Les pouvoirs séparatistes des régions de Lougansk et Donetsk ont annoncé ces votes, tout comme les autorités d'occupation russe de Kherson et Zaporijia (sud). Ces scrutins, prévus dès cette semaine, interviendront alors que l'Ukraine entrera dans son 8e mois de guerre et que toutes ces zones font l'objet de combats.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a jugé que «ces référendums fictifs ne sont pas acceptables». Les Etats-Unis ont dit qu'ils ne reconnaîtraient «jamais» les territoires annexés tandis que l'Otan a dénoncé une «nouvelle escalade» russe.
Les dirigeants de l'«administration politico-militaire» d'occupation des régions de Kherson et Zaporijia ont en outre indiqué que des «unités de volontaires» seraient formées sous peu pour combattre les forces ukrainiennes.
Ces «référendums», sur le modèle de celui qui a formalisé l'annexion de la péninsule de Crimée (sud) par la Russie en 2014, dénoncée par Kiev et les Occidentaux, font l'objet de préparatifs depuis plusieurs mois.
Le calendrier semble s'être accéléré avec la contre-offensive ukrainienne qui a forcé l'armée russe à la retraite dans le nord-est du pays.
En effet, le parti Russie Unie de Poutine visait lui le 4 novembre, jour de l'Unité nationale russe, qui commémore une révolte du XVIIe siècle.
C'est le chef du «Parlement» autoproclamé de Lougansk, Denis Mirochnitchenko qui a annoncé le premier que le scrutin aurait lieu, sur quatre jours à partir de vendredi.
Peu après, l'agence de presse officielle de Donetsk a annoncé un calendrier identique, tout comme les chefs des administrations d'occupation de Kherson et de Zaporijjia, Vladimir Saldo et Evgueni Balitski.
L'Ukraine a prévenu mardi que la menace russe serait «liquidée», le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, dénonçant un «chantage» russe motivé par «la peur de la défaite».
Dans un tweet, le ministère ukrainien de la Défense a estimé que Moscou répétait le référendum d'annexion de l'Autriche par les nazis en 1938, et qu'elle connaîtrait «le sort d'Hitler de 1945».
Ruscist reconstructionists in the occupied territories never tire of repeating the Nazi referendum on the Anschluss of Austria. They are expecting 1938 results. Instead they will get Hitler’s 1945 outcome.
— Defense of Ukraine (@DefenceU) September 20, 2022
Le chef de la diplomatie Dmytro Kouleba a assuré que l'Ukraine allait «continuer de libérer ses terres».
Ces annonces interviennent alors que Moscou a subi des revers cuisants début septembre, se retirant de la région de Kharkiv face à la pression des forces de Kiev, fortes des approvisionnements d'armes et équipements occidentaux.
L'armée ukrainienne a aussi lancé une contre-offensive sur la région de Kherson dans le sud. Celle-ci est moins fulgurante, mais Kiev y enregistre également des gains.
Elle est aussi à l'offensive dans la région de Lougansk (est), que Moscou avait conquise dans sa totalité au printemps au prix de mois de combats meurtriers.
Kiev espère ainsi reprendre le village de Bilogorivka, dont la conquête avait coûté cher à la Russie en mai, ses troupes et équipements ayant été décimés en voulant y traverser la rivière Siverskiï Donets. Les images des blindés détruits avaient fait le tour du monde.
Poutine a lui rencontré mardi les industriels de l'armement et des responsables sécuritaires, réclamant «d'accélérer les capacités de production» pour «au plus vite permettre de livrer les armements nécessaires» à l'armée.
Recevant les lettres de créances de nouveaux ambassadeurs, il a insisté sur le bien-fondé de sa politique étrangère «souveraine», avant l'Assemblée générale des Nations unies qui s'ouvre mardi et à laquelle il n'assiste pas.
Parallèlement la chambre basse du Parlement russe, la Douma, a voté un texte durcissant considérablement les peines de prison encourues par les soldats qui se rendent à l'ennemi, désertent ou commettent des pillages.
Mardi matin, l'ex-président Dmitri Medvedev et actuel numéro deux du Conseil de sécurité russe avait le premier appelé à organiser au plus vite des «référendums» d'annexion, estimant qu'il s'agissait de rétablir «la justice historique», le Kremlin considérant l'Ukraine comme historiquement russe:
Pour l'analyste russe indépendante Tatiana Stanovaïa, la tenue de ces votes est en effet une menace claire à l'égard de l'Ukraine et de l'Occident qui aide Kiev et sanctionne la Russie.
Les régimes séparatistes de Donetsk et Lougansk ont été mis en place avec l'aide du Kremlin en 2014. Vladimir Poutine avait reconnu leur indépendance en février, justifiant ainsi son invasion par la nécessité de protéger une population russophone. (ats/jch)