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Les Ukrainiens ont-ils exécuté des soldats russes?

Ukraine Makïivka. Un crime de guerre contre des soldats russes?
Les images diffusées sur Twitter ne permettent pas de savoir si un crime de guerre a eu lieu ou non.Image: twitter / montage watson

Les Ukrainiens ont-ils exécuté des soldats russes? Ces images sèment le doute

Les Nations Unies disent enquêter sur un possible crime de guerre: plusieurs soldats russes allongés au sol auraient été exécutés par des Ukrainiens. En cause: deux vidéos qui filment les mêmes évènements. Ce qui s'est passé entre-deux déterminera s'il s'agit d'un crime ou non.
21.11.2022, 16:4521.11.2022, 17:33
Thomas Burgel / slate
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La guerre est une chose horrible et les atrocités commises lors d'un conflit touchent en principe tous les deux camps impliqués. En Ukraine, les exactions commises par les troupes de Poutine sont nombreuses et bien documentées. Elles touchent des militaires comme la population civile ukrainienne, visées chaque jour dans tous le pays par des frappes sans réel objectif militaire.

La récente libération de Kherson, comme avant elle celle de Boutcha ou de Kharkiv, laissent apparaître systématiquement dans leur sillage des crimes de guerre commis par l'armée Russe et ses supplétifs du groupe Wagner. Des cas de torture, menée à grande échelle contre les populations locales, sont notamment bien connus.

Un crime de guerre ukrainien?

Mais c'est du côté de Kiev et de ses soutiens que, ces derniers jours, une vidéo sème un profond trouble. On y voit une poignée de militaires à l'écusson jaune et bleu, dans la petite localité de Makiïvka, dans la banlieue est de Kharkiv, faire précautionneusement sortir d'un édifice une dizaine de soldats russes, les bras en l'air, avant de les faire se coucher dans la cour d'une ferme.

Extrait d'une vidéo diffusée sur Twitter. watson a décidé de ne diffuser que cette image et non pas toute la vidéo, qui contient des images violentes.
Extrait d'une vidéo diffusée sur Twitter. watson a décidé de ne diffuser que cette image et non pas toute la vidéo, qui contient des images violentes.twitter

Il s'agit à l'évidence de prisonniers de guerre, auxquels un sort codifié par la convention de Genève doit donc être réservé. Mais soudain, ce qui semble être une opération menée dans le calme se transforme en un indicible bain de sang: un soldat russe qui avait échappé à la capture sort armé d'une cachette et se met à tirer, provoquant la riposte immédiate des ukrainiens.

La suite des évènements n'est pas claire. Une seconde vidéo, filmée par un drone, montre l'issue terrible des évènements. On y voit les onze mêmes soldats russes inanimés, face contre terre, baignant dans une vaste mare de sang. Le New York Times a analysé les vidéos en détail et il s'agit des mêmes évènements.

Que s'est-il passé dans la tête des soldats?

Pourquoi ces hommes ont-ils été tués? Il semble clair que les conventions de Genève ont été respectées lorsque le soldat russe ayant attaqué les Ukrainiens a été tué dans le feu de l'action. Il s'agit d'une situation de combat classique.

Mais, pour ses compagnons couchés au sol, il semble difficile de croire à autre chose qu'une série d'exécutions. Que s'est-il passé entre la mort du soldat russe armé et celle de ses camarades désarmés? Les Ukrainiens ont-ils, sous le coup du stress, «tiré dans le tas»? S'agit-il d'une mesure de représailles?

Que s'est-il passé entre les deux vidéos?

Si les hommes ont été abattus alors qu'ils étaient considérés comme «hors de combat», il s'agit d'un crime de guerre.

«Il semble que la plupart d'entre eux ont été exécutés d'une balle dans la tête»
Dr Rohini Haar, conseiller médical de Physicians for Human RightsNew York Times

Plus nuancée, Iva Vukusic, experte en la question travaillant pour l'Université d'Utrecht, explique que les vidéos ne sont pas suffisantes pour caractériser, selon la loi, un crime de guerre.

«Les Ukrainiens ont-ils tiré des rafales au moment où le dernier Russe sort et ouvre le feu vers les Ukrainiens? Ou était-ce après que la menace immédiate a été neutralisée, comme un acte de vengeance? Dans ce cas, on peut parler de crime de guerre»
Iva Vukusic, Université d'Utrechtnew york times

La convention de Genève prévoit par exemple l'interdiction d'actes de «perfidie», qui comprennent les fausses redditions. Les Russes ont-ils fait semblant de se rendre pour ouvrir le feu? Si c'est le cas, il s'agit d'une situation de combat et non un crime de guerre. La situation n'est pas claire.

La balle est dans le camp ukrainien

Ces vidéos ont, bien sûr, largement circulé du côté russe. Sur les réseaux sociaux, mais également dans des médias plus mainstream.

Iva Vukusic, quant à elle, explique que les autorités ukrainiennes devraient faire preuve de transparence et mener l'enquête sur l'incident, comme elle l'avait déjà fait au début de la guerre après une vidéo d'atrocités similaires.

«Kiev devrait se saisir de l'opportunité pour envoyer un message et montrer qu'elle ne veut pas d'une guerre sale, qu'elle désire combattre dans la légalité»
Iva Vukusic, Université d'Utrechtnew york times

De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a indiqué à Reuters avoir pris connaissance des vidéos, et souhaiter mener une enquête approfondie.

Cet article a été publié initialement sur Slate. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original

Le gouvernement ukrainien produit un spot avec un deepfake de Poutine
Video: watson
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