La situation reste critique pour les Ukrainiens à Bakhmout. Après plus de neuf mois de combats à haute intensité, les forces russes contrôlent désormais une large partie de la ville, théâtre de la plus longue bataille du conflit.
Le groupe Wagner, qui assure le gros des combats dans le secteur, continue de nettoyer progressivement les positions ukrainiennes dans le centre-ville, rapportent mardi les services de renseignement britanniques. Le patron de la milice privée, Evgueni Prigojine, a récemment assuré que les forces de Kiev ne contrôlaient que 1,6 km² de Bakhmout.
👉Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine👈
Les données recueillies par les cartographes bénévoles du collectif War Mapper montrent l'ampleur de l'avancée russe. Les deux cartes ci-dessous comparent la situation au 22 décembre 2022 et au 16 mai 2023: le territoire contrôlé par les occupants, en rouge, s'étend désormais à la presque totalité de la ville:
«Tout est difficile à Bakhmout et dans ses environs. Très», commentait ce lundi sur Telegram Hanna Malyar, vice-ministre ukrainienne de la Défense. Et pourtant, malgré la dureté de la situation, les défenseurs sont parvenus à réaliser des avances territoriales ces derniers jours, les premières depuis un long moment.
Le renseignement britannique évoque «des progrès tactiques réalisés au cours des quatre derniers jours». Les forces ukrainiennes auraient stabilisé les flancs de Bakhmout à leur avantage au sud de la ville et repoussé la ligne de front russe au nord-ouest. Hanna Malyar confirme:
Le centre de réflexion américain «Institute for the Study of War» (ISW) fait également état de «contre-attaques localisées à l'intérieur et autour de Bakhmout», sur la base de plusieurs déclarations formulées par des responsables ukrainiens.
Dimanche, Hanna Malyar a déclaré que les forces ukrainiennes avaient capturé plus de 10 positions russes dans les banlieues nord et sud de Bakhmout au cours de la journée. Elle a ajouté, le lendemain, que d'autres avancées non précisées avaient été effectuées en ville.
Ces avancées supposées sont pourtant très lentes. Le colonel Serhiy Cherevaty a indiqué dimanche que l'armée de Kiev avait «récemment progressé de 300 mètres dans certaines zones». C'est visiblement assez pour qualifier ces contre-attaques de «premiers succès dans la défense globale de Bakhmout», selon les mots du commandant du groupe des forces orientales ukrainiennes, Oleksandr Syrsky. Ce dernier a toutefois noté que «cette opération ne devait être perçue que comme un succès partiel».
Selon les responsables ukrainiens cités, l'objectif de la Russie reste le même. Les mercenaires de Wagner, épaulées par des forces aéroportées (VDV), «poursuivent leurs efforts pour achever la prise de Bakhmout et défendre les territoires occupés». Kiev chercherait surtout à détruire les zones de concentration ennemies, selon Serhiy Cherevaty, et pas à mener des assauts frontaux.
Si l'ISW reste prudent au sujet de ces avancées (l'institut n'ayant «pas observé de confirmation visuelle de nouvelles positions ukrainiennes autour de Bakhmout»), une personne conteste totalement l'issue des contre-attaques: Evgueni Prigojine.
Sollicité par un média russe, le chef de Wagner a répondu sur sa chaîne Telegram:
Prigojine s'est également exprimé sur la présence des troupes du VDV, rapportée par les responsables ukrainiens: «Quant à l'information récurrente selon laquelle les forces aéroportées nous aident, je ne sais pas, je ne les ai pas vues», assure-t-il. «En théorie, les forces aéroportées sont censées reprendre les positions perdues par d'autres unités. Mais, pour autant que je sache, ces positions sont toujours aux mains de l'ennemi». Malgré la situation, Bakhmout n'est peut-être pas (encore) près de tomber. (asi)