Une «attaque massive» russe a eu lieu lundi matin contre des installations énergétiques dans plusieurs régions d'Ukraine. Elle a privé d'eau 80% des consommateurs de la capitale Kiev et laissé «des centaines de localités» sans électricité.
Lundi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué s'être entretenu au téléphone avec le chancelier allemand Olaf Scholz et l'avoir remercié pour les armes de défense anti-aérienne fournies par son pays, qui ne sont pourtant pas parvenues à intercepter tous les missiles russes:
A Kiev, où au moins cinq explosions ont été entendues tôt lundi par des journalistes de l'AFP, «80% des consommateurs de la capitale» sont privés d'eau, a affirmé sur Telegram le maire Vitaly Klitscho, précisant que «350 000 foyers étaient sans électricité».
Les forces armées russes ont indiqué avoir mené des «frappes avec des armes de haute précision et de longue portée (...) contre le commandement militaire et les systèmes énergétiques de l'Ukraine».
Selon le premier ministre Denys Chmygal, «des missiles et des drones ont touché 10 régions, endommageant 18 installations, la plupart liées (au système) énergétique»:
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a indiqué qu'au moins douze pays s'étaient déjà engagés à fournir à son pays des équipements, comme des groupes électrogènes.
Par ailleurs, plus de cent personnes faisaient la queue dans l'ouest de Kiev pour s'approvisionner en eau à la fontaine d'un parc, après avoir été victimes de coupures d'eau dues aux bombardements russes de lundi, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Ces nouvelles frappes massives interviennent après l'annonce ce week-end par Moscou de la suspension de sa participation à l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, vitales pour l'approvisionnement alimentaire mondial.
Lundi, le Kremlin a prévenu qu'il serait «dangereux» et «difficile» de continuer à mettre en oeuvre l'accord sur les céréales ukrainiennes sans Moscou.
L'armée russe a exigé des «engagements» de l'Ukraine de ne pas utiliser le couloir destiné aux exportations de céréales à des fins militaires.
Pour le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price, cette demande «ressemble soit à une punition collective, soit à une extorsion collective».
Dans la soirée, le président russe Vladimir Poutine a estimé que «l'Ukraine doit garantir qu'il n'y aura aucune menace pour la sécurité des navires civils», accusant Kiev d'avoir utilisé le couloir céréalier pour l'attaque aux drones qu'il lui impute et qui a poussé Moscou à suspendre l'accord sur les exportations ukrainiennes.
Deux cargos chargés de céréales ont toutefois quitté lundi les ports ukrainiens et emprunté le corridor maritime humanitaire à destination de la Turquie, selon le site spécialisé Marine trafic.
Douze navires devaient quitter dans la journée les ports ukrainiens et quatre autres se diriger vers eux, a précisé le Centre de coordination conjointe (JCC), chargé de superviser l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire. Dans ce contexte d'incertitude, les cours des céréales étaient en hausse lundi matin.
Après s'être entretenu avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le président Zelensky a assuré que son pays était déterminé à «rester un garant de la sécurité alimentaire mondiale» et à poursuivre ses exportations de céréales.
Par ailleurs, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a annoncé avoir commencé ses inspections en Ukraine, demandées par ce pays après que le président Poutine l'a accusé d'effacer les preuves de préparation d'une «bombe sale».
Les inspecteurs de l'AIEA ont «entamé - et vont bientôt terminer - la vérification des activités de deux sites en Ukraine», a indiqué l'agence de l'Onu, basée à Vienne. Et dans la soirée, le chancelier allemand Olaf Scholz a à son tour rejeté les accusations de la Russie contre l'Ukraine sur ce sujet. (ats/jch)