L' Ukraine n'est pas seulement confrontée à la guerre d'agression russe. Un scandale qui divise le pays se précise de plus en plus. Un journal a révélé que les cas de viols par des soldats russes signalés par le Commissaire aux droits de l'homme, qui a depuis été limogé, sont apparemment fabriqués de toutes pièces.
Cela ne signifie pas que les occupants russes ne violent pas les femmes, les hommes et les jeunes en Ukraine. Au contraire! En dehors des informations de la propagande russe, ce fait n'est pas très controversé. Divers médias ont trouvé et parlé aux victimes de telles attaques. L'Ukraine a déjà identifié et inculpé les premiers auteurs présumés.
Pourtant, au printemps, l'ex-déléguée aux droits de l'homme aurait dénoncé des cas qui n'ont jamais existé. C'est la journaliste Sonya Lukashova qui a porté ce scandale au grand public. Depuis, la situation est loin difficile pour elle. Des Ukrainiens la diffament sur les réseaux sociaux en l’accusant de faire de la propagande russe et l’insultent de «traîtresse». Ils se demandent aussi pourquoi les services secrets ne font rien contre elle.
Sonya Lukashova a déjà rapporté des atrocités commises par des criminels de guerre russes dans le journal en ligne populaire Ukrajinska Prawda. Elle n'avait donc aucun doute sur l'existence de ces crimes. A présent, elle sait que ce qu’elle écrit «pourrait nuire gravement à l’Ukraine pendant la guerre». Mais elle estime également:
Ce sont les recherches de la journaliste qui ont permis de comprendre pourquoi Lyudmyla Denissova a été évincée de son poste fin mai. Elle a trompé les médias du monde entier ainsi que les Nations unies en leur présentant de prétendus cas de violences sexuelles commises par des soldats russes.
Lesquels? Rien ne prouve par exemple «qu'une jeune fille de 15 ans a été enfermée pendant plusieurs jours avec les corps de sa sœur et de sa mère à Irpin, après qu'elles aient toutes deux été violées et assassinées sous ses yeux». Les autorités n'ont pas non plus pu confirmer que des jumeaux de deux ans étaient morts dans la région de Kherson après avoir été violés.
D'où provenaient ces informations? La déléguée ukrainienne aux droits de l'homme aurait entendu ces récits de la responsable d'une nouvelle ligne d'assistance téléphonique pour les victimes d'abus. La responsable de cette ligne s’avérait être sa fille, Aleksandra Kvitko. Depuis, cette hotline n'existe plus, et la fille n'a pas souhaité s’exprimer dans les médias.
La violence sexuelle est utilisée dans les zones de guerre du monde entier. Au Conseil de sécurité de l'ONU, Pramila Patten, la représentante de l'ONU pour la violence sexuelle dans les conflits, a déclaré:
Le Washington Post a rapporté que certains d'entre eux avaient déjà fait l'objet d'un examen de plausibilité et avaient été confirmés. De nombreux cas de violences sexuels sont commis par des soldats russes, d'autres par des soldats ukrainiens. Le nombre de cas non déclarés reste toutefois élevé.
C'était d'ailleurs l'un des arguments de Lyudmyla Denissova lorsque les premiers doutes sur ses récits sont apparus: il était impossible de vérifier les récits des victimes par téléphone.
L'affaire concerne aussi l'Unicef. L'organisation était en effet partenaire de la ligne d'assistance téléphonique et employait la fille de la déléguée. Celle-ci aurait déclaré lors des interrogatoires qu'elle avait raconté à sa mère «en prenant le thé» ce qu'elle entendait au téléphone. Lyudmyla Denissova a ensuite transmis ces prétendus faits sans les vérifier.
Les scientifiques et les journalistes ukrainiennes ont très tôt critiqué le récit de Lyudmyla Denissova. Ce qu'elle révélait au public était trop radical, trop détaillé. Et surtout, ce n'était pas étayé par des preuves.
La déléguée ukrainienne a finalement reconnu qu'elle avait exagéré. Elle essayait de convaincre le monde de fournir des armes et de faire pression sur la Russie. Pour cette mission, elle s'est rendue en Italie et au Forum économique mondial de Davos «sans concertation», a-t-on dit en Ukraine. C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles sa destitution a été décidée le 31 mai.
L’enquête de la journaliste montre à quel point la mère et la fille ont exagéré. Elles ont dit avoir reçu 1040 appels à la hotline en un mois et demi, 450 concernaient uniquement des viols d'enfants. Selon le parquet, seuls 92 appels ont en réalité été reçus au cours de cette période, rapporte Ukrajinska Prawda.
Selon un journal, Aleksandra Kvitko n'a pas non plus pu dire à quels médecins elle avait envoyé les victimes. On ne sait pas non plus si cinq psychologues y travaillaient réellement. Elle et sa mère n'ont pas souhaité répondre aux questions de la journaliste, et la fille a entre-temps fermé son profil Facebook.
La journaliste Sonya Lukashova spécule qu'il pourrait y avoir eu une autre raison que le patriotisme pour exagérer à ce point les descriptions. Lyudmyla Denissova aurait fait pression à plusieurs reprises sur l'Unicef pour que l'organisation augmente le salaire pour le travail à la hotline. On ne sait pas encore combien d'argent a effectivement été versé par l'organisation.
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