La frappe a atteint Groza aux alentours de 13h15, ce jeudi. Le petit village, situé dans l'est de l'Ukraine, se trouve à proximité de la ligne de front, régulièrement ciblée par les bombardements russes. Les forces de Moscou mènent actuellement une offensive dans cette zone pour tenter de reprendre du terrain.
L'impact de la frappe a été dévastateur: le projectile a entièrement détruit un magasin et un café au moment où une soixantaine de personnes s'y trouvaient après un enterrement, a précisé le ministre de l'Intérieur, Igor Klymenko.
Au moins 51 d'entre eux, dont un garçon de six ans, ont perdu la vie. Ce bilan risque de s'alourdir, car «cinq à sept personnes pourraient se trouver sous les débris», a prévenu le ministre. Sept personnes ont été blessées. Le village de Groza ne compte que 330 habitants, sa population a donc été décimée.
Les autorités ukrainiennes ont tout de suite accusé la Russie. Volodymyr Zelensky a parlé d'un «crime russe manifestement brutal», tandis que son conseiller Mykhaïlo Podoliak a dénoncé une «attaque insidieuse qui n'a aucune logique militaire».
Selon les données préliminaires, la frappe a été effectuée à l'aide d'un missile balistique Iskander. Les Nations unies partagent cet avis: «Tout porte à croire qu'il s'agit d'un missile russe», a affirmé, vendredi, Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme.
Les Européens et les Américains ont clairement accusé la Russie d'être à l'origine du bombardement. «Tuer des civils est un crime de guerre», a par exemple réagi sur X l'ambassadeur allemand en Ukraine Martin Jaeger, tandis qu'Alain Berset a souligné que «le droit international humanitaire doit être respecté à tout prix».
La frappe contre Groza pourrait être la plus meurtrière ayant eu lieu dans la région de Kharkiv depuis le début de l'invasion russe le 24 février 2022. Elle pourrait également être l'une des plus sanglantes de toute la guerre.
Les attaques de missiles ciblant des infrastructures civiles ne sont en effet pas rares, et les conséquences sont pafois tragiques. Fin juin 2023, une frappe avait ciblé une pizzeria à Kramatorsk, à un moment de grande fréquentation, tuant dix personnes.
Une année auparavant, le 27 juillet, un missile russe avait détruit un centre commercial à Krementchouk. Plus de 1000 personnes se trouvaient dans la structure, qui a pris feu. L'attaque a fait 20 morts et 59 blessés.
La Russie n'a pas démenti être à l'origine de la frappe à Groza. Le Kremlin se défend habituellement en affirmant ne viser que des installations militaires.
Le centre commercial bombardé à Krementchouk était, en effet, situé à proximité d'une usine de machines. L'armée russe a pourtant utilisé un ancien missile, imprécis et imprévisible, prenant ainsi le risque de tuer des civils.
Mais cet argument ne tient pas dans le cas de Groza: «Il ne semble pas y avoir de cibles militaires à proximité», a déclaré Elizabeth Throssell vendredi. (asi avec les agences)