Des chiffres en hausse, une intervention de la surveillance parlementaire et le reproche de l'Allemagne, selon lequel la Suisse ne contrôle pas assez ses frontières et laisse simplement repartir les personnes en fuite: que se passe-t-il sur le front de l'asile en Suisse?
L'ONU compte actuellement 6,2 millions de personnes déplacées à l'intérieur de l'Ukraine. 4,4 millions d'autres personnes ont déjà quitté le pays ravagé par la guerre. Jusqu'à présent, la Suisse a accordé le statut de protection S à plus de 69 000 personnes. Pour 2000 autres, cette procédure est en cours, comme l'écrit le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) sur Twitter. Depuis quelques mois, les chiffres sont donc plutôt stables à un niveau élevé.
Lundi 31 octobre – les chiffres actuels #UkraineInfoCH :
— SEM (@SEMIGRATION) October 31, 2022
- 69 402 demandes de statut S
- 67 063 ont abouti à l’octroi du statut S
- le statut S a pris fin pour 5181 personnes et la fin du statut est en cours d’examen pour 1293 personneshttps://t.co/ehGLmnWRkp pic.twitter.com/Sw0hO3v1HY
Il n'y a pour l'instant pas de réponse claire à cette question, car il est difficile de prédire l'évolution de la guerre en Ukraine. «D'ici la fin de l'année, 80 000 à 120 000 personnes en quête de protection en provenance d'Ukraine pourraient effectivement être chez nous», a déclaré Christine Schraner Burgener samedi dans le Blick. Ces chiffres sont «énormes», selon la cheffe du SEM.
Ce statut S permet aux Ukrainiens d'être accueillis en Suisse sans bureaucratie. Selon le Conseil fédéral, ce statut est pour l'instant illimité, aucune date de fin n'ayant été fixée. La ministre de la Justice Karin Keller-Sutter a récemment déclaré à ce sujet que seuls les papiers d'identité de chaque personne devaient être renouvelés après un an.
Mais cela ne concerne pas leur statut. Un an après l'introduction du statut de protection S, le Conseil fédéral peut le révoquer. S'il y renonce, le programme d'accueil se poursuit comme auparavant. Le SEM écrit à ce propos: «La Suisse se coordonnera à cet égard avec les États Schengen». Le statut de protection S est «orienté vers le retour».
Le nombre de demandes d'asile ayant nettement augmenté au cours des neuf premiers mois, le SEM a relevé mercredi ses prévisions annuelles à au moins 22 000. La cheffe de l'asile Christine Schraner Burgener parle même déjà de 24 000 demandes. A titre de comparaison, le SEM prévoyait encore cet été 19 000 demandes d'asile pour 2022. Si les dernières prévisions se réalisent, le nombre de demandes d'asile en Suisse doublerait donc en l'espace d'un an.
Outre l'invitation faite aux cantons de mettre rapidement à disposition des possibilités d'hébergement supplémentaires, la Confédération a annoncé qu'elle allait continuer à accélérer les procédures d'asile des personnes originaires d'Afghanistan, des pays du Maghreb ainsi que des Etats sans «situation de persécution». Selon les derniers chiffres de l'asile de septembre, ce sont les Afghans qui déposent le plus de demandes, suivis par les personnes originaires de Turquie et de Syrie. L'Afghanistan occupe la première place depuis la prise de pouvoir des talibans. Le nombre de demandes en provenance de Turquie augmente de manière significative depuis 2021.
L'UDC a défilé au Conseil national lors de la session d'automne avec sa revendication de suppression ou de limitation du statut de protection S. Dans le même temps, les milieux de gauche critiquent une inégalité de traitement avec les réfugiés d'autres régions en guerre. Les critiques fusent donc de toutes parts. La sous-commission compétente de la Commission de gestion des Chambres fédérales s'active maintenant, confirme son président Alfred Heer à CH Media.
Dès lundi, l'organe de surveillance veut «être informé par la secrétaire d'Etat du SEM de l'évolution inquiétante du nombre de demandeurs d'asile, qui était prévisible depuis longtemps, et des difficultés qui en découlent». Car, comme l'explique le conseiller national UDC zurichois dans le SonntagsBlick:
La majeure partie des coûts supplémentaires actuels dans le domaine de l'asile est due aux réfugiés ukrainiens. L'augmentation du nombre de réfugiés au statut S et du nombre de demandes d'asile en général entraîne une hausse des coûts d'intégration et d'administration.
Cela concerne surtout les jeunes Afghans. Pour eux, la destination n'est manifestement pas la Suisse, mais l'Allemagne ou la France - parfois même le Royaume-Uni. La Suisse est donc pour eux un pays de transit. Après un contrôle de leurs données personnelles par l'Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières, ils poursuivent leur route sans déposer de demande d'asile.
La police cantonale de Saint-Gall autorise la poursuite du voyage. Elle estime qu'il n'y a pas de base légale pour une détention supplémentaire. Comme le SEM l'a fait savoir dimanche, «aucun des services impliqués» ne donne d'instructions aux migrants entrés illégalement dans le pays pour savoir où ils doivent aller. Celui qui dépose une demande d'asile est attribué par le SEM à un centre fédéral d'asile et fait l'objet d'une procédure ordinaire.
Des voix s'élèvent, notamment en Allemagne, pour critiquer la procédure suisse. «Si ces rapports sont exacts, la Suisse ne fait que passer en force», déclare Andrea Lindholz, vice-présidente du groupe parlementaire CDU/CSU au Bundestag, citée par la NZZ am Sonntag.
L'Office fédéral allemand des migrations considère même la démarche de la Suisse comme une violation de l'accord de Dublin. Le SEM écrit à ce sujet:
De plus, ni le SEM, ni la douane, ni la police ne peuvent prescrire aux CFF qui doit voyager dans les trains. Si quelqu'un possède un billet, l'obligation de transport s'applique. (aargauerzeitung.ch)