Avec Donald Trump, il n'y a pas grand-chose de bon marché et encore moins de gratuit. Le nouveau président américain veut que l'Ukraine lui fournisse des matières premières en échange de son aide militaire passée et future. L'Europe ne pourra désormais non plus compter sur les aides généreuses de protection américaine. Le vice-président JD Vance l'a affirmé dans un discours controversé prononcé vendredi lors de la Conférence sur la sécurité de Munich.
En Europe, et en Ukraine en particulier, on craint que les Américains ne négocient plus sur la base de l'équité, mais qu'ils cherchent avant tout à tirer le maximum de bénéfices pour eux-mêmes, sans tenir compte de leurs alliés de longue date.
Les détails qui filtrent sur une première offre américaine rejetée par Kiev montrent que ces craintes ne semblent pas totalement infondées. En échange d'une aide militaire et d'investissements en Ukraine, celle-ci devait continuer à recevoir des armes ainsi que des garanties de protection. Mais Volodymyr Zelensky a rejeté samedi une première proposition.
Des fonctionnaires ukrainiens proches du dossier ont détaillé au Washington Post la position de leur chef d'Etat. Selon eux, la proposition favorisait trop les intérêts américains. D'une part, elle ne contenait aucune garantie de sécurité concrète sur la manière dont les frontières seraient protégées contre une nouvelle agression russe.
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D'autre part, il manquait aussi des éléments concrets sur la manière de protéger les grands gisements de matières premières que les Etats-Unis veulent exploiter. Ceux-ci se trouvent, en effet, en partie à proximité de la zone de combat et sont encore en partie inexplorés. Un fonctionnaire a dit tout le mal qu'il pensait de l'offre remise par le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent:
Naturellement, les Américains voient les choses différemment. Brian Hughes, porte-parole de la Maison Blanche, a lui déclaré au Washington Post:
Selon Hughes, des relations économiques contraignantes avec les Etats-Unis sont la meilleure garantie d'une paix durable et la meilleure protection contre d'éventuelles agressions russes.
Zelensky s'était auparavant montré ouvert à un traité en ce sens. Mais pour justifier son refus samedi, il a précisé que «le vice-président a compris que nous ne signerons que si nous savons que cela va fonctionner».
Les Ukrainiens préparent maintenant une contre-proposition qui sera présentée aux Etats-Unis «dans un avenir proche». On pourra alors mieux jauger si le comportement des Américains ne relève que de la tactique de négociation - ou si le bien-être de leurs alliés de longue date ne leur importe réellement pas tant que cela.
(Adaptation française: Valentine Zenker)