Les drones iraniens Shahed constituent déjà un élément important de la guerre contre l'Ukraine. Il se pourrait pourtant que Téhéran fournisse encore davantage à son allié: des missiles balistiques. Jusqu'à présent, une résolution de l'ONU a empêché cela. Mais celle-ci arrive à son terme, ce qui ouvre de nouvelles possibilités à l'Iran.
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La résolution 2231 des Nations unies, adoptée en 2015, portait sur l'interdiction de développer des armes nucléaires. Un accord complémentaire interdisait également au régime d'exporter des missiles sans l'autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU.
Cet accord expire en octobre et la Russie pourrait donc se servir en toute légalité de l'arsenal iranien. Des missiles d'une portée de plus de 300 kilomètres, qui étaient jusqu'à présent soumis à des sanctions, risquent de s'avérer des plus intéressants pour Poutine.
Selon les termes de l'accord, officiellement connu sous le nom de «Plan d'action global commun», certaines sanctions des Nations unies expirent le 18 octobre en vertu d'une clause d'expiration.
Il existe déjà des premiers signes indiquant que la Russie pourrait se lancer dans des achats. Selon le groupe de réflexion américain Institute for the Study of War (ISW), le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou s'est récemment informé en détail sur l'armement à disposition lors d'une visite à Téhéran.
C'est ce que montrent également des enregistrements vidéo de la visite. Selon ces images, le ministre de Poutine s'est vu présenter une réplique d'un missile Ababil. Ce dispositif peut parcourir jusqu'à 86 kilomètres et est tiré par des avions.
Les missiles Fateh-100 et Zolfaghar devraient être encore plus intéressants. Depuis un an déjà, des informations circulent selon lesquelles Moscou serait intéressé par ces armes et qu'un accord de principe aurait été trouvé avec le régime de Téhéran.
Lors de la visite de Sergueï Choïgou, on lui aurait également montré un modèle d'une version hypersonique du Fateh. Ces engins peuvent voler jusqu'à 350 kilomètres et sont guidés vers leur cible par GPS. Ils peuvent transporter jusqu'à 650 kilogrammes d'explosifs, rapporte l'ISW. Le modèle Zolfaghar peut même voler sur une distance de 700 kilomètres.
Certes, le président ukrainien Volodymyr Zelensky lui-même a déclaré il y a quelques jours que, selon ses connaissances, l'Iran n'avait jusqu'à présent pas livré de missiles à la Russie. Mais la situation pourrait changer. Selon un rapport du journal ukrainien Defense Express, il est possible que l'Iran ait déjà reçu des commandes et produit un stock. Le pays n'attendrait que le moment opportun pour les livrer.
Selon des rapports de presse datant d'avril, l'Iran avait déjà négocié en secret la livraison de perchlorate d'ammonium de Russie et de Chine: un élément important dans les missiles à propulsion solide.
Des capacités suffisantes pour les livraisons vers la Russie sont apparemment disponibles. L'ISW écrit dans une analyse:
L'institut américain poursuit: «L'Iran a transféré des missiles à ses mandataires dans toute la région, prouvant ainsi que ses capacités de production peuvent couvrir aussi bien les besoins nationaux qu'étrangers.»
Pour l'Iran, ces exportations seraient une belle occasion de faire rentrer de l'argent dans les caisses vides de l'Etat. Les services secrets britanniques auraient déjà rapporté en juillet que l'une des raisons des livraisons de drones iraniens à la Russie était que les dictateurs religieux étaient à court d'argent.
L'économie iranienne stagne. Le taux d'inflation est de 46,1% selon les données officielles. Toutefois, d'après l'ISW, les recettes des ventes d'armes à la Russie ne devraient pas suffire. La cause des problèmes économiques ne serait alors pas résolue pour autant.
Pour la Russie, cela n'a probablement aucune importance. Les sirènes hurlent presque quotidiennement en Ukraine en raison d'attaques aériennes. Ce sont souvent des essaims de drones iraniens qui attaquent à la tombée de la nuit. Moscou mise également sur la terreur des missiles. Alors qu'au début de l'année, on spéculait encore sur la durée des réserves de missiles russes, le quotidien montre que celles-ci sont manifestement loin d'être épuisées.
Si l'Iran peut prochainement réapprovisionner ses stocks, cela pourrait prolonger la guerre. L'Ukraine peut certes intercepter des missiles, mais uniquement grâce aux systèmes occidentaux modernes comme le Patriot et le SAMP/T. Si les Etats-Unis, dans le cadre de leur différend budgétaire, n'autorisent pas l'octroi de fonds supplémentaires à l'Ukraine, le ravitaillement pourrait devenir insuffisant.
Traduit et adapté par Nicolas Varin