Leurs missions sont secrètes et dangereuses. Ils opèrent loin derrière les lignes russes, coordonnés par le National Resistance Center (NRC), une branche de l'armée ukrainienne. Lorsqu'un missile Storm Shadow a touché de nombreux soldats russes sur une plage fin juillet, ce sont eux qui ont communiqué la position à attaquer. Aujourd'hui, pour la première fois, un porte-parole du NRC s'exprime au sujet de ces actions cachées.
Pour des raisons de confidentialité, il se fait appeler Ostap. Dans une interview accordée au journal ukrainien Kyiv Post, il raconte que le NRC a été créé par les forces spéciales de l'armée dans le but de former et de coordonner les mouvements contre l'occupation de l'Ukraine. Cela comprend le soutien aux partisans, mais aussi le renseignement.
Les actes de sabotage ne sont que rarement rendus publics. Le Kyiv Post écrit par exemple que des résistants ont attaqué une base militaire russe, à Marioupol. Jeudi, le maire en exil Petro Andrushenko a rapporté sur Telegram qu'il y avait eu «des tentatives d'incendie du groupe de résistance Y de Marioupol». Quelques jours auparavant, un baraquement des troupes russes avait été incendié.
En juillet, les services secrets ukrainiens ont signalé des explosions dans des dépôts de munitions en Crimée, causées par des sabotages.
Le groupe le plus actif dans ce domaine serait celui appelé Atesh, ce qui signifie «feu convaincu». Ses membres appartiennent à la minorité tatare.
Lorsque, dans les premiers jours de l'invasion, les troupes russes se sont dirigées vers Kiev, le gouvernement s'est préparé à ce qu'il y ait des combats de rue, et les habitants ont commencé à fabriquer des cocktails Molotov avec des produits ménagers.
Mais l'accent est désormais mis sur les habitants des territoires occupés par la Russie.
Les cibles potentielles sont ensuite transmises à l'armée, comme les soldats russes rassemblés sur la plage, le mois passé.
Il ne s'agit pas seulement d'observations, mais aussi de sabotage actif. «Un plombier sait exactement comment visser les tuyaux pour causer des dommages à l'ennemi. Un électricien sait où et comment tordre les fils pour provoquer un court-circuit et laisser l'administration d'occupation sans lumière», explique Ostap pour décrire le travail du mouvement de résistance.
Le mouvement tente d'exercer une pression psychologique sur les occupants et leur refuse toute coopération. Certaines actions sont presque comiques, comme le raconte Ostap. En février, des habitants ont diffusé l'hymne national ukrainien à l'aide de haut-parleurs Bluetooth aux arrêts de bus où passent souvent des troupes russes.
La résistance ukrainienne prend exemple sur celle de la France contre l'occupation par les troupes allemandes nazies. A l'époque, le constructeur automobile Citroën n'a pas pu s'opposer à la construction de véhicules pour l'occupant. Il a alors raccourci la jauge d'huile, ce qui a entraîné des pannes de moteur pour des centaines de voitures.
Selon le représentant de la résistance, le soutien est si important qu'il est difficile de contrôler le mouvement. Il y a tellement de partisans sur la péninsule de Crimée que la Russie a envoyé davantage d'agents secrets, selon Ostap.
Parmi les résistants de la péninsule, on trouve également l'organisation Yellow Ribbon (rubans jaunes). Composée d'environ 2000 personnes, elle dénature les affiches et autres symboles de l'occupation avec de la peinture jaune.
Le groupe a opté pour des méthodes de résistance non violentes parce qu'il pense pouvoir unir davantage de personnes de cette manière, rapporte le Kyiv Independent. Mais ces actions de guérilla visent surtout à déstabiliser les occupants russes. Selon le média en ligne ukrainien, le groupe partisan Combap Seagulls (Combat des mouettes) tente quant à lui d'aider activement par des sabotages. Ils lancent par exemple des cocktails Molotov contre des installations russes.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder