Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a essuyé deux revers majeurs ce week-end: les Etats-Unis ne débloqueront plus d'argent pour soutenir militairement Kiev, du moins pour le moment. Et en Slovaquie, le nouveau gouvernement pourrait tourner le dos à Kiev.
Depuis le début de la guerre, la Slovaquie a livré de nombreuses armes à Kiev, pour une valeur totale de 670 millions d'euros. Mais les choses devraient bientôt changer, car Robert Fico vient de remporter les élections législatives en Slovaquie. Le leader du parti populiste Smer-SD, décrit comme «l'ami de Poutine», s’est engagé à arrêter les expéditions d’armes à Kiev. L'ancien premier ministre a fait un surprenant come-back politique, après avoir quitté le gouvernement il y a cinq ans.
«Le Smer-SD qui gagne, c'est une mauvaise nouvelle pour notre pays, pour notre démocratie et pour notre image à l'étranger», a affirmé ce week-end Michal Simecka, chef du parti Slovaquie progressiste.
Le Smer-SD a obtenu 23% des voix, devançant Slovaquie progressiste, qui a obtenu 18%, selon les résultats publiés ce dimanche. Le parti Hlas (Voix), à la ligne sociale-démocrate plutôt classique, se place en troisième position avec près de 15% des suffrages. Suite à la publication des résultats définitifs, la présidente slovaque a confié lundi la formation du nouveau gouvernement à Robert Fico.
Le Hlas pourrait jouer un rôle décisif. Le chef du parti, Peter Pellegrini, s'est immédiatement mis à disposition comme partenaire de coalition. Mais pendant la campagne, il n'était en aucun cas critique à l'égard de l'Ukraine ou de l'Otan, contrairement à Robert Fico, qui avait affirmé:
Robert Fico a également répété dans ses interventions la propagande du Kremlin selon laquelle les «fascistes ukrainiens» avaient déjà commencé la guerre dans le Donbass en 2014 et que l'invasion russe de 2022 n'était qu'une sorte de réponse défensive. Peter Pellegrini, quant à lui, ne voit aucune raison de réorienter la politique étrangère slovaque vers Moscou, mais veut continuer à ancrer solidement son pays dans l'UE et l'Otan.
On ne sait toutefois pas quels portefeuilles Peter Pellegrini souhaite obtenir pour son parti au sein du nouveau cabinet, et en quoi il pourrait se rallier à la ligne de Robert Fico. En tant que Premier ministre de 2018 à 2020,il n'avait pas fait preuve d'une grande force de caractère.
En cas de coalition entre le Smer-SD et le Hlas, la Slovaquie risque un démantèlement de la démocratie et un conflit permanent avec l'UE à la manière de Viktor Orban en Hongrie, le grand modèle politique de Robert Fico.
Il n'y a pas que la Slovaquie qui inquiète Volodymyr Zelensky. Quelques jours seulement après que le président ukrainien s'est rendu à Washington pour demander un soutien supplémentaire, la Chambre des représentants et le Sénat ont approuvé samedi un budget de transition pour les 45 prochains jours. Ce compromis a permis d'éviter une paralysie de l'administration avant le début de l'année fiscale, fixée au 1er octobre aux Etats-Unis. Le paquet de lois concocté à la hâte ne prévoit pas de nouvelles aides militaire et civile pour l'Ukraine.
Des démocrates influents ont toutefois assuré ce week-end qu'ils discuteraient immédiatement d'un crédit supplémentaire de 24 milliards de dollars. La Maison Blanche avait déjà demandé ce crédit en août. La situation reflète néanmoins l'opposition croissante des républicains au soutien de la guerre en Ukraine. La républicaine Marjorie Taylor-Greene a par exemple déclaré que beaucoup trop de moyens avaient déjà été accordés à Kiev. L'Ukraine «n'est pas le 51e Etat fédéral».
Dans un discours prononcé à Kiev ce week-end, Zelensky s'est montré combatif: l'Ukraine continuera à lutter, «avec ou sans l'aide de l'Occident».
Dimanche, le président américain Joe Biden a toutefois assuré que les Etats-Unis rétabliraient le financement de la guerre. Le département d'Etat à Washington a abondé dans ce sens. Un député d'origine ukrainienne a toutefois admis que la suspension du financement suscitait des inquiétudes à Kiev.
Traduit et adapté par Valentine Zenker