats de voix et d'autres formes d'influence.

La Suissesse Sibel Arslan, conseillère nationale (Verts/BS), était l'une des 500 observatrices et observateurs des élections.

Sibel Arslan, GP-BS, spricht zur Grossen Kammer, an der Fruehjahrssession der Eidgenoessischen Raete, am Mittwoch, 2. Maerz 2022 im Nationalrat in Bern. (KEYSTONE/Alessandro della Valle)
Sibel Arslan au Parlement, en mars 2022.Keystone

Avec un collègue britannique, elle s'est rendue dans le quartier d'Isani de la capitale Tbilissi le dimanche des élections, de 7 heures du matin à bien après minuit. Au téléphone, elle nous explique qu'elle a notamment remarqué les nombreux jeunes électeurs et électrices qui se sont engagés pour un rapprochement de leur pays avec l'UE.

Sibel Arslan avec son collègue britannique devant un bureau électoral dans la capitale géorgienne Tbilissi.
Sibel Arslan avec son collègue britannique devant un bureau électoral dans la capitale géorgienne Tbilissi.Image: dr

En revanche, elle ne peut pas dire si les résultats des élections sont valables ou s'ils ont été «falsifiés» comme le prétend la présidente Zourabichvili. Le rapport final de la mission d'observation n'est attendu que dans quelques jours. Selon Arslan, qui se trouve en Géorgie jusqu'à mardi, tout s'est déroulé de manière ordonnée dans les bureaux de vote qu'elle a inspectés elle-même. Elle a pu accéder partout et n'a jamais été empêchée d'exercer sa mission.

Des hommes en noir devant le bureau de vote

Mais ce qui l'a frappée, c'est la présence de nombreuses caméras dans les bureaux de vote. Les électeurs se sentaient épiés. Etrangement, il n'était pas toujours possible de déterminer qui avait installé les caméras, même en posant la question. L'emplacement des appareils a constitué un obstacle au respect du secret du vote.

De plus, elle a remarqué la présence de groupes d’hommes vêtus de noir, qu’elle a rencontrés à plusieurs reprises à proximité immédiate des bureaux de vote. D’autres observateurs électoraux présents sur place lui ont rapporté que ces hommes tentaient d’influencer les électeurs, bien qu’elle-même n’ait pas pu l’observer directement.

L'objectif était d'inciter les gens à glisser un scrutin en faveur du parti de leur choix. C'est surtout vers la fin des élections que ces actes se sont multipliés. Arslan estime: «Selon ces observations, il s'agissait clairement d'exercer un contrôle social». La conseillère nationale bâloise n'a pas pu dire qui étaient ces hommes et s'ils étaient payés par quelqu'un.

Accusations d'ingérence et d'influence

A Moscou, le Kremlin a démenti toute ingérence dans les affaires de son voisin du sud. Au contraire, il accuse l'Occident d'avoir exercé des pressions et tenté d'influencer le résultat.

Irakli Kobakhidzé, premier ministre géorgien (3ᵉ à gauche), reçoit le premier ministre hongrois Viktor Orban (3e à droite) pour un dîner officiel à Tbilissi, le 28 octobre 2024.
Irakli Kobakhidzé, premier ministre géorgien (3ᵉ à gauche), reçoit le premier ministre hongrois Viktor Orban (3e à droite) pour un dîner officiel à Tbilissi, le 28 octobre 2024.Image: EPA

Le premier ministre hongrois pro-russe, Viktor Orbán, joue à nouveau un rôle particulier dans cette affaire. Il a, en effet, félicité, dimanche, le gouvernement géorgien pour sa victoire, avant même la fermeture des bureaux de vote. Peu après, il a annoncé à grands bruits, un voyage à Tbilissi pour apporter son soutien au gouvernement

De son côté, la Commission européenne, à Bruxelles, a précisé qu’Orbán agissait en son nom propre en tant que chef du gouvernement hongrois et non au nom de l'UE dans son ensemble. Elle a demandé une enquête indépendante et rapide sur les irrégularités électorales.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

E-cop François, un flic vaudois sur Tiktok
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
La fille de Gisèle Pelicot porte plainte contre son père
Caroline Darian a annoncé jeudi avoir déposé plainte contre Dominique Pelicot, condamné au terme d'un procès historique pour avoir drogué sa femme afin de la faire violer par des inconnus.

«C'est important pour moi de véhiculer ce message pour que les autres victimes qui ont aussi vécu la soumission chimique puissent se dire qu'il y a des choses à faire, il y a des recours, et il ne faut jamais lâcher», a déclaré Caroline Darian, la fille de Dominique Pelicot.

L’article