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Guerre contre l'Ukraine

Ukraine: des soldats russes capturés racontent

«J'ai peur de rentrer en Russie»: des soldats capturés racontent

En plus de gagner un peu de terrain, l'Ukraine fait également des prisonniers lors de sa contre-offensive. Certains d'entre eux regrettent désormais de s'être battus pour Poutine.
22.06.2023, 12:0022.06.2023, 17:41
Tobias Esser
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t-online

Malgré de nombreuses tentatives de médiation internationale, rien n'indique la fin de la guerre contre l'Ukraine. Il y a environ deux semaines, l'armée ukrainienne a lancé sa contre-offensive tant attendue. L'objectif? Reconquérir le plus grand nombre possible de territoires occupés par les troupes russes.

Selon les observateurs, l'Ukraine progresse et avance lentement mais sûrement dans les territoires occupés par les Russes. Toutefois, l'armée ukrainienne n'aurait pas encore atteint les positions russes les mieux défendues.

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Malgré tout, plusieurs villages ont été reconquis et le nombre de prisonniers de guerre russes est en augmentation.

Le Wall Street journal (WSJ) a eu l'occasion de s'entretenir avec certains d'entre eux, notamment un groupe d'une vingtaine de soldats qui se sont rendus après de violents échanges de tirs avec l'armée ukrainienne près de la petite ville de Velyka Novosilka, dans l'Oblast de Donetsk.

Que pensent les prisonniers de la guerre et de leur rôle dans celle-ci? Comment s'est déroulée leur reddition?

«Personne ne veut mourir»

Anatoli est originaire des montagnes de l'Altaï, une région dans le sud de la Sibérie, à la frontière de la Chine et de la Mongolie. Il raconte au WSJ comment son unité s'est terrée en attendant l'arrivée des soldats ukrainiens. «Tout le monde était silencieux et se demandait de quel côté ils allaient avancer.» Il poursuit:

«Nous tremblions de peur, car personne ne veut mourir. Nous espérions simplement que la contre-offensive ukrainienne n'arriverait pas»
Anatoli

Le soldat décrit la propagande russe répandue dans son pays: «On nous a dit que les Ukrainiens étaient tous des nazis. Nous avons entendu cela partout». Anatoli a initialement été engagé comme chauffeur et mécanicien. Mais, en mai, il a été envoyé sur le front, dans une position défensive entre les arbres près de Velyka Novossilka.

La semaine dernière, il y a eu deux jours sans combats. Ce n'était que le calme avant la tempête: «Ensuite, une attaque violente a commencé». Le combat lui-même aurait été totalement chaotique.

«J'ai essayé de voir l'ennemi entre les tirs d'artillerie et les tirs de mortier. Mais je n'ai pu apercevoir personne»
Anatoli

Quelques minutes plus tard, les troupes ukrainiennes ont atteint sa position. Elles auraient jeté des grenades dans les tranchées, tuant ainsi ses camarades, dont son ami Georgi. «Je suis sorti de la tranchée en courant et en criant "je me rends, je me rends"», raconte le soldat.

Recruté en prison puis menacé de mort

Anton de Saint-Pétersbourg fait également partie des prisonniers de guerre interviewés par le Wall Street Journal. Le groupe paramilitaire russe «Sturm Z» l'avait recruté en prison alors qu'il purgeait une peine pour avoir vendu de la drogue, a-t-il raconté. En échange de six mois de service militaire, on lui aurait promis de le libérer.

Peu de temps après son recrutement, il s'est rendu compte que sa vie n'avait aucune valeur aux yeux des commandants de l'armée russe. Selon ses dires, son unité, composée de nombreux détenus recrutés, n'avait pas le droit de battre en retraite. S'il avait désobéi à cet ordre, il aurait été abattu par les «Zagradotrjad» — c'est ainsi que l'on appelle les troupes de blocs dans l'armée russe qui doivent empêcher le retrait de leurs propres unités par la force si nécessaire.

«Si nous battons en retraite, ils nous tirent dessus»
Anton de Saint-Pétersbourg

La semaine dernière, il a été blessé près de Velyka Novosilka. Des projectiles l'auraient atteint à la jambe et au bras. Anton explique au WSJ que lui et d'autres blessés avaient alors crié aux troupes ukrainiennes qu'ils voulaient se rendre.

Il ne veut pas retourner en Russie

«Le moral est assez bas», rapporte également Dmitri. Il vient de l'Extrême-Orient, la région de la Russie qui borde l'océan Pacifique. Lui et ses camarades n'ont guère été préparés au combat:

«Nous avons seulement suivi un bref entraînement au tir et appris les bases des premiers secours»

Il a ensuite été affecté avec son unité à la défense du petit village de Staromajorske, situé au sud de Velyka Novosilka.

Dans le Wall Street Journal, il a raconté avec émotion au moment où son unité a été prise sous le feu ukrainien: «Ils nous ont tiré dessus avec des tanks, des mortiers et de l'artillerie». Il a alors été pris de panique. Avec un camarade, il est sorti de sa tranchée les mains en l'air et s'est rendu.

Dmitri a surtout peur d'un éventuel échange de prisonniers. Il ne peut pas être sûr de la manière dont les services secrets russes (FSB) le traiteront. «Si j'en ai la possibilité, je refuserai d'être échangé.»

La catastrophe du barrage Kakhovka en images
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