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Un mystérieux mouvement veut «tout bloquer» en France

De nouveaux Gilets jaunes vont-ils faire surface en France (image d'illustration)?
Le mouvement des Gilets jaunes avait interpellé par son ampleur (image d'archives).Image: www.imago-images.de

Un mystérieux mouvement veut «tout bloquer» en France

La France va-t-elle faire face à un soulèvement similaire aux Gilets jaunes le 10 septembre prochain? Sur les réseaux sociaux, des appels à la mobilisation se multiplient. En cause: les récentes coupes annoncées par François Bayrou, dont la suppression de deux jours fériés.
14.08.2025, 10:5914.08.2025, 10:59
Boris CAMBRELENG, Pierre MOUTOT, Claire-Line NASS, Cécile AZZARO / afp

Des appels à «tout bloquer» en France le 10 septembre, venus d'horizons très divers, se multiplient sur les réseaux sociaux, en se cristallisant autour des coupes budgétaires voulues par François Bayrou. Leur possible concrétisation dans la rue reste une inconnue.

Les premières références à cette date, dont le choix ne semble pas avoir de justification particulière, remontent à mai, au moins. Mais c'est en juillet, à la faveur des mesures d'économies annoncées par le premier ministre, qu'elles ont gagné en visibilité.

La Collectivit
Les coupes budgétaires voulues par François Bayrou passent mal.Keystone

Lancé à l'origine par une chaîne Telegram plutôt confidentielle, décliné sur un site nommé «Les essentiels France», ce mot d'ordre est relayé par divers groupes de discussion. Avec un canal principal d'organisation, «Indignons-nous», réunissant plusieurs milliers d'internautes.

Sur de nombreux comptes (TikTok, Facebook, X, Telegram), déjà établis ou spécialement créés, les messages de ce mouvement à l'état gazeux peuvent mentionner le RIC (referendum d'initiative citoyenne), réclamer des hausses de salaires et des retraites ou appeler à la «résistance», au confinement volontaire ou la grève générale.

«Des mobilisations hors champ politique»

Près de sept ans après le mouvement des Gilets jaunes, qui avait interpellé par son ampleur, «les ingrédients de la colère (sentiment de déclassement du bas de la classe moyenne, fin de mois difficiles pour les catégories populaires et ras-le-bol fiscal généralisé) n'ont pas disparu», relève le directeur du département Opinion à l'Ifop Jérôme Fourquet dans Le Point.

«Et c'est sur ces braises encore rougeoyantes que le gouvernement a versé un bidon d'essence avec son plan de rigueur (...), l'allume-feu étant, pour filer la métaphore du barbecue, la suppression de deux jours fériés»
Jérôme Fourquet

«Depuis les Gilets jaunes, il apparaît désormais envisageable de construire des mobilisations hors champ politique ou syndical traditionnel, en faisant usage des réseaux sociaux», observe de son côté l'historien Stéphane Sirot. Ce spécialiste des mouvements sociaux note toutefois que le 10 septembre tombe un mercredi, alors que les Gilets jaunes manifestaient le samedi, jour chômé pour la majorité des salariés.

Les actions prévues sont tantôt classiques, de «type grève», et «moins classiques, comme ne vous servez plus de votre carte bancaire à partir du 10 septembre» ou «n'allez plus faire vos courses dans les supermarchés», relève Sirot. Sur le terrain, fin juillet, quelques dizaines de personnes se sont réunies pour débattre dans des parcs, à Paris ou Strasbourg, selon Franceinfo et Mediapart.

Comment ce mouvement peut-il résonner ou pas avec la stratégie des syndicats? Les confédérations ont rendez-vous le 1er septembre pour discuter des actions à mener, après avoir dénoncé notamment le projet de suppression de deux jours fériés.

Sans attendre, plusieurs unions départementales et fédérations de la CGT, dont celles de la chimie et du commerce, ont d'ores et déjà prévu de mobiliser le 10 septembre. «Il y a de quoi être en colère, il faut des mobilisations, elles seront nombreuses comme celle du 10 septembre, et il y en aura d'autres», a déclaré Thomas Vacheron, secrétaire confédéral du syndicat.

Réserve au PS et à l'extrême-droite

La fédération Mines-Energies de la CGT appelle, elle, à faire grève à partir du 2 septembre. Contre les mesures budgétaires, Force ouvrière a aussi annoncé un préavis de grève à compter du 1er septembre et une grève est envisagée dans les hôpitaux parisiens.

Quelques responsables politiques soutiennent l'appel du 10 septembre, comme les députés Clémentine Autain et Alexis Corbiere, ex-LFI siégeant dans le groupe Ecologiste. Ils sont signataires d'une tribune publiée par la revue Regards appelant à faire de cette date «le début de la lutte» pour «une vie digne et heureuse».

Alexis Corbiere et Clémentine Autain
Alexis Corbiere et Clémentine AutainImage: www.imago-images.de

Le leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon a assuré sur son blog se reconnaître dans les« motifs de cette action», tout en soulignant l'importance de son «indépendance» comme «condition de son succès». «On suit, on regarde ce qui se passe sur les réseaux, on est vigilants», indique le député PS Arthur Delaporte.

«Quand on appelle à rejoindre un mouvement, c'est dans le cadre d'une intersyndicale, là ce n’est pas le cas»
Arthur Delaporte

Même réserve, à l'extrême-droite, chez la députée RN Edwige Diaz. Son parti «par principe ne s'improvise pas instigateur de manifestations», a-t-elle souligné sur France Inter, tout en «compren(ant) la détresse de ces Français».

«Je n’ai pas l’impression que ça marche très fort», confie pour sa part une source gouvernementale. Tout en restant prudente: «On peut se tromper, il y avait beaucoup qui ne ressentaient pas les Gilets jaunes et ils sont arrivés...»

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