La plateforme russe anti-avortement «Pour la vie!» a visiblement pensé que c'était une bonne idée de mettre en scène un soldat russe dans sa nouvelle campagne vidéo:
Le clip est accompagné d'une série d'affiches, qui mettent en avant la même réflexion. D'un côté, le ventre d'une femme enceinte avec une échographie, de l'autre un jeune homme en tenue de combat. Au-dessus, la mention:
L'évolution démographique en Russie suit un cours défavorable depuis plusieurs années déjà. En 2023, les chercheurs estiment que le taux de natalité baissera d'environ 10% par rapport à 2022. La société russe est vieillissante et l'espérance de vie sensiblement en retard, par rapport à d'autres pays développés. L'année dernière, la population a diminué de plus d'un demi-million de personnes. Cela se fait surtout ressentir sur le marché du travail.
L'une des stratégies mises en place par le Kremlin pour stimuler la natalité concerne la lutte contre l'avortement. Celui-ci est encore légal et gratuit jusqu'à la 12e semaine de grossesse. Mais la publicité publique pour les interruptions de grossesse est interdite depuis 2013. Et la pression continue d'augmenter sur les femmes. Le ministère de la Santé a décidé il y a cinq ans déjà de reformuler ses conseils aux femmes enceintes afin d'inciter les futures mères à aller au bout de leur grossesse.
Pour l'Eglise orthodoxe russe, la situation est claire. Fiodor Loukianov, président de la «Commission pour les affaires familiales, la protection de la maternité et le bien-être de l'enfant», veut que l'Etat «considère l'interruption de grossesse comme un phénomène négatif, asocial et inhumain, qui nuit au potentiel reproductif et à la santé de notre peuple.»
Vladimir Poutine a d'autres idées en tête. En septembre, avant de décréter la mobilisation partielle, le maître du Kremlin avait promulgué un décret instaurant le titre honorifique de «mère-héroïne». Résultat: toutes les citoyennes de la Fédération de Russie qui ont mis au monde et élevé dix enfants ou plus reçoivent un million de roubles, ce qui correspond à environ 17 mois de salaire moyen.
Les souvenirs du mouvement nazi «Lebensborn» («donner un enfant au Führer») refont surface. Durant la Seconde Guerre mondiale, cette stratégie a été utilisée dans les deux camps afin de compenser les pertes énormes dans la population.
Parmi les premières bénéficiaires de la distinction créée par Poutine figure d'ailleurs l'épouse du leader tchétchène Ramzan Kadyrov. La femme du «limier de Poutine» est mère de douze enfants au total. Trois garçons âgés de 14 à 16 ans seraient déjà partis combattre en Ukraine. C'est du moins ce qu'affirme fièrement leur père.