La reprise des hostilités au Moyen-Orient, il y a un mois, a quelque peu détourné l'attention de l'opinion publique occidentale de l'Ukraine. C'est vrai, les fronts sont figés depuis longtemps, mais les combats restent intenses dans plusieurs parties du pays.
«Les forces ukrainiennes poursuivent leurs opérations sans interruption dans plusieurs secteurs du front», résume le centre de réflexion américain Institute for the Study of War (ISW). Et la situation ne devrait pas changer de sitôt: Kiev a indiqué à plusieurs reprises que l'offensive se poursuivra au cours de l'hiver.
Voici la situation actuelle.
Les opérations ukrainiennes se concentrent dans les régions de Donetsk (est) et Zaporijia (sud). Depuis le début de la contre-offensive, lancée début juin, les troupes de Kiev se heurtent au puissant dispositif défensif dressé par les Russes l'hiver dernier. Pour cette raison, les avancées sont très limitées. Les derniers chiffres connus, datant de fin septembre, font état de quelque 370 km2 de territoire et de 14 villages libérés en près de cinq mois de combats acharnés. Aucun grand centre n'a pas encore été recapturé.
La dernière avancée notable remonte déjà à début septembre, quand l'armée ukrainienne avait repris le petit village de Robotyne, dans la région de Zaporijia, au prix d’immenses efforts et de lourdes pertes. Il s'agissait d'une conquête importante, la bourgade se trouvant à proximité de la première ligne défensive russe. Pourtant, malgré la poursuite des opérations, les positions se sont figées depuis cet exploit.
L'autre axe de la contre-offensive ukrainienne concerne la zone entourant la ville de Bakhmout, dans la région de Donetsk. Elle avait été capturée par les Russes en mai. Dans ce secteur du front, les avancées de Kiev sont encore plus modestes: on parle d'une cinquantaine de kilomètres carrés repris aux Russes.
La situation est plus dynamique dans la région de Kherson, où les Ukrainiens multiplient les incursions sur la rive orientale du Dniepr, occupée par les Russes. Ces dernières semaines, des affrontements ont éclaté dans plusieurs villages situés entre les villes de Kherson et Nova Kakhovka.
Ces raids se sont intensifiés au début de l'été, rapporte le Kyiv Independent. Il s'agit, pour l'heure, de petites opérations censées trouver des points faibles dans les défenses russes. Sans grands résultats, confiait un militaire au journal ukrainien. Malgré les combats, les forces de Kiev ne sont pas encore parvenues à prendre le contrôle d'aucun village de la rive est.
La géographie complique les opérations. Comme le seul pont reliant les deux rives à cet endroit a été détruit l'année dernière, les forces ukrainiennes doivent traverser le fleuve à bord de petits bateaux. Ces derniers ne sont pas suffisamment nombreux pour permettre à Kiev de lancer un débarquement massif, note le Kyiv Independent. De plus, les assauts sur l'eau sont notoirement complexes, notamment en raison du terrain marécageux qui entoure la rive orientale du Dniepr.
Plusieurs sources russes ont tout de même signalé que les forces ukrainiennes ont réussi à transférer quelques véhicules blindés sur la rive orientale, note l'ISW. Plus de 300 soldats seraient en train d'opérer dans ce secteur.
Même si les forces de Kiev avancent lentement, la Russie semble prendre ces attaques au sérieux, commente le Kyiv Independent. Moscou a, en effet, remplacé son principal responsable militaire chargé des opérations dans la partie occupée de la région de Kherson.
Les troupes ukrainiennes ne sont pas les seules à mener des opérations offensives. Depuis la mi-octobre, les forces russes s'acharnent contre la petite ville d'Avdiivka, qu'elles bombardent sans relâche et qu'elles ont tenté d'encercler à deux reprises.
Les Ukrainiens, retranchés derrière de solides fortifications, affirment tenir bon, mais la ville a été réduite à un champ de ruines. Seules 1600 personnes y habitent encore, contre 30 000 avant l'invasion. Les autorités militaires s'attendent en outre à une troisième attaque russe. Le maire d’Avdiivka, Vitaly Barabach, a affirmé:
Selon d'autres responsables ukrainiens, les Russes ont amassé 40 000 soldats dans cette zone. Mais avant de passer à l'offensive, ces derniers doivent attendre l'amélioration des conditions météorologiques. «Les forces russes bombardent la ville 24 heures sur 24, mais le sol détrempé par plusieurs jours de pluie les empêche d'avancer», a affirmé Vitaly Barabach.
Les Russes tentent également d'avancer vers Koupiansk, à l'est de la région de Kharkiv. La petite ville avait été occupée par les Russes au début de l'invasion, puis libérée par les Ukrainiens en automne 2022.
Depuis le début du mois d’octobre, les Russes sont devenus «nettement plus actifs» dans ce secteur, a récemment affirmé la vice-ministre de la Défense ukrainienne, Hanna Malyar. Moscou grignote du terrain et bombarde la ville sans relâche, mais n'a pas encore réussi à s'en emparer.
La situation est donc compliquée pour les Ukrainiens, qui ne s'en cachent pas. «Les Russes, malgré leur fatigue et leur démoralisation, avancent dans de nombreuses directions», a récemment déclaré Hanna Malyar. Elle a également reconnu que «l'ennemi a un avantage en termes d'armes et de nombre d'hommes.» Pourtant, elle se veut positive:
(asi)