Pour la deuxième fois en moins d'une année, le pont reliant la Crimée annexée à la Russie a été secoué par des explosions. Une partie de la structure a en effet été endommagée dans la nuit de dimanche à lundi suite à deux détonations, vers trois heures du matin.
Après avoir évoqué un «incident» dans un premier temps, les autorités russes ont officiellement parlé d'un «acte de terrorisme» perpétré par l'Ukraine. Dans une déclaration particulièrement dure, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a accusé Kiev et ses alliés occidentaux:
Deux personnes ont perdu la vie dans l'incident, ont encore rapporté les autorités russes. «Deux civils, un homme et une femme roulant dans une voiture de tourisme sur le pont, ont été tués», a affirmé dans un communiqué le Comité d'enquête russe, précisant également que leur fille avait été blessée.
Les images circulant sur les réseaux sociaux et partagées par les médias d'Etat russes montrent une portion de la section routière du pont partiellement effondrée. La section ferroviaire n'a pas été touchée et la circulation y a repris dans la matinée, ont indiqué les autorités de Crimée.
Les dégâts semblent plus importants sur la partie inférieure du pont, où une structure métallique tordue et calcinée est clairement visible. Cela laisse supposer que l'explosion s'est produite au-dessous du pont, indique l'analyste Benjamin Pittet sur Twitter. Il ajoute:
Les autorités ukrainiennes ont réagi comme à leur habitude d'un ton moqueur, de manière floue et en entretenant le doute. «Le pont de Crimée est une structure instable», a par exemple déclaré le directeur du renseignement militaire, Kyrylo Boudanov. Mykhaïlo Podoliak, conseiller du président Zelensky, a écrit sur Twitter:
Il est intéressant de noter que Kiev avait réagi de la même manière au lendemain de l'explosion qui avait gravement endommagé le pont de Crimée, le 8 octobre dernier. Les autorités ukrainiennes ont entretemps revendiqué être à l'origine de cette première attaque: «Il y a 273 jours, nous avons lancé la première frappe sur le pont de Crimée pour perturber la logistique russe», a écrit la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Malyar, le 9 juillet.
Il s'agit donc d'une stratégie déjà observée, ce qui laisse penser que Kiev soit effectivement derrière les explosions. De plus, une source ukrainienne a indiqué lundi matin à l'AFP que l'attaque a été menée par les services spéciaux et les forces navales ukrainiens à l'aide de «drones navals».
Ce qui est sûr, c'est que le pont revêt une importance centrale pour Moscou. L'ouvrage est situé sur une position stratégique et constitue un passage essentiel au transport des troupes déployées en Ukraine.
La Crimée sert en effet de base arrière aux forces russes pour leur invasion en Ukraine, notamment pour l'envoi de renforts et la maintenance d'équipements. Les quelques ponts reliant la péninsule au sud occupée de l'Ukraine sont essentiels à la conduite des opérations militaires de Moscou.
George Barros, analyste chez le centre de réflexion «Institute for the Study of War», fait remarquer que le pont est une structure très importante sur le plan logistique:
En attendant de voir l'étendue des dégâts, la Russie a déjà pris des mesures de rétorsion: Moscou a suspendu l'accord sur l'expédition de céréales ukrainiennes via la mer Noire. (asi)