Au 49e jour de l'invasion, la Russie et l'Ukraine sont toujours d'accord pour s'assoir à la même table, malgré les atrocités de Boutcha - que Poutine qualifie de «fake». Pourtant, à l'heure de la communication reine, c'est le silence radio.
Le chancelier autrichien Karl Nehammer jugeait même la situation bien scabreuse après s'être entretenu avec le maître du Kremlin. Et à la question de savoir s'il était optimiste ou pessimiste, il a plutôt penché pour le pessimisme devant un parterre de journalistes inquiets. Le dirigeant russe est entré «massivement dans une logique de guerre», avec en point de mire, un succès militaire avant le 9 mai, selon le politicien autrichien.
Selon un haut responsable impliqué dans les discussions, les mésententes persistent et le problème demeure assez profond.
Le président Vladimir Poutine se plaignait que les négociations avec Kiev étaient dans une impasse. Les événements récents de Boutcha ont quelque peu assombri l'atmosphère positive des derniers entretiens, le 29 mars dernier à Istanbul.
Le Kremlin ne reculera devant rien tant qu'une proposition ne sera pas acceptable pour son pays. Sinon, aucune nouvelle session ne sera prévue, et encore moins un cessez-le-feu. Pire, la situation serait devenue très délicate, voire «sans-issue», selon Vladimir Poutine.
Dernièrement, le président biélorusse Alexandre Loukachenko, principal allié de la Russie, a demandé à prendre part aux discussions. L’Ukraine ne veut pas de Minsk à la table des négociations, car il a laissé l’armée russe lancer son offensive sur Kiev depuis le territoire biélorusse.
Une question reste toujours sensible à propos du statut de la Crimée et du Donbass. Poutine veut et va poursuivre son offensive centrée sur l'Est, son obsession de l'expansion territoriale. Pour ne rien arranger, la position changeante des négociateurs ukrainiens a fortement déplu à leurs homologues russes. Poutine déclarait être mécontent de voir les Ukrainiens «dévier des accords conclus» en Turquie.
Kiev avait présenté des propositions de statut neutre et de garanties de sécurité internationales, sans toutefois conclure un cessez-le-feu. Et Poutine poursuit: «On m’a informé hier soir que la partie ukrainienne avait encore changé quelque chose. Un tel manque de cohérence sur les points fondamentaux crée des difficultés», dans des propos rapportés par Le Parisien.
Kiev dénonce également la position de Moscou, qui tenterait de gagner du temps par le biais de ces pourparlers, et ne respecterait pas la mise en place des couloirs humanitaires. De son côté, la Russie déplore un «manque de cohérence» des Ukrainiens. Le conflit s'étend et brosse un peu plus le martyre de l'Ukraine.
Les relations étant ce qu'elles sont aujourd'hui, l'avenir reste flou. Les réponses sont nébuleuses. Les seules informations qui ont filtrées, viennent de Mykhaïlo Podoliak, un conseiller du président Zelensky. Il a simplement évoqué que des discussions continuaient «en ligne» entre les deux parties, en espérant que la tâche rendue malaisée par la longueur du conflit s'interrompe rapidement.