D'après BBC News, une vingtaine de bébés nés de mères porteuses sont coincés dans un abri antiatomique à Kiev. Ils attendent que leurs parents biologiques, qui vivent à l'étranger, puissent venir les chercher, en toute sécurité. Explications.
Actuellement, l’abri est géré par «BioTexCom», le plus grand centre de reproduction assistée en Ukraine. Il se situe à un peu plus de 14 km d’Irpin, une banlieue qui a été la cible d'une violente attaque russe.
Pour les parents biologiques qui se trouvent à l'étranger, dans des pays comme le Canada, l’Italie et la Chine, venir récupérer leur nouveau-né est, en ce moment, très difficile.
Mais d'après le New York Times, leur présence est nécessaire. Selon la loi ukrainienne, les parents biologiques doivent être sur place pour pouvoir confirmer la nationalité du nouveau-né.
Avec la Géorgie, le Mexique et certains États américains, l'Ukraine fait partie des quelques pays, qui autorisent les étrangers à engager des femmes pour une maternité de substitution, selon Refinery29. Le pays est une plaque tournante mondiale de la maternité de substitution.
Si le procédé est illégal dans de nombreux pays, il est autorisé en Ukraine. Depuis des années, le pays est une des destinations les plus abordables et les moins contraignantes au monde selon Euronews.
En conséquence, des personnes viennent du monde entier -du Royaume-Uni, des États-Unis, d'Irlande, d'Allemagne, d'Australie, d'Israël et de Chine - pour payer des femmes locales afin qu'elles portent leurs enfants.
Selon le New York Times, il existe près de 500 mères porteuses enceintes en Ukraine pour des clients étrangers. La maternité de substitution est possible pour tout couple hétérosexuel marié qui peut prouver qu'il est médicalement incapable de porter son propre enfant. Le pays n’autorise toutefois pas la procédure pour les couples homosexuels ou les personnes célibataires.
Avant l'invasion russe, c'était une industrie en plein essor. Les experts estiment qu'environ 2 000 à 2 500 enfants naissent chaque année dans le pays grâce aux mères porteuses, comme le rapporte Refinery29.
Dans chaque cas, les agences agissent en tant qu'intermédiaires entre les mères porteuses et les parents, le coût total allant d'environ 35 000 dollars (26 700 livres) à 65 000 dollars (49 600 livres).
Pour les Occidentaux, cette option est considérablement moins chère qu'en Amérique, où les forfaits de maternité de substitution commencent généralement à 120 000 USD (91 600 GBP).
Sam Everingham dirige une association à but non-lucratif «Growing Families». Son but? Soutenir les parents qui optent pour la maternité de substitution. Aujourd'hui et en pleine guerre, certains couples font pression sur les mères porteuses pour que celles-ci quittent le pays, explique-t-il à Euronews.
C'est le cas de Tanya, une mère porteuse interviewée par Refinery29, qui est en contact quotidien avec les parents des jumeaux qu'elle porte.
«Ils ont suggéré que je déménage en Pologne, mais je ne veux jamais quitter l'Ukraine, car c'est ma maison. Mon frère se bat et j'ai mes parents âgés ici aussi, qui ne peuvent pas voyager. Les parents des jumeaux sont très compréhensifs quant à ma décision de rester ici. Quand j'ai peur, ils m'aident à me distraire et à oublier la guerre pour que je me sente soutenue.»
Certaines cliniques comme «BioTexCom» affirment qu'il est trop dangereux d'amener les mères porteuses et leurs nouveau-nés à la frontière avec la Pologne. Toujours selon Euronews, la clinique prévient que si les mères porteuses se retrouvent dans un pays où la maternité de substitution est interdite, elles seront les seules à être reconnues comme le parent légal du bébé.
Même si le personnel de la clinique peut essayer de transporter les bébés vers des zones plus sûres à l’ouest de l’Ukraine, les nouveaux parents doivent toujours récupérer les bébés à l’intérieur du pays pour des raisons légales selon CNN.
«Tout dépend de la force du désir des parents», déclare Pechenoga, 51 ans. «J’ai rencontré des parents qui sont venus à Kiev pour récupérer leur bébé. Ils avaient les larmes aux yeux. Ils avaient attendu leur bébé pendant 20 ans, donc bien sûr, ils sont venus quoi qu’il arrive.»
Six nounous s’occupent des enfants dans cet abri de Kiev. Alors qu’elles en avaient l’opportunité, elles ont refusé de fuir afin de continuer à s’occuper des bébés. «Je partirais bien, j’ai aussi ma propre famille. Mais nous n’avons personne à qui laisser ces bébés», estime Yefimovich.