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Guerre contre l'Ukraine

Kazakhstan: Macron cherche de l'uranium

Le président kazakh, Kassym-Jomart Kemelouly Tokaïev, français, Emmanuel Macron et Russe Vladimir Poutine.
Le président kazakh, Kassym-Jomart Kemelouly Tokaïev, français, Emmanuel Macron et russe Vladimir Poutine.Image: imago/shutterstock/watson

Macron marche sur les plates-bandes de Poutine

Mercredi et jeudi, le président français se rend au Kazakhstan et en Ouzbékistan dans la zone d'influence directe de la Russie. Et ce n'est pas le seul à se tourner vers l'Asie centrale.
31.10.2023, 11:3831.10.2023, 14:13
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Le Kazakhstan et l'Ouzbékistan s'apprêtent à accueillir le président français, Emmanuel Macron, attiré par leur uranium et leur pétrole. Une visite peu anodine alors que la Russie mène toujours une guerre d'agression contre l'Ukraine et que ces deux ex-Républiques soviétiques sont, en effet, toujours dans la zone d'influence russe. Le voyage du Français, qui s'inscrit dans une nouvelle tendance mondiale d'un regain d'intérêt pour cette région, vise deux objectifs.

Kazakhstan et Ouzbékistan.
Image: watson

L'indépendance énergétique

Le voyage cherche à renforcer la sécurité énergétique de la France, indiquent deux sources proches du dossier à Bloomberg. En effet, notre voisin mise largement sur le nucléaire et depuis longtemps pour son approvisionnement énergétique.

Or, produire de l'énergie atomique demande de l'uranium, une ressource dont la France ne dispose pas dans son sous-sol. Auparavant, c'est sur le continent africain que le pays s'approvisionnait et dans un pays en particulier: le Niger. Mais l'entreprise française Orano – anciennement Areva – a dû cesser de traiter le précieux minerai dans l'une de ses installations de la république saharienne, explique Bloomberg. En effet, les sanctions internationales contre la junte militaire entravaient la logistique.

Le voyage du président français est aussi un enjeu important à l'échelle européenne. Le Niger était, l'an dernier, le deuxième plus grand fournisseur de l'Union européenne en matières premières après – justement – le Kazakhstan, explique Bloomberg.

La mission française sert donc, en quelque sorte, de tête de pont pour l'Union européenne en matière de diversification des sources d'approvisionnement hors de la Russie, dont l'UE était fortement dépendante, notamment dans le domaine du fossile. Et c'est aussi justement le pétrole qui intéresse la France (et l'UE). En effet, l'Asie centrale en est riche. D'ailleurs, en plus d'être le plus grand fournisseur d'uranium de la France, en 2022, le Kazakhstan a également été sa deuxième plus importante source de pétrole brut, selon les chiffres du ministère français de l'Economie.

Le détachement de la Russie

Mais le voyage d'Emmanuel Macron est important à plus d'un chef, car il s'inscrit dans un mouvement beaucoup plus large. En effet, les républiques d'Asie centrales sont très dépendantes de leur puissant voisin russe avec lequel elles partagent un passé commun. Mais cette relation est largement asymétrique en faveur de la Russie. Une lecture que font les diplomates Occidentaux – et notamment les Français qui se sont confiés à Bloomberg –, est la suivante: la guerre en Ukraine a perturbé les relations établies de longue date dans la région, ce qui crée une opportunité.

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Et ce ne sont pas les seuls à la voir cette ouverture. La riche région suscite l'appétit de la Chine qui y étend son influence grâce au projet d'infrastructure des Nouvelles routes de la soie. Les Etats-Unis cherchent, eux aussi, à y renforcer leur présence politique. Et ce n'est pas tout. Les membres du G7 ont conjointement décidé de renforcer leurs partenariats avec le Kazakhstan, d'après un diplomate bien informé. Une décision stimulée par l'invasion de l'Ukraine et renforcée par des préoccupations liées à l'influence de la Chine dans la région.

Mais l'Union européenne n'est pas en reste. Et notamment grâce à la France qui possède déjà d'importants investissements, via justement Orano. L'expert du nucléaire exploite des gisements d'uranium au Kazakhstan via une coentreprise avec Kazatomprom, une société en mains de l'Etat kazakh. Approfondir la présence d'Orano figurerait au menu des discussions, aurait confié une source à Bloomberg.

Notons encore que pas plus tard que la semaine dernière, les ministres des Affaires étrangères du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan ont rencontré leurs homologues des 27 Etats membres de l'UE pour la première fois... Pas de doute, la diplomatie européenne bouge ses pièces dans l'arrière-cour de Poutine et Macron suit la tendance. (jah)

L'Ukraine a développé une «cape d'invisibilité» pour ses soldats
Video: watson
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