Les fronts se durcissent. Actuellement, il y a peu de mouvement dans la guerre en Ukraine. Pourtant, dans la nuit de lundi à mardi, les sirènes ont de nouveau retenti à Kiev: L'alerte aérienne a été lancée après que la Russie ait attaqué le pays par les airs, avec des drones et des missiles.
Il s'agit de la huitième attaque de ce type menée sur la capitale ukrainienne en mai. L'armée du pays affirme avoir intercepté la plupart des missiles russes. Si seules quelques images isolées d'incendies à Kiev ont été diffusées, l'attaque nocturne montre toutefois clairement une chose: la Russie veut affaiblir militairement l'Ukraine avant que l'armée de Poutine ne soit à nouveau sur la défensive.
Les dirigeants ukrainiens sont en train de préparer militairement leur contre-attaque. Le but: libérer d'autres régions de leur pays des troupes russes. Mais même s'il n'y a pas encore d'attaques majeures contre les lignes de Moscou, l'offensive de Kiev a déjà commencé. Car il s'agit d'abord pour l'Ukraine de s'assurer suffisamment de ravitaillement en armes et en munitions tout en rendant plus difficile l'approvisionnement de ses troupes par la Russie.
Lors de sa tournée européenne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a recueilli de nombreuses promesses de nouvelles livraisons d'armes de la part de l'Occident, qui permettront à l'armée ukrainienne d'attaquer les dépôts d'armes et les lignes d'approvisionnement russes à une plus grande distance. Dans le même temps, la Russie connaît déjà des problèmes d'approvisionnement, et c'est probablement la raison pour laquelle Moscou regarde avec de plus en plus de nervosité la menace d'une contre-offensive ukrainienne.
Ces derniers mois, le tracé des lignes de front en Ukraine n'a guère évolué. Une grande partie des combats se déroule toujours dans l'est du pays, et Bakhmout en particulier reste au centre de l'attention.
Ces attaques contre les lignes d'approvisionnement russes sont déjà en cours. Des sources ukrainiennes ont publié des vidéos montrant des attaques de missiles contre des dépôts d'armes russes.
Les dirigeants ukrainiens visent donc actuellement à affaiblir les troupes russes afin d'augmenter les chances de succès de leur contre-offensive.
Il apparaît donc de plus en plus clair que la situation déjà difficile de l'approvisionnement de l'armée russe en Ukraine continue d'être considérée à Kiev et dans d'autres capitales occidentales comme le talon d'Achille de Vladimir Poutine et donc la Russie.
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Certes, la Russie peut utiliser le temps qui lui reste avant le début de la contre-offensive pour continuer à renforcer ses lignes de défense. Néanmoins, Mölling en est convaincu:
«La nervosité augmente en Russie, car on ne peut pas évaluer la gravité de l'offensive ukrainienne. En outre, les dirigeants russes se prennent mutuellement à la gorge, et cela va dans le sens de l'Ukraine.»
Au sein du commandement militaire russe, les conflits se sont en effet multipliés ces derniers mois entre le commandement de l'armée et le chef de la troupe de mercenaires Wagner, Evgueni Prigojine. Lequel a déploré des difficultés d'approvisionnement et critiqué ouvertement le commandement militaire. Le président tchétchène Ramzan Kadyrov souhaite également s'impliquer en Ukraine. Ces luttes de pouvoir internes à l'ombre de la guerre d'agression russe affaiblissent les opérations militaires - et l'Ukraine en profite.
La bataille pour Bakhmout en est un exemple. La ville est vivement disputée depuis la fin de l'été 2022 et n'est plus qu'un désert de ruines. L'armée russe et les mercenaires de Wagner n'ont pas encore réussi à la conquérir complètement. Dernièrement, selon les présentations de Prigojine, l'armée russe a dégagé les flancs autour de la ville et les troupes russes menacent désormais d'être encerclées. Ce serait une défaite cuisante pour le Kremlin après des combats acharnés.
Mais les raisons exactes des combats actuels autour de Bakhmout ne sont pas claires.
«Bien sûr, Kiev veut éviter que ses propres troupes ne s'y retrouvent enfermées. Mais je ne vois pas l'Ukraine déployer de grands efforts pour libérer Bakhmout.», poursuit l'expert.
Ainsi, Bakhmout a certes une grande importance politique et psychologique, et certains nœuds de communication y convergent. Mais l'expert est sûr d'une chose: «Ce n'est pas une ville importante sur le plan militaire. La préparation de l'offensive est plus essentielle. Elle doit réussir».
C'est également le mot d'ordre du chef d'Etat ukrainien Zelensky. Selon lui, l'Ukraine peut encore remporter la guerre cette année 2023. Mais du point de vue de Mölling, il faudrait avant tout des succès dans le sud du pays:
Christian Mölling ajoute que «cela pourrait alors à son tour modifier la structure du pouvoir au Kremlin.»
Dans la guerre d'agression russe en Ukraine, tout est donc placé sous le signe de la contre-offensive ukrainienne. Au regard de cette dernière, il apparaît logique que le président Zelensky se soit procuré des armes et des munitions supplémentaires à l'Ouest. L'Allemagne livrera d'autres obusiers et de la défense antiaérienne. Le Royaume-Uni a également prévu d'apporter son soutien en fournissant des drones et des centaines de systèmes de missiles Storm Shadow à plus longue portée.
Grâce aux missiles de croisière britanniques notamment, l'armée ukrainienne dispose désormais de davantage d'options pour attaquer à distance les lignes d'approvisionnement russes. «Le Storm Shadow est un élément important pour la lutte de l'Ukraine», explique Mölling. «Si les Britanniques livraient des centaines de missiles, la Russie devrait déployer d'énormes efforts pour s'y opposer.»
L'armée russe, de son côté, tente également de forcer l'Ukraine à épuiser ses munitions. Les attentats de Kiev doivent également être vus dans ce contexte, car les munitions des systèmes antiaériens Iris-T ou Patriot sont beaucoup plus chères que, par exemple, un drone kamikaze fabriqué en Iran. Malgré tout, les attaques russes n'ont pas forcément de sens d'un point de vue militaire, car la Russie aurait également utilisé le missile hypersonique Kinschal ou d'autres missiles balistiques au cours de la nuit.
L'Ukraine et l'Occident obtiennent ainsi des données importantes sur la manière d'intercepter les principaux missiles stratégiques de Poutine en cas d'urgence. «On a l'impression que l'armée russe n'a pas beaucoup de choix dans l'utilisation des armes»
«Maintenant, ils tirent des missiles hypersoniques sur Kiev, et c'est apparemment ce qu'ils ont de mieux dans leur écurie.»
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)