Des tourelles explosées et brûlées, souvent à plusieurs mètres du reste de l'épave, parfois même dans les étages supérieurs de maisons détruites: les images des champs de bataille en Ukraine ne documentent pas seulement la débâcle de l'invasion russe, mais révèlent également un défaut de construction fatal, commun à tous les chars russes.
Dans ces derniers, les munitions (jusqu'à 40 obus lourds) sont stockées directement dans la tourelle. Les membres de l'équipage, généralement au nombre de trois, sont assis à proximité immédiate de la charge explosive:
«Chaque coup porté enflamme immédiatement les munitions et provoque une explosion massive qui fait littéralement sauter la tourelle», explique l'expert militaire Sam Bendett.
Cette photo diffusée sur Twitter est censée montrer la tourelle d'un char T-64 russe au deuxième étage d'un immeuble d'habitation en Ukraine:
#Ukraine: A turret of a destroyed Ukrainian T-64BV tank landed on the second floor of the residential building. pic.twitter.com/ao8jnMz231— 🇺🇦 Ukraine Weapons Tracker (@UAWeapons) April 4, 2022
Cet effet dit du «diable en boîte» ne concerne pas seulement les anciens modèles comme le T-64, le T-72 et le T-80, mais aussi le char de combat russe le plus moderne du type T-90. Celui-ci est certes plus blindé que ses prédécesseurs, mais le problème des munitions mal stockées persiste, selon l'ancien officier britannique Nicholas Drummond.
Le transport de troupes léger russe BMD-4 est également «un cercueil sur roues» et est «anéanti» par un tir direct, a déclaré Drummond à CNN.
Cet effet avait déjà été observé lors de la guerre d'Irak en 1990. A l'époque, l'armée irakienne avait surtout envoyé des chars de type T-72 dans la bataille contre l'armée américaine. «Les armées occidentales ont tiré la leçon de la guerre en Irak, à savoir que les munitions doivent être stockées séparément de l'équipage», explique Drummond.
Le char «M1 Abrams», par exemple, utilisé par l'armée américaine, n'a pas de tourelle. Les munitions se trouvent dans une partie séparée du véhicule, de sorte que les quatre membres de l'équipage ont de grandes chances de survie, même s'ils sont touchés.
Les concepteurs soviétiques ont préféré construire des chars aussi petits et compacts que possible afin d'offrir le moins de surface d'attaque possible. Mais ce calcul ne tient pas face à la tactique de guérilla de l'armée ukrainienne.
Selon les estimations du ministère britannique de la Défense, l'armée russe aurait déjà perdu près de 600 chars en Ukraine. Le réseau de recherche Oryx a documenté par des photos au moins 300 tirs. (mk, t-online)