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Homosexualité

Gabriel Attal, «premier premier ministre ouvertement gay»

Gabriel Attal, avec les titres du New York Times et de Libération. Paris, 9 janvier 2024.
Gabriel Attal, avec les titres du New York Times et de Libération. Paris, 9 janvier 2024. image: keystone

Attal, premier ministre «ouvertement gay»: ce qu'ils en disent

L'orientation sexuelle du nouveau premier ministre français fait beaucoup causer sur les réseaux sociaux. Il y a les propos homophobes, avec Alain Soral qui réapparaît. Mais aussi tous ceux qui saluent la portée symbolique de cette nomination, du New York Times à la Fédération genevoise LGBT. Un nouveau chapitre s'ouvre. Voyons ce qu'il pourra contenir.
10.01.2024, 17:5112.01.2024, 10:49
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On prend les paris? On n’a pas fini d’entendre parler de l’«orientation» de Gabriel Attal, à la fois un «sujet» et un «non-sujet». On le sait, on le savait, il s’en était lui-même ouvert dernièrement: le nouveau premier ministre français est gay. Certains mots, certaines tournures de phrases prendront à l'avenir une résonance particulière, parfois graveleuse. On verra des allusions là où il n’y en a pas nécessairement. Aux allusions répondront des sous-entendus. D’ailleurs, ça commence.

Dans un tweet publié tôt mercredi matin, Daniel Schneiderman, animateur et fondateur du site de gauche Arrêt sur images, réagit de manière allusive à un passage d’un article du Monde relatant la façon dont le Rassemblement national (RN) accueille la nomination de Gabriel Attal, 34 ans, au poste de premier ministre. «Ceux qui savent» pourront y voir des sous-entendus.

Voici ce passage:

«De son perchoir de vice-président de l’Assemblée, [Sébastien Chenu] rythme les séances les plus laborieuses d’échanges au ton grivois avec le ministre, dans la confidentialité de petits mots transmis par les huissiers. Jean-Philippe Tanguy, autre cadre du groupe parlementaire lepéniste, n’est pas en reste dans ces échanges fort peu politiques.»
Le Monde

Ironique ou agacé, Daniel Schneiderman demande qu’on lui donne des «exemples» de ces «échanges au ton grivois», par «petits mots» interposés. Qu'est-il en train d'imaginer? Ce n’est pas un secret non plus: le député RN Sébastien Chenu, qui vient du parti UMP (devenu Les Républicains), est l’un des fondateurs en 2001 de GayLib, une association LGBT de droite libérale.

Quant à Jean-Philippe Tanguy, autre député RN, son homosexualité est également connue, il ne s'en cache pas, sans en faire un étendard. Lui rappelant son orientation sexuelle, la journaliste qui l’interrogeait mercredi matin sur France Inter l'a invité à commenter la nomination d’un premier ministre gay. Sa réponse:

«Ça prouve que la France (…) est un pays tolérant, dans lequel [le fait d’être homosexuel] ne compte pas, à raison»
Jean-Philippe Tanguy, député RN

«Bain de boule»

En mentionnant, à la manière d’un Flaubert maniant la litote, ces «petits mots», «forts peu politiques», échangés entre Attal, Chenu et Tanguy à l'Assemblée national, le journaliste du Monde sous-entend-il l'existence entre eux d'une complicité gay transpartisane? Ou est-ce nous qui interprétons mal? Mercredi, le plateau de Quotidien, le divertissement de Yann Barthès, était mort de rire en évoquant la bourde (le lapsus?) de BFMTV. La chaîne d'information avait mis en bandeau «Premier bain de boule» ou lieu de «Premier bain de foule» sur les images du premier déplacement de Gabriel Attal, mardi, en tant que chef du gouvernement. A quoi pensaient les rieurs?

Deux écoles: ceux pour qui faire état de l’homosexualité de Gabriel Attal, le jour de sa nomination à la tête du gouvernement français, se justifie; ceux qui pensent que cette caractéristique est sans importance dans le débat public.

Le New York Times titre sur son orientation gay

Aux Etats-Unis, où les identités sont des données majeures de la vie politique, le New York Times, grand quotidien progressiste, a titré: «La France se dote du plus jeune et du premier chef de gouvernement ouvertement gay». En France, Libération, avant de reprendre mercredi ses attaques contre Emmanuel Macron, a salué en ces termes l’entrée de Gabriel Attal à Matignon:

«Gabriel Attal, premier Premier ministre gay: le signe d’une France qui progresse»
Libération

D’autres, telle l’auteure du tweet ci-après, ne jugent pas utile de souligner son orientation sexuelle:

Pour les associations LGBT, la nomination de Gabriel Attal à Matignon est clairement une bonne chose en termes de symbole. En France, SOS Homophobie s’en félicite sur son compte X:

«Nous nous réjouissons du fait qu’être homosexuel ou gay aujourd’hui ne soit plus un obstacle à l’exercice de fonctions de premier rang. La société progresse et cette visibilité va dans le bon sens. Ce qui est important toutefois, ce sont les actes et les politiques menées: nous attendons un gouvernement qu’il prenne à bras le corps la question des violences et des agressions contre les personnes LGBTI, et agisse concrètement pour l’égalité des droits.»
SOS Homophobie

«C’est un signe positif adressé à tous les jeunes»

En Suisse, le coprésident de la Fédération des associations genevoises LGBT, Eric Amato, joint par watson, accueille cette promotion avec enthousiasme:

«C’est tout à fait une bonne nouvelle. C’est un événement, parce que c’est un non-événement, dans le sens où sa nomination va de soi. Qu’une personne qui se présente comme ouvertement gay puisse accéder aux plus hautes responsabilités d’un pays comme la France, c’est extrêmement important. C’est un signe positif adressé à tous les jeunes qui se posent des questions sur leur orientation, qui se demandent s’ils sont normaux ou pas. Ils peuvent par ailleurs s’identifier à la jeunesse de Gabriel Attal.»

Eric Amato dresse un rapide bilan:

«On est passé d’une sexualité, au mieux taboue, au pire stigmatisée, à une forme d’indifférence dans l’opinion. C’est un progrès»

Pendant ce temps, les réseaux sociaux continuent d’héberger des commentaires ou allusions homophobes. Exemple: l’ancien gilet jaune et anti-pass sanitaire «Oliv Oliv» qui imite la «folle» dans ce tweet:

La gauche indigéniste, proche des milieux de l'islam politique, retient surtout que Gabriel Attal a interdit l’abaya à l’école:

Dans la même veine, l'extrême gauche LGBT voit en Gabriel Attal un ennemi de classe et de race:

«Gay mais pas trop»

Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart, apporte sa pierre à cette lapidation en relayant un article de son site décrivant Gabriel Attal comme «gay mais pas trop». Comme si être gay impliquait un engagement révolutionnaire pareil à une théologie de la libération.

Alain Soral dans ses «œuvres»

D’autres s’attaquent au nouveau premier ministre par deux biais: son homosexualité et sa judéité présumée. Le «Lausannois» Alain Soral, condamné en octobre pour homophobie par la justice vaudoise et plusieurs fois en France pour antisémitisme, publiait mardi soir un tweet qu’il a effacé mercredi. Il y était question d'un «séfarade et pédé» prenant la place à Matignon d'une «ashkénaze et gouine».

Gabriel Attal est-il juif, comme certains le déduisent de son nom de famille? Cela lui appartient, mais des personnes «bien informées» affirment qu’il ne l’est pas. Question de généalogie.

Et maintenant, au travail!

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