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Guerre contre l'Ukraine

Russie: l'économie de guerre de Poutine défie les sanctions

L'économie de guerre de Poutine défie les sanctions occidentales.
La Russie produit deux fois plus de chars par année qu'avant le début de la guerre.keystone / montage watson

La machine de guerre de Poutine se moque des sanctions

Les sanctions inédites imposées à la Russie par l'Occident n'auraient que peu d'effet. D'après le New York Times, la production d'armes russes a retrouvé son niveau d'avant-guerre. Et même plus.
14.09.2023, 18:4715.09.2023, 17:42
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t-online

Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas: les mesures financières occidentales prises contre la Russie n'ont que peu d'effet. Lors d'une interview, elle a déclaré:

«Les sanctions devraient avoir un impact économique. Or,ce n'est pas le cas»
Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères

Le constat s'impose, même s'il est amer: l'économie russe est en pleine croissance, et ce malgré des sanctions d'une sévérité sans précédent imposées par l'Occident.

Il faut dire que Vladimir Poutine a mis en place une véritable économie de guerre pour alimenter son invasion de l'Ukraine. Les investissements massifs de l'Etat dans la production d'armes et de munitions compensent l'effondrement des secteurs de haute technologie, qui assuraient la croissance de l'économie russe avant l'invasion.

Des coupes drastiques

A la fin de l'année dernière encore, la situation était loin d'être rose: selon les données des économistes de l'Union européenne, la performance annuelle économique de la Russie avait diminué de 2,1%. Selon les estimations de l'UE, la production de véhicules automobiles a par exemple chuté de 48%, et la production d'ordinateurs, d'électronique et d'optique de 8%.

Mais depuis ce printemps, elle semble s'être redressée: le produit intérieur brut a augmenté de 3,6% en avril et même de 5,8% en mai. Pour ce faire, l'Etat russe a dû procéder à des coupes sévères. Les montants alloués aux écoles, aux hôpitaux et aux routes ont été réduits afin de consolider le budget. Mais le Kremlin disposait apparemment encore d'une marge de manœuvre financière suffisante pour stimuler fortement sa production d'armements.

Avec succès: le New York Times, qui cite des officiels occidentaux, affirme que les restrictions à l'exportation n'ont ralenti la production d'armement russe que les six premiers mois après le début de l'invasion, en février 2022. La situation s'est inversée à la fin de l'année dernière. Les prix élevés de l'énergie ont notamment aidé considérablement ce pays exportateur de pétrole et de gaz à réorienter son économie.

Mais ce n'est pas tout. Cela est aussi dû à de nouvelles routes commerciales avec les nouveaux partenaires de Poutine, mais aussi des canaux de contrebande ouverts par les services secrets russes. Ces routes informelles passeraient en partie par l'Arménie et la Turquie et permettraient l'importation de composants critiques pour la production d'armes, comme les puces électroniques, selon le New York Times.

Sept fois plus d'obus produits qu'en Occident

La forte concentration sur l'armement – près d'un tiers du budget de l'Etat est consacré à l'armée – a manifestement porté ses fruits. Aujourd'hui, la production russe d'armes et de munitions se situe à nouveau au niveau d'avant-guerre voire au-dessus, selon le New York Times qui cite ses mêmes sources.

Ainsi, avant l'invasion, 100 chars pouvaient sortir d'usine chaque année. Ce chiffre a doublé aujourd'hui. Les fonctionnaires occidentaux estiment en outre que Moscou pourra bientôt tabler sur deux millions d'obus d'artillerie par an, soit deux fois plus que les estimations précédentes. La Russie fabrique déjà plus de munitions que les Etats-Unis et l'Europe réunis. Selon un haut fonctionnaire de la défense estonien, la Russie produirait actuellement pas de loin de sept fois plus de munitions que l'Occident.

Le quotidien new-yorkais explique cette situation par des coûts de production beaucoup plus avantageux. Moscou accorde également moins d'importance à la sécurité et à la qualité, un obus d'artillerie russe de 152 millimètres coûte l'équivalent de 460 euros. Un obus occidental de taille comparable, comme celui de 155 millimètres de l'OTAN, coûte environ 4 600 à 5 600 euros, soit dix fois plus.

Un hiver «sombre et froid» pour les Ukrainiens

Les fonctionnaires américains s'inquiètent surtout de la recrudescence de la fabrication de missiles russes, écrit le journal. Ils craignent un «hiver particulièrement sombre et froid» pour les Ukrainiens. La Russie bombarde régulièrement le réseau électrique ukrainien et d'autres infrastructures critiques afin de briser le moral de la population et de répandre la terreur. L'hiver dernier, des milliers de personnes ont dû se passer d'électricité et de chauffage.

Les Occidentaux comptent donc sur la livraison de systèmes de défense antiaérienne supplémentaires pour contrer les tirs de missiles russes. «Les Ukrainiens se sont améliorés dans la protection de leurs infrastructures», indique le New York Times en citant le responsable estonien. Désormais, ils peuvent «s'assurer que les coupures d'électricité et autres pannes d'approvisionnement n'aient pas d'aussi graves conséquences».

Traduit de l'allemand par Valentine Zenker

La catastrophe du barrage Kakhovka en images
Video: watson
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